[Saega] Une soirée reposante

Post n°23
Saega

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Saega venait de quitter la demeure de ce fou de Digniw et espérait ne jamais y retourner. Mais avant de se lancer dans d'interminables réflexions inutiles sur les traitements qu'il infligerait à cet homme si jamais il le revoyait, il se mit en chemin afin d'arriver à l'auberge avant l'aube. Heureusement pour lui, l'établissement ne situait pas trop loin, et il pouvait le localiser grâce au bruit qui s'en échappait.

Enfin devant l'auberge, il poussa la lourde porte et fut immédiatement assailli par une boufée d'air chaud, moite et chargé par de nombreuses effluves d'alcool. Refermant rapidement la porte pour éviter que l'air frais ne pénêtre dans ce lieu, bien qu'il en aurait eu besoin, il essaya de se remettre de l'agression qu'il venait de subir. Enfin débarrasser de l'odeur entêtante des alcools lui tournant autour, il jeta un coup d'oeil à l'assemblée.

La grande majorité des consommateurs n'avaient remarqué la venue de Saega seulement à cause de la légère baisse de la température de la salle. Le garçon vit un petit groupe de nains dans un coin entrain de discuter d'un sujet dont il ne savait rien à part qu'il ne mettait pas ces interlocuteurs dans de très bonnes dispositions car l'un d'eux venait de donner un coup de poing à son voisin de droite. Il n'en fallu pas plus pour déclancher une bagarre généralisée. Chacun se battait avec son voisin. Saega ne savait que faire, cet endroit étant le seul où il pouvait passer la nuit, ne voulant pas dormir dans la forêt. Mais, un homme lui décocha un coup de pied dans les tibias qu'il évita de justesse en tombant en arrière. La chute le fit passer sous une table encore debout. L'homme n'ayant plus personne à portée de main ou de pied, choisit une autre cible et s'éloigna de la table sous laquelle gisait Saega. Le jeune homme se releva en faisant attention à ne pas se faire agresser à nouveau. Il essaya de se diriger vers le seul endroit qui ne semblait pas touché par la tempête qui venait de s'abattre sur l'établissement, le comptoir. Le gérant semblait coutoumier de ce genre de choses car il continuait à travailler sans faire attention au désordre environnent. Enfin, Saega réussit à atteindre cet havre de paix.

"Alors mon bon monsieur, qu'est ce que ça sera ?", questionna l'aubergiste tout en essuyant un verre.
"Euh... j'aurais voulu savoir ce que vous aviez à manger. J'aimerais aussi savoir si vous aviez une chambre de libre.", répondit Saega en regardant tout autour de lui qu'un projectile ne vienne pas dans sa direction.
"Comme repas, ce soir il y a de la soupe de poisson-chat agrémentée de carottes avec des croûtons de pain. Le tout accompagné par une bonne bière. Sinon, concernant la disponibilité des chambres, je crois qu'il m'en reste une ou deux. Pendant que vous mangerez, j'irais vérifier.", dit-il tout en se grattant la tête, puis le ventre.
"Je veux bien la soupe, mais à la place de la bière, vous n'auriez pas de l'eau s'il vous plait ?"
"De l'eau, ha! ha! ha! ha!, j'aurais tout vu aujourd'hui.", s'exclama t-il en se pliant en deux. "Allez vous installer à une table en attendant", dit-il en désignant la salle. "Ah, merde, j'avais oublié le désordre. Bon bah, alors restez ici et faites pas plus de bêtises que les autres."

L'aubergiste quitta son poste un moment pour gueuler des ordres. Saega pendant ce temps, observa la bagarre qui commençait à s'essoufler par manque de participants, la plupart étant hors combat. Seuls les nains qui l'avaient déclanché étaient encore debout et finissaient d'assomer les derniers survivants. L'aubergiste revint avec une assiette remplie par une substance marronâtre et avec une chope pleine d'eau.

"Tenez, voici votre commande.", dit-il tout en posant le tout sur le comptoir. "Pour la chambre, vous pouvez avoir la première à gauche en montant.", répondit-il en montrant l'étage. "Vous me devez pour tout ça, 1,2,3... 10 pièces d'or.", comptant sur ces doigts.
"Merci, et voilà votre or.", répondit Saega tout en sortant dix pièces d'or de sa sacoche et les posant sur le comptoir.

Saega commença à manger la soupe grâce à la cuillère qui trempait dedans. Il avait du mal à sentir le goût du poisson, de la carotte ou du pain, mais il ne pouvait dire que le repas n'était pas complet. La soupe seule suffisait à faire taire les gemissements que son ventre n'arrêtait pas de pousser à intervalles réguliers. Pour faire passer la soupe qui était plus solide que liquide, il attrapa sa chope et vida son contenu en un instant.

Rassasié, le jeune homme se leva pour aller se coucher. Ce faisant, il prit conscience de l'absence de bruits dans l'auberge. Regardant autour de lui, il vit que ceux qui n'était pas à terre était assis devant leur table comme si la bagarre n'avait pas eu lieu. Les seuls indices de cet épisode mouvementé étaient les éclats de bois jonchant le sol ainsi que l'homme allongé par terre qui gémissait sans que personne ne s'occupe de lui. Etant fatigué, il se dirigea vers les marches et les monta. Il ouvrit la première porte située à gauche comme indiqué par l'aubergiste et aperçut la pièce dans laquelle il passerait le reste de la nuit. Elle était sobre, aucune décoration superflue, seulement un lit. Etant à bout de force, il s'allongea sur le lit sans se déshabiller. Et de peur qu'il puisse être volé, il garda ses affaires avec lui pour dormir, mais l'arc et les flèches le génaient un peu. Il s'endormit avant qu'il ne puisse pester contre ce qui le dérangeait.

Post n°24
Saega

Saega avait une bonne nuit, malgré le fait que les plumes de ses flèches l'avaient chatouillé pendant son sommeil. C'est donc frais et dispos qu'il se leva dès l'apparition du premier rayon de soleil passant par la fenêtre. Dès qu'il mit le pied au sol, une vision étrange fit son apparition, son reflet dans un miroir poussiéreux. Cela faisait longtemps qu'il se s'était pas regardé dans un miroir. En fait, c'était la première fois, d'habitude il ne pouvait voir son reflet que dans des étendues d'eau, allant de la flasque au lac. Il s'approcha du miroir, et avec la main chassa la poussière le recouvrant ainsi que l'araignée qui y avait élu domicile. Il se trouvait changé, probablement à cause de son départ du village et surtout à cause de son passage par le Royaume des Morts. Il remarqua un détail surprenant sur son torse au niveau de son coeur. C'était une petite cicatrice à peine marquée. Il se rappela le coup de poignard de Digniw, et s'étonna que la marque soit si petite. Pris d'un doute, il regarda sa main gauche et vit que les marques de brûlures étaient à peine visibles. Il voulut vérifier pour les marques de griffures dans le dos, mais il avait beau se tordre le cou dans tous les sens, il n'arrivait pas à les voir. Il passa cependant sa main dans son dos, et les sentit à peine.

** Impressionnant, je ne pensais pas qu'il me soignerait après m'avoir tué. Il faudrait quand même que j'aille le remercier. ... ... ... Non! Je ne vais pas aller le remercier pour m'avoir poignardé. **

Saega ayant fini de se contempler, il décida de récupérer ses affaires jonchant sur le lit, et de descendre. Il allait avoir une journée bien remplie. A peine arrivé dans la salle principale, les effluves d'alcool se mirent à l'agresser, mais il parvint à les chasser en agitant son bras devant son visage. Il se dirigea vers le comptoir et y vit la même personne que la veille.

"Bonjour tenancier, qu'avez vous qui puisse me remplir la panse ?", déclara Saega d'humeur guillerette en voyant qu'aucune bagarre ne se déroulant sous ses yeux.
"J'ai encore du rab de soupe, si vous voulez ? Sinon, je crois qu'ma femme a dû faire quelques pâtisseries. Ça vous tente ?", répondit l'aubergiste d'un air morose, semblant complètement lessivé.
"Je prendrais bien volontiers une des pâtisseries maison que votre femme a confectionné. Je parie qu'elles doivent être succulentes.", dit-il avec un grand sourire.

L'aubergiste partit chercher la commande de Saega tout en marmonnant un petit "Moi, à votre place j'y parirai pas ma ch'mise.". Il revint quelques instants plus tard avec un croissant à l'aspect plus que douteux. Saega pensait que rien ne pourrait entacher sa bonne humeur excepté une bagarre, mais il se trompait lourdement. A peine eut il croqué dans le croissant que ces dents butèrent sur un obstacle. Le croissant semblait plus solide que de la pierre, et pourrait facilement servir à construire des fortifications que même une catapulte ne pourrait endommager.

"Ouille, c'est quoi ce truc ! On pourrait s'en servir comme massue ! Vous êtes sûr que votre femme est cuisinière et non forgeron ?", dit Saega en massant sa mâchoire douloureuse.
"Oui, je confirme, ma femme est cuisinière." Puis sur le ton de la confidence en se rapprochant de son interlocuteur. "Je n'ai jamais quelle savait cuisiner. Et encore, vous avez de la chance de ne pas pouvoir le manger. Certaines personnes en ont déjà avalé un morceau, et elles ne s'en sont jamais remises, d'autres en sont mortes. Mais rassurez vous, ses médiocres talents ne concernent que les pâtisseries, le reste elle le réussit plus ou moins bien."
"En parlant de nourriture, savez vous où je peux m'approvisionner en vue d'un voyage.", demanda Saega en essayant d'ignorer sa mâchoire encore douloureuse.
"Cela dépend de la durée du voyage, mais dans tous les cas, je vous conseille d'aller voir mon beau-frère. Il a une petite échoppe située à proximité des habitations." L'aubergiste se rapprocha encore de Saega et prit un air sérieux, le front plissé. "Mais, surtout, ne lui dites pas que c'est moi qui vous envoie. N'oubliez pas, ne lui dites pour aucune raison que je lui ai envoyé un client. C'est compris ?"
"Merci pour le conseil, mais pour quelle raison dois-je taire l'origine de mes informations ?", questionna Saega en s'éloigna de l'aubergiste qui avait un haleine à réveiller un mort, ou à tuer un vivant.
"Si vous demandez, vous direz que vous ne savez pas. Bon, si vous avez fini de manger, ça vous fera une pièce d'or."

Saega voulut protester qu'il n'avait pas pu en avaler une bouchée, mais ce rappelant les paroles de l'autre homme, il pensa qu'il pouvait remercier la chance pour cela. Donc, il ouvrit sa sacoche et en sortit la somme demandée qu'il lança sur le comptoir en direction du patron de l'établissement. La pièce rebondit une fois, puis disparut dans la main de son nouveau propriétaire qui lança une sorte de "M'rci" à Saega. Ce dernier sortit de l'auberge et fut accueilli par l'air frais matinal. Il partit donc en direction des habitations.

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