Commencement

POST N°1
Rayan Eïdher

Cela faisait à peine deux heures que Rayan avait quitté Hautesylve. Dans le ciel, le soleil brillait d'une lumière rassurante, et aucun nuage ne semblait vouloir ternir la belle journée qui s'annonçait. Pourtant, Rayan avait peur. Alors que la nature tout autour de lui semblait se parer de ses plus beaux atours, le prêtre semblait à l'affut du moindre danger. Avec raison, cependant.

Ca y est. Il était parti. Ce départ qu'il préparait depuis une longue semaine. Ce voyage initiatique qui devait aboutir à sa confirmation en tant que grand prêtre, le rang qui, dans la hiérarchie cléricale du culte de Polixis, venait juste au dessus du sien. Que devait apprendre Rayan lors de ce voyage? A quelles questions devait-il répondre? Contre quels ennemis devait-il se battre pour pouvoir prétendre à ce nouveau titre? Les grands prêtres qui l'avaient initiés ne lui avaient laissé aucune piste. Rien. Visiblement, le jeune homme devait trouver les réponses seul.

Seul... Jamais il ne s'était senti si seul depuis qu'il était parti. C'était normal, en même temps: Rayan n'avait encore jamais quitté le chaleureux foyer maternel ou le strict mais rassurant encadrement du temple. A présent, il se sentait un peu perdu. Il n'y avait plus personne pour le guider. Trop longtemps le jeune homme avait vécu dans un cocon, il devait à présent apprendre à se débrouiller seul. La solution pour gagner de l'assurance: trouver un objectif. S'assurer que ses pas le mèneraient quelque part. Si sa quête initiatique n'avait en soi pas d'objectif géographique précis, lui devait s'en trouver un. C'était vital, autrement il marcherait longtemps sans décider de la route à suivre... Ainsi Rayan avait-il choisi de rejoindre son père, en Amresia, lui qui n'avait jamais rien connu d'autre que les petits villages de Hautesylve et Tristerive... Ce père qu'il n'avait pas vu depuis deux ans, et qui lui manquait. Ce serait l'occasion de lui montrer que lui aussi, malgré sa faible expérience au combat, pouvait surmonter les difficultés de la vie d'aventurier. L'occasion de le voir, aussi, simplement lui parler, avoir de ses nouvelles. Oui, c'était un objectif louable. Un objectif du coeur. Pour cela, Polixis le guiderait.

Ainsi, la première étape de son voyage le poussait à se rendre à Port Pergas, la plus grande ville portuaire connue. S'il ne s'y était jamais rendu, Rayan savait que c'était le seul endroit où il pourrait trouver un bateau pour l'Amresia, le continent de l'Est. De toutes façons, le voyage de tout aventurier ne démarrait-il pas dans une grande ville? Ce serait l'occasion de découvrir autre chose que la quiétude des petits villages qu'il avait connus.

Mais l'imagination de Rayan lui jouait aussi des tours: il s'imaginait déjà entouré d'une meute de loups enragés, ou face à un ours sortant de l'hibernation, et friand de saveurs nouvelles, comme de la viande cléricale... Le pauvre n'arrivait pas à s'imaginer se défendre contre ces bêtes féroces: la seule idée d'utiliser la misérable dague que lui avait offerte sa mère le répugnait. Et s'il pouvait atténuer les colères chez les êtres humains un peu trop excités, rien ne disait qu'il pouvait également apaiser les bêtes! Ses connaissances en magie étaient purement théoriques, et jamais encore il n'avait mis son savoir en pratique. Pas après pas, le jeune prêtre perdait peu à peu confiance, alors qu'il s'éloignait de plus en plus de son village d'origine. De plus en plus de sa mère, aussi... Il savait que deux jours à pieds seraient nécessaires pour rejoindre Port Pergas. Mais puisqu'il était seul, il savait que ces deux jours dureraient certainement très longtemps. Peut-être croiserait-il la route de quelque mercenaire qui accepterait de l'escorter? En prévision, Rayan portait à sa ceinture la petite bourse en cuir qui contenait tout son argent: cent trente pièces d'or exactement. Car il se savait incapable encore de se défendre seul. Du moins se considérait-il incapable. Pour l'heure, avancer était la seule chose à faire. Son livre de prières serré contre son coeur, Rayan espérait que sa foi, et pourquoi pas un petit coup de pouce magique, lui permettrait d'arriver entier jusqu'à la ville portuaire: il aurait été dommage d'arrêter si vite son voyage...

[Rayan se dirige vers Port Pergas. Rencontre-t-il quelqu'un ou quelque chose en route, durant ses deux journées de voyage?]

[Ell': Non, hormis quelques oiseaux et autres petits animeaux que tu croise ou que tu vois dans les arbres, rien ne t'arrive]

POST N°2
Rayan Eïdher

C'est avec surprise que Rayan ne rencontra rien: ni monstre, ni loup, ni aucune menace possible pour sa santé. La première journée de voyage avait été ponctuée de chants d'oiseaux paisibles, et même de la visite de quelques animaux de la forêt que le jeune prêtre n'avait jamais vus, mais qui paraissaient très affectueux, à en croire la fête qu'ils lui firent à son arrivée près de leur troupeau. Mais malgré tout cela, Rayan restait aux aguets. Et ce ne fut que lorsque la lune était haute dans le ciel qu'il s'autorisa enfin à s'arrêter...pour réfléchir. Que devait-il faire, à présent, seul dans la nuit, au milieu de nulle part? Devait-il s'arrêter, prendre du repos après cette journée épuisante? Ou bien au contraire continuer, espérant pouvoir arriver en ville sans être mangé par une bête sauvage? L'expérience de la journée lui avait prouvé que la route était aussi peu fréquentée par les hommes que par les bêtes... Finalement, la fatigue prit le dessus, et Rayan choisit de s'arrêter au pied d'un arbre pour y passer la nuit. L'éventualité de dormir sur les routes lui avait échappée, aussi n'avait-il rien pris en prévision. Il devrait dormir "vraiment" à la belle étoile, avec le ciel pour seule couverture. A l'aide d'un bâton qu'il avait trouvé au pied d'un buisson, le jeune prêtre traça autour de l'arbre un cercle parfait, ajoutant parfois des symboles compliqués pour parfaire le tout. Une fois fini, il rentra à l'intérieur du cercle, et ouvrit son recueil de prières. Rayan se recueillit quelques instants, alors qu'autour de lui résonnait le chant des criquets. Ce cercle était censé repousser les mauvais esprits. C'était une évidence, du moins pour le prêtre fidèle à ses croyances. Mais rien ne prouvait que la prière qu'il récitait avait quoi que ce soit de magique. Le culte de Polixis cachait bien des secrets dans ses prières, et rien ne permettait de différencier une simple oration d'un sortilège. Finalement, sans que rien ne se soit vraiment passer autour de lui, Rayan s'endormit, après un dernier remerciement à Polixis pour la tranquillité de son voyage.

Le lendemain, le jeune homme se réveilla avec difficulté. Courbaturé par le froid et les efforts qu'il avait fourni la veille, émerger était difficile pour le prêtre peu habitué aux efforts physiques intenses. Après avoir effacer son cercle en le frottant avec son pied, il poursuivit son chemin, plus en confiance, mais moins en forme que la veille.

Les éléments décidèrent de se mêler du périple de notre apprenti grand prêtre: alors que la journée s'était une nouvelle fois déroulée sans embuches aucunes, un éclair déchira la ciel, suivi de près par le tonnerre grondant, et enfin la pluie. Protégé par sa cape de voyage qui cachait sa tunique de prêtre, Rayan continua quand même d'avancer. Et ses efforts furent récompensés: les portes de Port-Pergas étaient enfin en vue. Le prêtre venait de terminer la première partie de son voyage.

Post suivant: Ville (Porte de Port-Pergas)