[Saha]La troupe de fortune infortune

Dans le désert, avant

Post N° 206

<Saha>

La nuit tombait déjà.
Durant les dernières heures de marche, afin d’oublier la douleur dans ses jambes, Saha occupa son esprit en faisant discrètement l’inventaire des troupes en présence.

A l’avant, ouvrant la route, Abal le brillant et quatre autres hommes montaient des chevaux puissants caparaçonnés. Saha en déduisit qu’ils étaient des sortes de généraux.
Derrière, suivaient douze hommes également montés, bien que les montures ne portaient pas de protection. Ces hommes avaient tous un sabre à la ceinture, et une lance à la main. Afin d’en adoucir le poids, certains en posaient l’extrémité sur le râble de leur monture, ou bien en équilibre sur leurs propres épaules.
Venaient ensuite, à pied, les membres de la phalange musicienne et porte drapeau, composée de 5 hommes, sûrement choisis pour leur maigreur qui devait les empêcher de porter la moindre arme.
Les hommes d’armes suivaient en grappe, de façon totalement désordonnée. Leur équipement étaient tout aussi hétéroclite ; d’aucun armé de sabres à la lame noircie par l’oxydation, d’autres de Morgenstern rouillées au dernier degré, ou pire, de simple fourches en bois serties de grossières plaques en fer frappées au gourdin.
Après s’y être repris à plusieurs fois, Saha fini par compter quarante trois têtes. Parmi eux, l’interprète.

Ce qui surprit fortement Saha, c’est que, premièrement, l’armée ne comprenait aucun archer. Saha était donc le seul à posséder un arc et son enrôlement forcé n’en était même pas la cause, ce qui témoignait d’emblé d’une profonde ignorance de l’art de la guerre venant des prétendus dirigeants.
Deuxièmement, tous les hommes, presque sans exception, se tenaient comme des novices et non comme des hommes aguerris. Saha se souvenait des batailles qui avaient palpitée dans le ventre de Port Pergas, il se souvenait du regard des gardes qui défendaient, souvent jusqu’à la mort, leur ville. Dans les regards des hommes qui l’entouraient maintenant, Saha ne trouvait que candeur. La seule dureté qu’il pouvait y lire était l’habitude du dure labeur auquel ils avaient dû être habitués, à cultiver la terre stérile.
Plus il observait les hommes qui étaient autour de lui, plus il réalisait à quel point l’interprète disait vrai.

**Des paysans… les malheureux… Ils risquent tous de mourir atrocement très bientôt, le réalisent-t-ils seulement ?**

Dans un soupir, Saha jugea sa propre amertume ; Non, Saha de redoutait pas la mort, mais refusait de la rencontrer trop tôt, de surcroît bêtement, entouré de paysans se prenant pour des seigneurs !

**Dès que je le pourrais, je m’eclipserai…