[Garett] Songe d'une autre vie

Post n°33
Garett

Action précédente : Les habitations d'Adjir - [Garett] Une nouvelle journée

Garett se réveilla en sursaut. Il porta sa main à sa joue, il ressentait y comme une douleur violente provenant d’une gifle phénoménale. Mais, il n’avait pourtant rien fait d’extraordinaire la veille. Ni même les jours d’avant. C’était toujours la même routine.

Il ne se laissa pas abattre par cette étrange sensation et se leva d’un bond. Aussitôt debout, il se sentit plus la douleur, comme si tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve.

Après avoir pris son petit déjeuner consistant à une sorte de bouillie de céréales, Garett retourna s’occuper de sa parcelle de terrain.

Dehors, le soleil se levait péniblement éclairant le paysage d’une faible lumière rougeoyante. Garett grelotta, la température n’était pas très élevée à cette période de l’année. La maison était recouverte d’un fin manteau blanc.

Il avait planté de nombreux légumes, et il devait à présent les protéger du gel. Il commença son travail de protection en faisant brûler à proximité des déchets lorsqu’il sentit une présence dans son dos.

Il pivota sur lui-même, et tomba face-à-face avec l’aigle géant. Cela faisait bien six mois qu’il ne l’avait plus vu. Il avait réussi à l’oublier. Mais, malheureusement, l’oiseau ne semblait pas avoir oublié Garett.

« Qu’est-ce que vous voulez ? dit Garett d’une voix forte. »
« J’ai besoin de toi. »
« Et alors ? J’ai une vie, moi ! J’ai des choses plus importantes à faire que de m’occuper d’un… d’un… Mais, je ne sais pas ce que vous êtes. »
« Aucune importance, mon identité. Je viens pour que tu rembourses la dette que tu as envers moi. »
« Quelle dette ? hurla Garett. »
« Celle que tu as contracté en me liant à toi. »
« Mais… je… »
« Ne discute pas homme ! dit l’oiseau en faisant grandir ces flammes. Pour rembourser ta dette, tu vas devoir partir. »
« Mais, c’est toute ma vie, dit-il dépité. »
« Oui, mais c’est la compensation pour m’avoir pris la mienne. »
« Et, si je ne veux pas ?, demanda l’homme d’un air de défi. »
« Je te prendrais seulement ça alors, répliqua le volatile en touchant la poitrine de Garett avec son aile. »

Garett n’avait pas senti de chaleur s’échappant des flammes de l’aigle, mais il avait tout de même senti la menace qui pesait sur lui. Il jeta un coup d’œil à sa demeure, à son jardin. Toute sa vie, et pour une raison inconnue, il allait devoir quitter tout ça. Il ragea contre l’injustice de cette situation, contre son absurdité. Il maudit le monde entier qui semblait vouloir ruiner sa vie.

« Bon, dit-il désespéré, je dois aller où alors ? »

Post n°34
Garett

L’oiseau ouvrit ses ailes et pointa l’une d’elle vers l’horizon. Garett s’efforça d’apercevoir quoi que ce soit, en vain.

« Ca ne m’aide pas, dit-il perplexe. »
« Et, pourtant, tu devras t’en contenter. En suivant cette direction, tu tomberas sur un endroit très peuplé. Là-bas, tu pourras y chercher de quoi me libérer. »

Garett savait que poser davantage de questions serait futile, aussi s’en abstint-il. L’idée de devoir quitter cet endroit auquel il s’était attaché le minait. Mais, apparemment, il n’avait pas vraiment le choix. Entre partir forcé mais vivant, ou alors quitter sa maison mort, ce fut vite décidé.

« Je partirais, mais pas avant d’avoir préparé mes affaires, dit-il la mort dans l’âme. »
« Tu as tout ton temps, enfin presque. »

L’oiseau s’envola en laissant derrière lui une trainée de flammes, et des envies de meurtre. Garett laissa un instant sa haine s’exprimer. Il démolit la barrière menant à son jardin. A présent calmé, il regrettait son geste. Mais, cela n’avait pas vraiment d’importance, ne savant pas quand il pourrait revenir.

Il décida qu’il partirait donc le lendemain, dès le matin. Il profita donc du reste de la journée pour s’organiser. Pour s’occuper de son potager une dernière fois. Pour ranger et nettoyer sa demeure afin qu’elle soit propre pour y accueillir des familles d’araignées durant son absent. Pour réparer la barrière qu’il venait de briser. Pour maudire à nouveau cet étrange oiseau. Pour se maudire. Pour maudire tout le monde. Pour maudire personne. Pour médire sur les citadins. Pour chercher ce qu’il avait bien pu faire à l’étranger. Pour manger. Et, finalement pour dormir.

Cette nuit-là, il fit pour la deuxième fois un rêve étrange. Comme la fois où l’étranger était apparu pour la première fois. Il y était muet et balafré. Il se voyait en compagnie d’un garçon. Il l’avait mis en danger, mais avait réussi finalement à le sauver. Il en était déstabiliser tellement cela paraissait réel. Dans ses songes, il se voyait aussi partir. Voyager, vers un endroit inconnu.

C’était aussi ce qui allait lui arriver dans la vraie vie. Peut être ce rêve était juste un aperçu de l’avenir. Allait-il vraiment rencontrer un petit garçon et le mettre en danger ? Cela était peu probable, il n’appréciait pas vraiment la proximité avec les autres, raison pour laquelle il vivait à l’écart. Il n’allait donc pas se lier d’amitié avec un inconnu et donc encore moins le mettre en danger.

Mais, finalement, il se réveilla en forme, ayant oublié tous ces rêves. Il lui faudrait partir après s’être sustenté. Seulement, rien ne le pressait. Sa décision de départ étant prise, rien ne pourrait le faire changer d’avis. Sauf si, par bonheur l’étranger revenait pour lui dire de rester. Mais, il n’y avait aucune chance que cela n’arrive, aussi n’y mit-il aucun espoir.