[Saega] Rêveries

Mort Rêveries 6-1
Saega

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Saega ne savait pas s’il rêvait encore ou non. Mais, il revoyait encore le moment où Gaellia l’avait, sans prévenir, embrassé. Il ne se souvient pas de ce qu’il a éprouvé physiquement à cet instant. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’y repenser, encore et encore.

« Saega. »

Il revoit encore la scène au ralenti. Gaellia qui se rapproche de lui, se baissant pour se mettre à sa hauteur. Son visage fin se retrouve à presque rien du sien. Ses lèvres qui s’accolent aux siennes.

« Saega ! »

Il soupira en repensant à Gaellia. Ce n’était pas la première fois qu’on l’embrassait. Il l’avait déjà fait à maintes reprises. Mais pas depuis qu’il avait quitté le village. Il se souvenait d’une fille de son âge au village avec qui il l’avait fait, et bien plus. Seulement, il éprouvait autre chose pour la jeune femme.

« Saega ! cria-t-on »

Quel était ce sentiment, il ne le savait ? Etait-ce de l’amour ? Ce sentiment qu’il avait éprouvé pour la dénommé Alicia. Elle, qui l’avait quitté car il était trop compliqué. Non, ce n’était pas ça, ou alors d’une manière différente.

« Saega ! hurla-t-on »

Alors qu’il n’avait pas vraiment fait attention à Gaellia pendant qu’elle était avec lui, il ne pouvait s’empêcher de consacrer toute son attention sur elle maintenant qu’elle était partie. Il voulait la revoir pour être sûr des sentiments qu’il éprouvait. Mais, elle ne risquait pas de revenir de si tôt, et il ne pouvait pas la rejoindre depuis qu’il avait décidé de rester ici.

« Saega ! beugla-t-on »
« Oui ? répondit-il en sortant de sa rêverie. Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Rien, dit Hysturyl, mais tu semblais ailleurs et je craignais que tu ne t’égares. »
« Ah. Pourquoi ? demanda Saega d’un air détaché »
« Je ne voulais pas que ton esprit emprunte des sentiers trop escarpés et ne finisse par trébucher. »
« Et ? Je ne comprends pas ce que tu veux dire. »
« Je te dis tout simplement que tu as l’air d’être amoureux. Et, que cela te rend distant, trop distant. Il pourrait t’arriver quelque chose sans que tu ne t’en rendes compte. »
« Comme quoi ? »
« Dis-moi, tu sais ce qui est arrivé au lapin qui ne faisait pas attention tout à l’heure ? »
« Euh… Bah, non. Pourquoi ? »
« Il était comme toi, ailleurs. Et, il s’est fait attaquer. Il en est mort. »
« Et alors ? Je suis déjà mort. »
« Oui, mais lui aussi l’était déjà. Maintenant, il ne l’est plus. Il n’est plus du tout. Tu veux finir comme lui ? Tu veux finir ? »
« Non. Quitte à être mort, autant le rester. »
« Donc, ressaisit-toi. Et arrête de penser à Gaellia. Ca ne la fera pas revenir plus tôt. »
« Mais, je n’y arrive pas. J’ai beau essayer, je n’y arrive pas. »
« Il ne te faut pas essayer, mais réussir. »
« Bon, d’accord. »

Ainsi se continua la journée de Saega et Hysturyl, quelques jours après le départ de Gaellia. Pour changer les idées de l’explorateur, le fulvéo avait décidé de l’emmener en ville, pour qu’il change d’air. Et aussi qu’il se change les idées. Il partirent donc vers la ville la plus proche.

Mort Rêveries 6-2
Saega

Saega passa donc quelques semaines en ville avec Hysturyl. Ce dernier faisant tout pour que le jeune homme ne pense plus à Gaellia. Mais, tout ce que le fulvéo entreprenait pour la lui faire oublier échouait lamentablement. Finalement, il décida d’en venir à des mesures radicales. Il le conduisit dans une taverne.

Saega entra donc dans l’établissement « Le Rat Crevé » entouré par le halo vert qu’était Hysturyl. Personne ne remarqua le nouvel arrivant, excepté le patron. Mais, ce dernier ne se posait pas de question au sujet de sa clientèle. Avec ou sans halo, un client est un client. Lorsque l’on est mort, on ne fait pas la fine bouche. Ils se rendirent au comptoir, le jeune s’asseyant à une place libre.

« Euh… bonjour. Je voudrais un verre d’eau, s’il vous… »
« Non, Saega, l’interrompit Hysturyl. Aujourd’hui, tu vas boire de l’alcool. »
« Mais, je veux pas. Et puis, c’est pas bon. Regarde-les, ajouta-t-il en montrant les clients. »
« Oui, j’ai vu, et alors ? »
« On a l’impression qu’il ne pense plus à rien à part boire. »
« Justement, c’est pour ça que je veux que tu boives. »
« Et si je ne veux pas, comment comptes-tu m’y obliger ? »
« Tsss… »

La lueur se concentra au niveau du cœur de Saega puis sembla s’y introduire. Tout se passa en un instant.

* Comme ça Saega. En prenant possession de ton corps. *
* Eh, mais pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu veux me forcer à faire quelque chose que je ne veux pas ? *
* Parce que tous les autres moyens ont échoué. *
* Et alors ? Qui te dit que je voulais que ça marche ? *
* Ton esprit me le dit. *
* Pff… bon d’accord, je veux bien essayer. Mais, sors de mon corps alors. *

La lueur verte réapparut à la vue de tous ceux qui regardaient Saega. C’est-à-dire personne, à part le patron. Les gens, ici, ne se souciaient pas des autres. Leur seule préoccupation était d’avoir constamment un verre devant eux. Rempli.

« Une pinte de bière, tavernier. »

Aussitôt, la commande se matérialisa devant Saega. Il prit la chope et la porta prudemment à ses lèvres. Il but une gorgée et réprima l’envie de la recracher de suite. Passée la sensation d’âpreté, il reprit une autre gorgée. Puis, une autre, jusqu’à vider sa chope d’un trait. Son visage venait de prendre une légère teinte rouge. Et, il commençait à avoir un peu chaud.

« Allez, une autre tavernier, commanda Hysturyl. »

Sachant qu’il n’avait pas le choix, Saega la but. De la même manière que la précédente, d’une traite. Et, à chaque fois que le jeune homme finissait son verre, Hysturyl en recommandait un. C’est ainsi qu’en une demie heure, Saega avait vidé presque une dizaine de chopes. Le fulvéo ne voyait pas vraiment de changement notable chez son compagnon. Peut être que l’alcool n’avait pas d’effet sur l’humain. Saega, lui, se contentait de boire comme le lui avait demandé Hysturyl. Il ne voulait pas qu’il prenne possession de son corps. De plus, il commençait à apprécier la bière.

Cette fois, ce fut l’explorateur qui commanda sa bière. Mais, alors qu’elle venait de se matérialiser devant lui, il se mit à sangloter.