Fines lames

Krov Bolvarag

Fines Lames

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Il faisait nuit à présent. Peu de ceux qui se trouvaient à l'auberge au moment du discours engagé et poignant de Krov avait tenu leur parole et s'était rendu à la place sur laquelle ne devaient venir que ceux à qui le courage n'avait pas failli. A la faveur de la nuit, ils avaient fait voiles vers les lieux infestés. La menace mort- vivante campait, d'après les rumeurs et diverses ragots qui circulaient en ville, non loin d'où ils se trouvaient à présent. Plus ils se rapprochaient du danger, plus la température atteignait des sommets de fraîcheur rarement ressenti par tous jusqu'à ce jour. A leur départ régnait pourtant une chaleur vespérale digne de la saison. De sombres choses étaient à l'œuvre à présent, et la peur se faisait sentir de tous les côtés. Le vent fouettait à présent leur talons en soulevant au passage les pans de leurs capes. Mais le plus oppressant était ce silence qui étouffait la voix des hommes dans leur gorges et qui faisaient claquer les dents, non seulement de froid mais d'une terreur rarement ressentie. Seul leur haine envers ces dévots des enfers les retenaient de tourner les talons et de détaler pour ne plus jamais ressortir du trou dans lequel ils se terreraient. C'étaient de fiers guerriers, de valeureux combattants tous issus du quartier bourgeois. Ils vouaient une rancune sans bornes à ces zombies qui avaient dévastés vie et familles. Des sentiments farouches et meurtriers les animaient, et les poussaient à la vengeance. Ils avançaient ainsi, froids comme des lames et déterminés comme ils ne l'avaient jamais été auparavant.

"Nous ne poursuivrons pas notre traque sans avoir fait une pause!" ordonna Krov, essoufflé par la rude pente qu'ils gravissaient. Ils s'asseyèrent en silence sur des pierres disposées en cercle autour d'un cairn étrange.

"Nous n'y voyons goutte dans ce satané brouillard à couper au couteau! Si ça continue comme ça, il faudra rebrousser chemin. Comment pouvoir espérer livrer bataille dans pareilles conditions?" hurla Drachmor, sa voix en lutte contre les éléments l'étouffant. Ils se trouvaient à présent au cœur de la montagne. La terre était stérile et désertique, sans aucun signe de vie visible; exception faite pour les diverses plantes vivantes apparemment pas gênées par la rigueur du climat.

"En ce qui concerne la faible visibilité, je crois pouvoir y faire quelque chose!" hurla Krov "Un simple tour de magie suffirait. Mais il faudra alors agir vite, ses effets sont brefs et si nous ne trouvons l'ennemi pendant sa durée, nous devrons alors renoncer à notre expédition. Alors, consentez vous à suivre mon plan?" Les hommes hochèrent la tête en silence en signe d'approbation; et sous leur yeux effarés, Krov entama la danse magique connu par lui seul. Ils sentaient des vagues de magie surgirent puis s'éteindre en lui. Il sentait l'incroyable puissance affluait dans son corps meurtri par la morsure du froid. C'est alors qu'un crépitement se fit entendre, immédiatement suivi par une lumière vive : il avait réussi. Les ténèbres alors vaincus se reculèrent pour faire place à l'horreur : ils étaient pris au piège.

[Avant que mes deux derniers posts soient supprimés, Saega m'avait dit que j'avais réussi à embaucher deux gusses dans le quartier bourgeois pour venir tailler du mort vivant. Si jamais un MDJ est en désaccord avec cela(hé oui, je n'avance aucune preuve à ce que je dit!), je suis tout disposé à effectuer les changements nécessaires. It's all ]
[LL : J'avais vu le MDjitage. Donc pas de problème. Par contre, il serait bien de reposter tes posts effacés. C'est chiant je sais ... A la limite, fait un petit résumé]

Krov Bolvarag

Fines lames- Suite

Avec perfidie et ruse, les zombies s'étaient précautionneusement approché de la petite troupe vindicative. Dans un râle de mort et de cris de stupeur les quatre guerriers se levèrent en sursaut et se mirent prestement dos à dos. Simultanément, le frottement de quatre épée contre la paroi se fit entendre.

"Sept. Ils sont sept. Nos chances de réussite sont amoindries, mais leur présence n'occultent pas notre vue à la lumière du soleil. Entrevoyons un espoir! Que le plus fort d'entre nous gagnent!" Aussitôt dit, une flèche quitta l'arc de Drachmor. Celui ci tenait son poignard dans son autre main et avait tant bien que mal réussi à prendre un zombie pour cible. Le trait fendit les airs avec souplesse et précision et se logea dans un orbite vide d'un des zombies qui lui faisaient face. Dans la faible clarté des lieux, Krov distinguait également un squelette brisé, mais qui, encore animé par la magie démoniaque, se mouvait encore et toujours et ceux avec une facilité époustouflante et redoutable. Krov nota sa présence en se disant de prendre soin à l'éviter le plus longtemps possible. Un cri de guerre ennemi réveilla son esprit en pleine réflexion : perdu dans le fil de ses pensées, il en avait oublié de se concentrer sur son adversaire premier; un féroce zombie qui semblait tout de même lui aussi mal en point. Mais contrairement à son homologue squelettique, il semblait harassé par des efforts éprouvant qu'il n'effectuait qu'à grand peine. Krov feinta une attaque sur la droite, avant de plonger sur la gauche et de trancher un morceau de la côte de son adversaire. Ce dernier hurla, non de souffrance mais de colère, la douleur n'étant plus un sentiment pouvant être ressentie dans cette épave humaine. Il tendit les bras en avant, comme pour étreindre Krov mais s'était inutile : il s'était brusquement effacé derrière son dos et, profitant de cet instant privilégié, trancha net son cou de la jugulaire droite à la partie gauche de la mâchoire inférieure. L'os craqua alors qu'il rencontrait le fer mais l'arme eut raison de ces résistances osseuses déjà morcelées. Le zombie vacilla et Krov l'expédia dans la fange d'un coup de pied violent dans son dos. Il poussa un cri de victoire et regarda autour de lui. Le chaos était omniprésent.


[Ce que j'avais raconté dans mes anciens posts n°24 et 25 est résumé dans le nouveau post n°24. Ce que j'ai écrit maintenant est la suite qui devait paraître mais qui n'a encore jamais vu le jour. Sans le savoir j'ai donc fait un résumé des anciens posts sans avoir vu ta réponse. Est ce que cela convient?]
[LL : Dans ce cas oui ^^.]

Fines lames –Suite

Profitant du fait que ses adversaires ne se concentraient uniquement sur ses compagnons, Krov supervisa la bataille et hurlant une brève série d'ordres. les deux hommes du quartier bourgeois semblaient étonnamment se connaître comme s'ils étaient apparentés, hypothèse envisageable selon Krov d'après leurs ressemblances morphologiques. L'un d'eux maniait une étrange épée magique, qui laissait d'impressionnantes traînées de magie dans son sillage meurtrier. A chaque coup qui retentissait sur les frêles corps de leurs ennemis jaillissait des étincelles bleutées du point d'impact. L'autre ne présentait aucune particularité pour l'instant mais le cas de Drachmor urgeait : celui ci affrontait un squelette et un zombie à la fois à grand-peine. Il cédait du terrain rapidement aux monstres et si aucune intervention alliée n'avait pas lieu dans les instants à suivre, son combat serait scellé par sa mort, ou du moins sa défaite. Krov retourna dans la mêlée avec force coups d'épées et de moulinets de cette même dernière, octroyant un court instant de répit à son pauvre maître.

"Allons, du nerf, maître" l'encouragea Krov, "La victoire est proche!"

Son maître ne répondit pas, le souffle lui faisant défaut. L'épée de Krov rencontra une résistance solide : la barrière osseuse thoracique était nettement plus solide chez ce squelette ci. Celui ci grogna, avant de repartir à l'assaut. Un terrible coup de poing atteignit alors Krov directement dans la figure. Celui ci tomba à genoux, le sang coulant à flots de son nez. Il hurla tout à coup sa frustration et son désarroi :

"Argh, saleté! Tu payeras cet affront très cher!" Sur ce, il se releva lestement et fracassa un tibia avec du plat de son arme avant d'expédier le squelette au sol d'un coup de coude. Pendant ce temps, Drachmor larda d'une nouvelle flèche le zombie déjà transformé en véritable pelote d'aiguilles : quatre flèches étaient fichées dans son corps tuméfié. Il rangea d'un geste souple son arc dans son dos et dégaina son poignard afin de taillader le dévot diabolique d'une multitude de coups rapides et précis, en même temps que Krov repoussait son protagoniste en fouettant les airs de son épée. Dépassé par les évènements, ses précédents blessures et de son incapacité à contenir Krov, celui ci reculait à un point tel que le défaire serait chose aisé au moment venu. Soudain, il trébucha malencontreusement sur un obstacle de ce terrain escarpé, rocailleux et nu. Il s'agrippa fébrilement aux roches l'entourant, mais c'était peine perdue : Krov le tenait à sa merci.

Krov Bolvarag

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Etait-ce un réflexe, ou bien une ingénieuse et remarquable remarque de sa part? Quoiqu'il en fut, le squelette roula sur le côté, la lame le frôlant de justesse. Renouveler l'effort produit lors de la volonté d'achever un ennemi n'est pas toujours chose aisée, comme put l'expérimenter Krov. Il sentit ses bras plus lourds, renâclant à vouloir soulever l'imposante masse de métal haut dans les airs avant de l'abattre sur celui qui gisait par terre. Ce contretemps ne le freina tout de même pas dans son action de lui ôter la dernière étincelle de vie qui lui restait. Le squelette poussa un dernier râle avant d'expirer tandis que le cœur de Krov battait la chamade : non seulement tuer un ennemi de cette envergure ne lui était pas anodin mais de surcroît était il véritablement pénible pour une personne habilitée à sauver la vie d'en prendre une. Il s'arc-bouta sur son épée restée plantée dans le tas confus d'os et souffla fortement, prenant de grandes inspirations.

"Le moment n'est pas approprié pour se reposer sur ses lauriers! Fort de ta réussite tu m'oublies! Passes moi donc un coup de main qu'on en finisse avec ce grabuge!" lui reprocha son maître, la taquinerie présente dans sa voix.

Laissant sa réponse en suspens, Krov s'élança au secours de Drachmor avec vigueur et détermination. Le zombie n'était clairement pas de taille à lutter contre les deux guerriers émérites, mais semblait ne pas vouloir quitter le monde sans avoir venu chèrement sa peau. Krov frappait d'estoc et de taille, tandis que Drachmor tirait flèche sur flèche sur la malheureuse victime désarmée mais non moins résolue. Une feinte habillement réalisée par Krov lui permit de fendre le poitrail pectoral du zombie en deux. Une masse noire suintante de pus et de magie brute s'en déversa par flots et inonda le sol tel un sombre nuage d'un jour de tempête. Le zombie poussa un cri de rage qui devint un cri de souffrance, un cri poussé par le désespoir et le refus de quitter le monde, un cri poussé par une âme qui s'agrippait fermement aux parois du domaine des vivants pour ne pas sombrer dans l'oubli des mondes sous-terrains. Mais, aussi déterminé à demeurer en ce monde ou se mêlait faste et anarchie, factice et véridique ne suffisait pas à contenir l'esprit du mourant pas plus que son enveloppe charnelle le lui permettait; et, dans une bourrasque, un mince filet de fumée s'échappa du cadavre pour s'en aller vers l'Au Delà.

"Excellent, mais nous avons encore fort à faire! Allons…" mais Krov n'acheva jamais sa phrase. La lumière qui brillait depuis son corps meurtri clignota faiblement avant de s'éteindre définitivement. Les ténèbres virent aussitôt revendiquer leur domaine et ils furent tous plongés dans le noir.

Post n°28

Un rire aigrelet. Un rire sardonique et triomphant. Et la peur, qui descendait de son repère pour venir chasser ses proies, plongées dans les abysses de la nuit. La vapeur s'était renversée si brusquement, de façon si abrupte que Krov en ressentit immédiatement de l'empathie pour celui qu'il venait de renvoyer dans le foyer des morts, là où il aurait dû se rendre si le chemin qui y l'avait mené n'avait pas était détourné par des moyens fallacieux et sournois. Eux, qui semblaient être à portée de main de la victoire, furent soudainement le cou tout disposé sur le lit d'exécution du bourreau, prêts à recevoir le coup qui le soustrairait la vue à ce monde.

"Etoile de Valhanda, puisses tu refleurir le monde." Un formidable éclair de lumière fendit l'espace dégagé où hommes et morts étaient aux prises et illumina les combattants, révélant l'aubergiste tenant dans sa main tendit vers le ciel une fiole où brillait intensément une lumière vive et aveuglante. Elle était néanmoins chaude et rassurante, donnant un nouvel élan de volonté aux protagonistes qui combattaient pour que ce genre de lumière illuminent le monde où ils vivaient une fois de plus, tout comme au commencement du monde, quand l'homme et le soleil étaient encore jeune.
Jamais Krov n'aurait douté quant à la possession d'un objet magique par l'aubergiste, mais le fait que cet homme tout à fait banal, bénin, qui ne s'était jamais fait remarquer ni pour un port altier de noble ni pour une opulence particulière venait de démontrer au jeune guérisseur ô combien les apparences peuvent être spécieuses. Non, ce personnage quelque peu falot mais néanmoins jovial et sympathique quant il était d'humeur à l'être n'aurait jamais pu être soupçonné de détenir un objet magique d'une puissance aussi fantastique que les artefacts conçus par les hauts enchanteurs des plus hautes sphères qui régissaient ce monde.
Zombies et squelettes qui n'étaient pas encore tombés reculèrent devant cette lumière bénie, sapant leurs volontés en même temps qu'elle insufflait courage aux autres. Quatre ennemis étaient encore valides. Et les quatre plus robustes. Ceux qui avaient échoué dans leurs tentatives de tueries n'étaient que des images ténues et peu représentatives de la puissance des non- vivants. Dans un grondement de fureur et de hargne s'élancèrent les humains alors que leurs adversaires se ressaisissaient. Ils reprirent leurs esprits juste à temps pour soutenir le furieux balayage des épées humaines. La chair putréfiée n'offrit que peu de résistance face à la morsure de l'acier et membres tranchés jonchèrent le sol en un tas confus, flottant au milieu d'un lac de sang noir bouillonnant. La suite fut relativement aisée : plusieurs des pantins réveillés par un obscur nécromancien rejoignirent leurs camardes définitivement défunts, la lumière de Valhanda leur infligeant un désavantage tel que leurs facultés de combat étaient largement réduites. Soudain, Krov reçut un coup sur la tête et le décor vacilla, les couleurs formant un tourbillon furieux où il s'enfonçait à une vitesse vertigineuse. Il sombrait dans les tréfonds de l'inconscience.

Fines lames –Suite

D'abord, rien. Puis, le contour vague et indistinct de plusieurs silhouettes. Mais à qui appartenait elle? Il faisait trop noir. Ensuite du bruit : la clameur d'une lutte féroce et acharnée, le tintement du métal sur du métal. Et ô, soudain, un odeur brusque et agressive; qui enflammait le nez et rappelait la dure condition de mortel à son propriétaire. Tout était si flou, si imprécis. Et pourquoi faisait il aussi froid? Tout à coup, une vive douleur ramena Krov dans le monde réel. Il s'était étalé de tout son long et avait dû abandonner dans l'inconscience ses compagnons toujours aux prises avec les féroces pions de la Mort. Il se releva péniblement, poussa un grognement d'inconfort et de protestation, avant de s'écrouler de nouveau. Tout ce la était demeuré inaperçu des protagonistes, qui, trop absorbés par leur combat, ne prêtaient guère attention au monde qui les entourait. Il s'appuya de tout son poids après s'être relevé une nouvelle fois contre la dure et rugueuse pierre de la montagne et entama un processus d'inspiration et d'expiration profond et lent. La nausée le quitta peu à peu tandis qu'il recouvrait progressivement ses sens alors qu'une colère naissait en lui. Un besoin de vengeance puéril, la nécessité de prouver sa véritable valeur à ses amis, le croyant déchu et malade alors que l'indolence était plutôt de mise. Il se retourna d'un coup, la rancune bouillonnant aux bords de ses lèvres gercées par la froideur transperçant de la montagne, et retourna dans la mêlée à la surprise générale de tous les guerriers, sans exception aucune.
Pas plus d'une dizaine de minutes plus tard, alors que tous les quatre étaient étendus sur le dur sol de pierre montagneux, le sentiment de réussite leur donnaient des ailes. Ils n'avaient vaincu qu'à grands renforts de volonté et d'adresse, et l'exploit, même s'il n'était moindre, ne ferait pas d'eux des héros de légendes. La basse besogne de racler la crasse mort- vivante de la bande de montagnes était une tâche récurrente et particulièrement difficile, d'autant plus qu'ils ne pensaient qu'avoir exterminé là qu'un faible noyau de résistance, même si les dévots d'Agramand étaient concentrés à la quasi- totalité en Norgod. D'autres viendront, pensaient ils. Toutefois, la situation devenait alarmante, et prévenir la garde impériale ne semblait qu'être la seule solution.

Krov Bolvarag

Drachmor fut le premier à se lever.

"Bien, bien, bien; excellent même! Nous avons fait un superbe travail. Mais devons mettre un terme à notre expédition, ou bien continuons nous la chasse; sachant que la probabilité de rencontrer un tel rassemblement de zombies et de squelettes ici, sur le seuil de la montagne est presque impossible. En tout cas, il serait fortement improbable d'en rencontrer plus de trois simultanément, et ils si cela se produit, ils ne devraient pas être bien solides! La chair putréfié n'est pas un avantage, croyez moi!"

"Arg…le sang dégouline de partout…quel constat morbide…la victoire est nôtre et nous la conserverons jalousement. De la vie qui fuit de ma blessure, je vous somme de continuer! La récompense n'en sera que plus grande, je m'en porte garant!" répondit Krov plaintivement puis ensuite de façon plus digne.

"A quoi bon continuer? Nous sommes rompu de fatigue. Nous avons eu raison de cet attroupement là mais aurons nous autant de chance la fois suivante? En ce qui nous concerne, moi et mon ami, nous ne voyons aucune raison de poursuivre ce labeur. Nos intentions patibulaires ont été assouvies, nous nous dirigeons à présent vers le chemin du retour. Pas de forfaiture, pour nous; nos âmes bien plus nobles que les vôtres se satisferont de ce carnage. A présent, partons, Fondr." Déclara le guerrier bourgeois qui maniait si bien cette étrange épée magique. Lui qui avait été si silencieux révélait son jeu à présent et sans un regard en arrière rentrait à son foyer, accompagné de son ami l'aubergiste.
Krov et Drachmor ne les quittèrent pas des yeux pendant toute leur descente, les bras croisés et la mine dépité. Quand leur regard se croisa, ils ne purent se retenir et explosèrent de rire.

"Ah vraiment, ces bourgeois. Prenons les têtes des victimes en guise preuve, continuons notre chasse! D'ailleurs, n'aperçois- je pas là bas une nouvelle arrivée opportune?" reprit Krov
Effectivement, ses yeux perçants avait vu juste, la forme d'un zombie se découpait déjà dans la nuit.

Krov et Drachmor rirent de nouveau de concert, leurs lèvres serrées en un rictus cruel et malicieux. Sept Têtes et crânes formaient le lourd chargement à ramener à Sipahan, témoignages de leur vile tâche digne d'un mercenaire ne servant que sa sombre cause.

"Prenons le par surprise, pimentons donc un peu notre expédition maintenant que se sont éloignés ces troubles fêtes!" Chuchota Krov à Drachmor, le sadisme présents dans sa voix.

"Rusé, hein? Quel malice, quel lâcheté, vraiment c'est décevant. Mais s'ouates, prenons le par surprise; à la condition que tu me laisses seul contre lui. Si un jour l'on doit conter mes éventuels exploits, autant que ce soit le plus rapidement possible! La fierté de notre village s'est effondré le jour où s'est produit pour la première fois ce maudit nécromant. Puisse t'elle retrouver sa brillance d'autrefois! Pour la gloire et l'honneur, sus à ce maraud!" s'écria Drachmor. Pendant qu'il discourait, il avait veillé à ce que sa cible soit le plus proche de lui que possible et fit volte face et disparut de l'autre côté de la roche. Un cri typique de mort vivant se fit entendre, puis ce fut au tour d'une dague de faire vibrer l'air de son chant de métal et de mort avant que ce soit celui de la lame qui fend la chair. A maintes reprises Krov put entendre ce même processus de réponses entre les différents personnages. Il ne s'approcha tout de même pas et n'assista même pas au massacre : il avait suffisamment vu de créatures se faire tuer sous ses yeux pour cette journée. Soudain, tout redevint calme après le bruit mat d'un corps qui s'écroulait par terre. Drachmor refit apparition de l'autre côté de la roche et Krov le questionna :

"Alors, ce divertissement? Digne d'un grand guerrier?"

"Imbécile! Nous avons encore à fort à faire. Ne traînons pas une minute de plus ici. Avec ses huit preuves de nos exploits, nous pouvons rebrousser chemin."

Krov, surpris de ce brusque changement d'humeur de la part de son maître, s'enquit :

"Qu'y a t-il? Vous qui étiez si fanfaron il n'y pas une poignée de minutes, vous voilà la mine atterré…"

"N'a tu eu la curiosité de jeter un coup d'œil à ce qui arrive de derrière le rocher? Va donc voir, tu m'en donneras des nouvelles." répondit sèchement Drachmor.

Intrigué, Krov contourna le rocher en question. Devant ce qui s'offrait à ses yeux, il se pâma de stupeur : s'avançaient à eux pas moins d'une quinzaine de morts- vivants.

La mort sur les talons –Suite

Ils ne se firent pas prier pour tourner les talons et prendre leurs jambes à leur cous, bien au contraire. A présent traqués par une meute de morts- vivants sanguinaires, leur survie ne dépendait que de leur capacité à dévaler la pente plus rapidement que leurs poursuivants. Drachmor et Krov remirent leurs lames au fourreau et, la mort sur les talons, entamèrent la course- poursuite qui conclurait leur expédition. Les minutes défilèrent et les lieus aussi. La fatigue se fit ressentir rapidement, d'autant plus qu'un combat acharné avait précédé ce retournement de situation.

"Cours! Nous parviendrons à les semer, espérons du moins!" haleta Krov.

La cavalcade de poursuivit encore pendant cinq minutes, puis dix, puis , lorsque la moitié de l'heure se fut écoulée, les deux hommes regardèrent en arrière. La troupe les avait perdue de vue, vraisemblablement.

"Je n'en crois pas mes propres yeux, ils nous ont perdus! Ha! Adoptons un rythme de marche plus modéré, je ne pourrai faire un pas de plus; j'en ai la certitude" dit Krov, triomphant.

"Huit têtes…j'en aurai ramené plus de préférence, mais étant donné les circonstances, retirons nous vers la capitale; notre présence ne passe plus inaperçue ici. Une récompense non négligeable nous attends là bas." Répondit Drachmor.

"Aucune récompense n'est négligeable. Trouvons un abri pour la nuit, nous ne nous y attarderons pas trop mais je préférai une nuit de repos qu'à une brève halte."

Et ainsi s'enfoncèrent t-ils dans les bois, où ils eurent tôt fait de trouver l'endroit approprié pour dormir. Une controverse engagée eut lieu pour déterminer qui accompliraient tel tour de garde, mais les deux amis s'en retrouvèrent aussi heureux qu'avant. Ils se levèrent le lendemain matin peu après que le soleil eut entamé son ascension dans la voûte céleste, restauré et frais émoulu du domaine de Morphée. Une dure journée les attendait.

Lors d'un frais matin d'automne…

C'était un frais matin d'automne encore jeune dans sa nouvelle splendeur qu'il avait revêtu, après que l'été lui eut cédé sa place. Frissonnant dans la froideur matinale, Krov et Drachmor replièrent les maigres bagages qui les accompagnaient dans tous leurs périples et éteignirent le feu. Par chance, aucune trace d'ennemis n'était visible mais les deux compères s'en souciaient peu. Baillant et s'étirant, ils se remirent en route pour Sipahan où les attendaient quelques pièces d'or.

"J'espère que notre butin sera clinquant, sonnant et trébuchant; sinon, toute la peine que nous nous sommes donnés aura été vaine." Dit Krov, la bouche encore pâteuse.

"Y'a intérêt même qu'ils nous remboursent!" ajouta Drachmor, sa bouche elle aussi encore engourdie par le sommeil dont il venait de ressortir.

Ils marchèrent en silence, les bras croisés réchauffant du mieux leurs corps agressés par le froid automnal. La forêt s'étendait devant eux, en bordure du Lac des Larmes qu'ils contournaient. Dans ce décor idyllique et tranquille ils ne se doutaient pas que la lutte de la veille allait reprendre. Un zombie trébuchant maladroitement sortit d'un buisson en poussant un de ses cris rauques dont lui et ses siens avaient la spécialité. Ses vêtements n'étaient qu'à présent des lambeaux couvrant à peine l'essentiel de son corps flasque et d'un blanc laiteux. Ses bras pendaient le long de son corps, inertes, et les yeux de la bête roulaient dans ses orbites. Des cheveux poussaient sporadiquement par touffes sur le crâne décharné et dégarni. Il semblait épuisé, et , à bout de souffle, il s'engagea sur le chemin sur lequel se trouvaient Krov et Drachmor. Ces derniers grognèrent de mécontentement :

"Mais enfin, ils peuvent pas nous ficher la paix, une bonne fois pour toutes? N'ont ils pas reçu suffisamment de coups hier?"

"Il suffit, à la fin; marre quoi!"mais leurs voix plaintives et geignardes ne ralentirent en rien le zombie qui avançait vers eux d'un pas mal assuré. Krov dégaina lentement son épée, tandis que Drachmor bandait son arc, renâclant à accomplir un effort moindre dans cette dernière partie de leur lutte. Drachmor tira sur la corde lentement, sans empressement : sa cible, bien qu'elle ne fusse éloignée, s'approchait à une vitesse qui rendait la situation d'une urgence nulle.

Krov Bolvarag

Lors d'un frais matin d'automne…- Suite

Il lui décocha une flèche qui l'atteignit en plein ventre. Le zombie poussa un cri de stupeur mais n'arrêta pas sa marche en la direction des deux hommes. Harassé, Drachmor parvint néanmoins à extraire une flèche de son carquois et reprendre pour cible son ennemi, en visant la partie inférieure de son cou. La flèche accomplit une course erratique avant de se ficher dans l'arbre derrière le zombie. Une troisième flèche partie, mais il fut de nouveau sauvé; il ne devait que cela à l'un de ses nombreux chancellements. Drachmor exprima son mécontentement et son désarroi avec force jurons, mais aucun ne freinèrent le protagoniste dans sa lente course insolite. Krov soupira et leva son épée, tandis que son vieux maître rangeait son arc derrière son dos, exaspéré par ses échecs. La suite fut des plus macabres : Krov empoigna son arme à deux mains et l'enfonça jusqu'à la garde de son ennemi. Celui ci rugit, mais tenta de se débarrasser de l'épée planté en son corps en surmontant la sa douleur. Krov eut beau s'ingénier, il ne voyait aucune issue rapide au combat, contrairement à ce qu'il désirait; quand soudain, une idée illumina son esprit. Il s'empara une nouvelle fois de son arme mais, au lieu de la retirer du corps dans lequel elle restait, poussa le zombie contre un arbre et enfonça son épée dans l'écorce, de sorte que le zombie ne pouvait plus se déplacer. Il exprima sa frustration, alors que Krov désigna sans mots dire le carquois de Drachmor et le zombie. Le vieux maître du guérisseur eut un malin plaisir à tourmenter l'amalgame de la terreur dans sa mort en le faisant agoniser atrocement. Toutes les flèches de son carquois firent vibrer l'air de leur chant, et toutes finirent un moment ou un autre dans le corps du zombie. Pendant tout ce temps, Krov s'était étalé dans l'herbe, plus intéressé par les succès de Drachmor par le sort du pauvre zombie. Enfin, quand leur ennemi fut définitivement occis et mort, il le décapitèrent sans état d'âme et repartirent silencieusement à travers bois. Jamais les deux compagnons ne s'étaient fait aussi peu de scrupules de cet âme tourmenté, délaissé dans les ténèbres à mi chemin entre la demeure de Nefther et le monde des vivants. Krov s'éclaircit la gorge et annonça :

"Ma blessure me fait souffrir; il serait de bon aloi que nous trouvâmes en ces bois de quoi me rendre vitalité et santé, sinon je n'aurais qu'à me résoudre à trouver quelqu'un d'hospitalier et de charitable, en espérant qu'il en reste encore de nos jours…"

"Très bien. Partons à la recherche de cela. Nous n'avons besoin que de deux champignons de Port- Pergas et de deux fleurs des prés pour te rendre ta santé…"

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