Espionnage...

Vous marchez seul sur les quais, le soleil a laissé la place à la lune. Une femme vous interpelle à voix basse. Enfin, vous supposez qu’il s’agit d’une femme à cause de sa voix car vous ne voyez pas son visage dissimulé par un foulard noir.

« Vous connaissez la Garde Rouge ? Mais, suis-je bête ? Evidemment que vous connaissez ce groupe. Qui ne connaît pas LA Garde Rouge ? Rah, ils m’énervent avec leurs airs supérieurs. Ils nous regardent, nous, les petites gens comme ils disent, comme si nous étions des moins que rien. Je veux que vous rejoigniez ce groupe et que vous fassiez en sorte qu’ils vous intègrent dans leur rang. Une fois avec eux, je veux que vous les espionniez et que me préveniez de leurs intentions. »

La femme glisse sa main dans une poche et en extrait une petite bourse. Elle vous la jette négligemment. En l’ouvrant, vous apercevez dix pièces d’or.

« Je vous promets que vous pourrez avoir dix fois plus, si vous me ramenez des informations valables. »


Quête : Infiltrer la Garde Rouge et essayer d’obtenir des informations sur ce clan.

Remarque : si vous acceptez les 10 écus et revenez sans rien, méfiez-vous !

Récompense : 10 écus immédiatement ; 0-100 écus selon les informations que vous fournirez.

(Proposée par Saega)

Spoiler:

Une belle journée de Mila était passée. C'était le temps où les marins recommençaient à s'échiner sur leurs bateaux. L'hiver était passé, et l'on comptait à présent reprendre le large, afin d'échapper à ses créanciers ou à recommencer à visiter les ports des trois continents. Bien entendu, Jaen ne profita pas du soleil radieux qui inondait les rues mal entretenues et bruyantes des docks, s'étant terré au fond de son duvet dans l'un de ces bouges dont Port-Pergas avait le secret.

Du matin jusqu'à l'après-midi, il tentait tant bien que mal de se dépêtrer de son état de comateux. Cependant, comme la nuit lui avait dérobé toute volonté, il resté enfoui dans son cocon, luttant durement contre les relents nauséeux provoqués par le trop-plein d'alcool qu'abritait son corps souffreteux ainsi que contre les bruits des colporteurs et des spadassins qui, quelques mètres plus bas, dans la rue, braillaient avec ces accents insupportables que seule la gueule de bois est capable de provoquer.

Il réussit enfin à se redresser, ou plutôt à ramper jusqu'à la sortie. Le soleil tombait déjà dans la mer, et les marins se dispersaient dans les coupes-jarrets du Port, délaissant les quais aux gardes et la criée aux cadavres de poissons que bientôt les pauvres viendraient razzier, une fois la nuit tombée.

Et elle tomba rapidement. Elle refroidit un peu l'atmosphère étouffante du port, mais sans arriver à chasser ce mélange dégoûtant d'embruns marins et de l'odeur pas fraîche des poissons étalés sur les pierres ensanglantées de la criée.

Alors que Jaen titubait bravement vers la chambre qu'il louait, une femme, semblait-il, toute envoilée le prit à parti, susurrant que contre quelques informations sur la Garde Rouge, elle le couvrirait d'or. Cela eut pour effet de réveiller l'esprit de notre héros, qui écoutait à présent avec intérêt les paroles de la silhouette. Une fois l'or en main, il promit de se mettre à l'oeuvre avec diligence et proposa un rendez-vous pour dans quelques jours, dans une auberge méconnue du port, afin que la discrétion des deux parties soit assurée. Il pria également la femme de ne pas parler de cet accord avec un tiers, prétextant bien connaître les mercenaires de la Garde, arguant qu'ils disposaient de nombreuses sources d'information qui pourraient leur causer du tort.

La femme souriait, encore une autre personne prête à l'aider dans sa tâche. La garde Rouge allait voir ce qui lui en coûtait de s'attaquer ainsi aux honnêtes habitants de Norgod. Ce nouveau venu semblait plus digne de confiance que le précédent. Il avait aussi l'air plus capable à moins que tout ce qu'il dise ne soit que des paroles en l'air. Finalement, il lui proposa un rendez-vous pour dans plusieurs jours dans un endroit à l'abri des yeux indiscrets. C'était en fait une bonne idée, comme ça, elle aurait le temps de tout préparer.

"Bien, j'accepte de vous revoir. Mais, je voudrais que d'ici là, vous trouviez la localisation des membres de la Garde Rouge." Elle savait déjà cela, mais elle voulait s'assurer des capacités de l'homme qui se proposait de l'aider. "Et ne vous faites pas de soucis pour la discrétion, je m'y connais un peu."

Sur ces mots, elle disparut en un instant. Jaen ressentit seulement le déplacement de l'air, mais ne put apercevoir ces mouvements.

Spoiler:

Plantant là notre héros, ce dernier ne tarda pas à se remettre de ses émotions à retourner dans sa chambre. Il n'y resta pas longtemps, car une fois qu'il fut remis de sa petite promenade dans les docks, il descendit à nouveau pour se mêler à la foule vaquait dans les quartiers populaires, dans les grandes artères où la lumière et le peuple étaient entassés, empêchant tous les malfrats de s'adonner à leur profession. Traînassant à la recherche de quelque connaissance, il s'enfonça ensuite plus profondément dans les venelles de Port-Pergas, et se rendit dans l'une de ces auberges d'aventuriers, où toute la fange pergasienne s'agglutine, attendant un bon client ou un employeur à peu près connu.

Une fois assis, il demanda un plat de thon grillé ainsi qu'une bière pour l'arroser. Installé là, il dévora son repas, écouta les rumeurs qui traversaient la salle chichement éclairée puis alla rejoindre une poignée d'hommes qu'il connaissait de longue date. Il trinqua avec eux puis demanda des informations sur la Garde Rouge, leurs agissements, ainsi que leur localisation. La conversation continuant, Jaen parla aux autres d'une affaire en or, où il avait besoin de deux paires de bras solides pour l'aider à attraper une cliente un peu trop remuante.

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Devant le prix proposé, Jaen soupira d'un air blasé, puis commença à gesticuler tout en expliquant à l'ami que cinquante écus, c'était bien trop ! Il ne les prendrait qu'une soirée. Avec cinquante écus, il aurait pu se payer les services d'un spadassin pendant un bon mois ! Ils continuèrent donc à négocier pendant un certain temps.

Quelques instants et choppes passèrent. C'est à ce moment que Jaen recommença à questionner sur le sujet de la Garde Rouge, peu convaincu qu'une troupe de mercenaire si réputée puisse laisser sa vie contre une poignée de flibustiers du Sud. Il persista donc, blaguant pour garder l'ambiance détendue. Une fois les renseignements acquis, il salua l'assemblée, promit de ramener à son compagnon le prix qu'ils avaient fixé pour l'emploi des deux malabars, puis remonta la rue vers son auberge, rendu joyeux par l'alcool et sa petite affaire, qui le tirerait de sa situation peu aisée.

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Cette partie de l'affaire-ci réglée, Jaen continua à racler les auberges du port, recherchant sans grande motivation d'autres informations sur la Garde Rouge. On lui confirma bien rapidement qu'ils étaient en effet dans le Sud, mobilisés pour Hek'Adir, mais qu'ils n'avaient non pas été tués par un équipage de pillards. Au contraire, ils n'auraient fait qu'une bouchée d'un groupe de matelots avinés et aux principes peu décents. L'information acquise, il se fit une joie de se féliciter de n'avoir jamais essayé de prendre en traître la fameuse Garde, puis se rendit dans un autre coupe-jarret, où les navigateurs de Djel'Fa avaient pour habitude de se réunir.

Comme l'affluence de la saison était forte, il y avait là de nombreux capitaines et matelots. Ainsi, notre ami Jaen, par le biais d'une de ses connaissances du Sud, fit comprendre à la coterie qu'il aurait bientôt en sa possession une jeune femme aux traits agréables et à l'âge correct. Il attendait un prix décent et ce rapidement, car c'était un homme pressé qui n'avait pas envie de s'encombrer d'une femme dans cette ville dangereuse.

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Jaen écouta les propositions avec attention et prudence, son compagnon de Djel'Fa à ses côtés, le conseillant au creux de l'oreille sur chaque individu s'adonnant à cette vente aux enchères illégale dont l'objet était une pergasienne assez naïve pour croire que l'on pouvait se fier aux bons hommes des bas-fonds. La soirée passée, il se dépêtra de ces discrètes négociations et sortit du bouge infâme qui les abritaient pour se rendre, une nouvelle fois, dans la chambre qu'il louait près des quais.

Le lendemain, il fit appeler les hommes de main qu'on lui louait et leur expliqua la marche à suivre, faisant répéter aux deux butors les ordres et recommandations qu'il avait donné quant au succès de cette affaire.

"C'est clair, Patron ! dit l'un des deux malabars. Alwen s'tient à l'étage, dans la chambre, où vous l'attendrez avec lui. Dès qu'la poulette rent', il l'assome 'vec 'on gourdin (son compagnon ne put s'empêcher de rire grassement au sujet de je ne sais quelle drôlerie,) pis il l'empoche dans ce sac. Moi j'attendons en bas, et dès qu'elle demande vot'chamb' au tenancier, j'attendons qu'è l'est entrée et j'montons incontinent. Si y'a du grabuge ou qu'elle panique, j'la tenons ben fermement."

Une fois sa litanie grumeleuse récitée, le grand diable sourit, content de lui. Jaen demande à Alwen, l'autre vis-à-vis, de répéter ce que venait de dire le premier. Il psalmodia son couplet avec plus de difficulté, et Jaen, qui n'avait qu'à moitié confiance, proposa un rendez-vous quelqu'une heure avant la rencontre avec la mystérieuse inconnue.

Le soir venu, il réexpliqua la manoeuvre et ordonna à ses sbires de se placer là où ils devaient être. Une fois le soleil couché, il informa l'aubergiste qu'une femme le chercherait et lui demanda de la faire monter, arguant qu'il devait l'entretenir de sujets importants. Le vieux tenanciers, ce genre de quinquagénaire rubicond et blasé se contenta de jeter un air torve et entendu à Jaen avant de replonger toute sa concentration de l'essuyage d'une chope peu engageante.

[Demandes au MJ :
- Actions et réactions de la Femme de la quête.
- Actions et réaction d'Alwen et l'autre homme de main (cf. post).]

Spoiler:

Devant une telle adresse de la part de sa cliente/victime de la nuit, Jaen ne put qu'exhaler un sifflement d'agréable surprise, puis de pester contre les lourdauds qui devaient lui assurer cette besogne aisée. Lorsque la jeune femme traversa la fenêtre, ses insultes étaient à leur paroxysme. On n'avait pas idée, dans de tel bouge, d'installer des fenêtres assez grandes pour laisser s'échapper un être vivant et - comble d'un luxe absurde en ce quartier populaire - munies, qui plus est, de verre.

"Mais courrez, pauvres bougres ! s'écria Jaen, remuant les deux gorilles qui ne tardèrent pas à poursuivre comme de braves lévriers la proie, peut-être un peu apeurés par l'aspect rebutant de leur employeur dans tous ses états et gesticulant avec l'une de ces rapières d'aristocratie. Une fois les deux malabars ayant sauté, il les rejoignit après un temps d'hésitation. Il atterrit comme une fleur, s'aidant de sa magie pour atténuer la vitesse de sa chute, puis traquant la femme en criant "A la voleuse !" ou "Qu'on l'arrête ! Mon or !"

[Demandes au MJ :
- Réactions des deux hommes de main.
- Description détaillée (ce qu'a pu en voir Jaen) de la femme.
- Descriptions des actions et réactions de la Femme de la quête.]