[Salta] Arrivée triomphante...

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En pénétrant la ville, Salta sent un étrange sentiment d'oppression lui assécher le souffle. Il ne la quitte pas alors que la troupe s'immobilise, se décharge, s'éclate vers les ruelles. Sans un regard pour ses yeux immenses et humides, Salta tend les rènes de son bestiau à Garack en évitant tout contact entre leurs mains. La majorité des voyageurs s'engouffre dans une rue large et dallée de frais. Salta se laisse porter par le mouvement, sans réfléchir, juste pour occuper ses jambes engourdies. Son dos et ses reins grimacent à chaque enjambée, Salta les ignore. Elle maintient son bras gauche plaqué à son flanc, et se moule un masque de glace, d'où s'effacent les traces de fatigue de sa veillée.

Elle chemine ainsi, seule au milieu de la foule, jusqu'à la Taverne principale de la ville. Un coin bien comme y faut... La Taverne du Pendu, rutilant, envahit d'arabesques sommaires aux couleurs crues. Salta franchit le seuil sans ralentir. La salle est grande, bourrée de tables et de chaises, emplie de bourdonnements et de chaleur. La longue file de voyageurs éreintés se sépare. Certains montent immédiatement à des chambres, d'autre s'éparpillent devant des chopes mousseuses, seuls où face à des contacts au regard électrique. Salta s'assombrit. On la bouscule, elle souffle comme un chat, hérissée jusqu'à la racine des cheveux. Elle va se planter devant la tenancière et lâche :

" Une chambre... Pis un bain... Pis un repas aussi... "

L'aubergiste lui glisse un regard mauvais et jappe de sa voix rauque :

" La chambre et l'bain, c'est à payer maint'nant. L'repas, z'aurez qu'à descendre quand z'aurez faim ! "

Salta déglutit, éberluée du ton. Elle se penche sur le comptoir et approche son visage de son interlocutrice.

" Un r'pas. Maint'nant. Dans ma chambre. "

L'autre s'amène avec un sourire goguenard.

" Alors, ça s'ra un supplément. "

Salta grince des dents, elle eut été reptile elle aurait craché tout son venin d'un seul jet sur la face orgueilleuse de la tenancière. D'humeur, elle frappe du plat de la main sur le bois du comptoir et se redresse sèchement, s'allumant elle même une étincelle de douleur dans le cou et l'épaule. Son irritation monte d'un cran, elle crache littéralement un :

" J'descendrai. "

avec toute la hargne dont elle est capable, lui tordant les lèvres, le menton en avant, les mains crispées. La tenancière, sans un mot, tend sa main en grommelant le prix de la chambre avec le bain. Salta tire brusquement les quelques écus hors de sa petite bourse, et se rue dans les escaliers dès que la clef lui est déléguée.

Elle compte les portes du coin de l'oeil, fulminant contre la bourgeoise bouffie qui a pris le pas sur son autorité, ouvre sa chambre en ouragan, la claque avec violence, et s'en trouve vaguement soulagée. Elle contemple ses frippes, pleines de poussière et de sueur, qui n'ont pas vu de savon depuis une demi-douzaine de jours, puis sur son visage à elle, déformé par sa rage, aplanis par les couches cendreuses arrachées aux routes de D'jel Fa. Sa tignasse fadasse est si crépue qu'elle lui fait une auréole enchevêtrée, lui étrécit le front et rend plus anguleux encore son visage émacié. Sans parler des traces bleuis et sanginolentes qui la rayent encore un peu partout. Elle secoue la tête et, de guerre lasse, se laisse tomber sur le matelas plumeux.

Un sourire bienheureux lui arrondit les pomettes et elle s'endort, délicieusement douillette.

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[MDJ : j'ai payé le prix d'une chambre et d'un bain, aucune idée de c'que ça peut bien être hein, ^^ ah oui, et puis j'ai oublié de dire que quelques posts avant j'ai échangé mon saumon contre un repas, donc pu d'poisson désolée, j'avais oublié... ]