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 [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"]

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Aspar Fendor
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MessageSujet: [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"]   [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"] EmptyDim 1 Juin - 16:06

Aspar Fendor
Post N° 9

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« Meriado »…

Fendor feignit de n’avoir pas prêté attention au signe de la main de la funeste silhouette, ni à l’enfant s’avançant en sa direction d’un pas décidé. Il fit sauter le couvercle du baril, et détourna précipitamment la tête, assailli par l’odeur immonde de l’huile qui stagnait là-dedans. Accroché au tonneau de bois par un anneau de cuivre, pendait une casserole à long manche. Le Demi Nain comprit aussitôt qu’il s’agissait du récipient avec lequel il se promènerait sur le pont, rempli de la mixture poisseuse aux relents de fosse commune. Il décrocha donc l’ustensile et le plongea dans le liquide. Les effluves qui s’échappèrent de dessous la croûte épaisse qui surnageait lui arrachèrent un haut le cœur, et il dut se précipiter par-dessus le bastingage pour soulager son estomac mis à mal. Lorsqu’il se retourna pour refermer le baril, l’enfant se tenait devant lui.

L’enfant… Peut-on vraiment appeler enfant une créature de 3 pieds de haut ridée comme une vieille pomme ? Car c’était bien ce qui se tenait là, devant lui, un sourire édenté plus accroché que peint sur un visage buriné. Le petit être rejeta en arrière d’un coup de tête la capuche de sa pèlerine, dévoilant une chevelure abondante, d’un gris sale, qui ondulait jusqu’à ses fesses. Sa face était glabre, et ses yeux, minuscules fentes entrouvertes dans un galimatias de plis, scintillaient comme deux diamants taillés. Menton en galoche, nez long et busqué, oreilles petites percées de plusieurs anneaux, la créature n’avait vraiment rien d’un enfant. L’œil de Fendor fut attiré par la broche qui retenait la pèlerine, coupée dans une toile brillante : une branche d’acacia, merveilleusement taillée dans le mithril ; une reproduction si parfaite que l’on eut dit que l’artisan avait trempé une véritable branche de l’arbre vénérable dans le métal liquide qui avait durci à l’air libre. Le prix de cette seule broche aurait suffit à faire vivre une famille de paysans de Garadgar pendant cent lunes ! La créature portait sous le tissu grenat une cuirasse étincelante, ouvragée, frappée du même acacia, passée par-dessus une cote de velours noire. Des chausses retenues par une ceinture à boucle, et des bottes assorties couvraient ses courtes pattes. Il se déganta, et salua Fendor, ne le quittant pas du regard pendant qu’il se penchait vers le pont du navire.


- Lumière sur toi, Demi Homme.

Le timbre infantile de la voix troubla Aspar Fendor. Il en vint à douter de la nature de la créature : serait-ce quelque enfant victime d’une malédiction ? Il ne savait qu’en penser, et demeura interdit, sa casserole pleine d’huile puante à la main, muet jusqu’à la bêtise. La créature ne put réprimer un sourire sarcastique.

- Je suis Meriado, Premier Servant du Seigneur Galithralas, qui te fait mander par mes soins…

Percevant que le Nabot recouvrait difficilement ses esprits, Meriado fit un pas vers lui et posa sur son avant-bras une main aux doigts courts et griffus.

-… et je suis un Gnome ! Je vois que tu n’as jamais rencontré l’un de mes semblables. Mais ne t’inquiète pas, Demi homme, les Gnomes ne sont pas tous maléfiques et malveillants. Fais moi l’honneur de me croire sur parole. Et toi, comment te nomme-t-on ?

Fendor avait eu un mouvement de recul vite réprimé lorsque le Gnome avait tendu vers lui sa petite main, semblable à la patte d’un écureuil. Mais il avait repris ses esprits, et il ne souhaita pas décliner sa véritable identité sur un navire…

- Appelle moi Asfen, Messire… Et que me veut donc ton Maître ?

Meriado s’inclina.

- Ce que Galithralas veut il n’explique pas, Asfen le Demi Homme ! Galithralas veut te rencontrer, et c’est une assez bonne raison pour que tu acceptes son invitation.

Fendor tendit la casserole sous le nez du Gnome.

- Mais j’ai du travail… Le Capitaine Ibaoron m’a ordonné de nourrir le bois de « Fis d’Esope ». J’ai donné parole de travailler pour payer ma traversée, Messire. Ibaoron me fera mauvaise figure si je me parjure.

Meriado tendit sa main, doigts écartés, vers la casserole tendue, et l’ustensile se dématérialisa dans un nuage de poussière. Fendor sursauta, envahi par une peur atavique. Il donna de la tête de tous côtés à la recherche de l’ustensile et le trouva accroché sur l’anneau de cuivre, vidé, et aussi propre qu’au premier jour de sa fabrication.

- Ibaoron le Court, malgré ses pudibonderies d’humain refusant la vieillesse, reste un homme sage qui a compris il y a longtemps qu’on ne contrarie pas Galithralas, Asfen le Demi Homme. La traversée s’annonce des plus longues. Et la tempête approche. Tu auras l’occasion de te rendre utile et d’honorer ta parole. Suis moi, Asfen Demi Homme. Je t’en prie.

Aspar Fendor observa le ciel. Bleu et calme. Le vent soufflait juste assez pour gonfler la voilure de « Fils d’Esope » qui cinglait lentement la mer tranquille. L’autre lui parlait de tempête. Peut être était-ce une vue de l’esprit, un regard particulier sur les événements à venir, plus qu’une question de temps. Le tour de Meriado avait effrayé Fendor. En lui-même, il n’avait plus du tout l’intention de résister à une créature capable de tels prodiges. Il acquiesça donc d’un signe de tête et emboîta le pas au Gnome sautillant…

La silhouette semblait figée sur le balcon du château dans une immobilité de statue. Meriado s’approcha, demeura un instant silencieux, puis mit un genou en terre, humble, fixant le sol, bras écartés, en signe de soumission totale et absolue.

- Seigneur, Asfen le Demi Homme accepte ton invitation. Il se présente devant toi, et te prie de lui accorder un souffle de tes précieuses heures.

La silhouette s’anima. Une main décharnée jaillit d’une manche de son manteau noir, doigts dressés vers le ciel.

- Tu peux aller, Meriado. Laisse moi seul avec Messire… Asfen… Et veille à ce que l’on ne nous dérange pas.

Meriado se redressa si rapidement que Fendor ne put saisir de quelle manière il avait repris sa place à ses côtés.

- Il en sera ainsi que tu l’as ordonné, Seigneur.

Les dernières syllabes flottaient encore dans l’air que le Gnome avait quitté la pièce. La silhouette ne bougeait toujours pas. La même main décharnée s’éleva encore, mais cette fois, les doigts se courbèrent, et Fendor sentit une force qui l’attirait sur le balcon.

- Approche Asfen !

Le Demi Nain se laissa emporter par la force magnétique domptée par ces doigts longs aux ongles soignés. Il s’installa à côté de la silhouette sombre, n’osant pas lever un regard vers son hôte. Il se contraignit à fixer l’horizon. Et attendit le bon vouloir de Galithralas.

- Les Gnomes sont des créatures merveilleuses lorsque dans leur cœur, elles s’emploient à servir la Lumière. Dans l’Ombre, il n’est pas de pires ennemis. Ni Lutins, ni Fays n’atteignent leur puissance. Meriado m’est attaché depuis quatre cents ans. Et pas une seconde, il n’a failli. Sa loyauté est sans tâche, comme son âme pure.

Fendor retenait son souffle. Galithralas parlait d’une voix suave, mélodieuse, androgyne. Il accentuait chaque syllabe, et détachait chaque mot, lentement, comme si parler lui demandait un effort particulier. Il pivota en direction du Demi Homme, et, remontant ses mains vers son visage, il découvrit sa tête en fixant Fendor droit dans les yeux.
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Aspar Fendor
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MessageSujet: Re: [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"]   [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"] EmptyDim 1 Juin - 23:42

Aspar Fendor
Post N° 10

« L’Elfe Gris »…

La capuche du manteau de nuit tomba dans le dos de Galithralas et Fendor eut un mouvement de recul. Deux yeux gris laiteux, comme voilés par la brume, brûlaient d’une lumière bleutée dans des orbites profondes. Le visage était long, très émacié, emprunt d’une grâce et d’une perfection que le Nabot n’avait jamais approchée de toute sa jeune existence, et ce, malgré les rides et la peau parcheminée, grise, sèche, craquelée, comme la terre sableuse d’un désert brûlant. Le nez, court, presque féminin, ombrait à peine une bouche aux lèvres minces aux reflets violines. Galithralas portait les cheveux longs, très longs. Des cheveux fins, brillants, comme des fils d’une soie pure, blancs et scintillant dans la lumière. Deux oreilles effilées, longues comme des poignards, pointaient vers le ciel. Ainsi Galithralas était-il aveugle ? Mais comment avait-il pu se rendre compte de la présence de Fendor à l’autre bout du navire, et lui adresser ce signe bienveillant de la main, toute à l’heure ?

- Décidément, Messire Asfen, ce n’est pas ton jour… En quelques instants, te voilà mis en présence de deux représentants des Vieilles Races… Je suis Elfe, Messire Asfen, et je conçois que tu n’ais jamais eu l’occasion dans ta vie toute neuve de rencontrer quelqu’un comme moi…

Fendor allait prendre la parole mais Galithralas lui imposa le silence d’un seul signe de sa longue main.


- Comment t’en vouloir, Messire Asfen ? Tout meurt en son temps, même ceux qui se croyaient immortels. Le temps des Vieilles Races est passé. Elles ont eu leur chance de bâtir un monde juste nimbé de grandeur. Et Elles ont échoué… L’Hybride et l’Homme seront les Architectes du nouveau monde. Mais, il m’est avis qu’ils n’auront pas plus d’intelligence que Ceux qui leurs ont passé cet encombrant Flambeau.

Le Demi Nain ne laissa pas l’Elfe reprendre la parole. Des questions lui brûlaient les lèvres, et il voulait des réponses.

- Seigneur, mon Père m’a dit, jadis, que les Elfes ne vieillissaient pas alors que…

Galithralas sourit, et hocha la tête.

- Ton Père est un Nain de Savoir. En effet, les Elfes ne peuvent pas subir les atteintes du temps. Sauf lorsqu’ils choisissent de prendre une autre route, et d’abandonner sur le bas côté, les privilèges de leur Sang. J’ai choisi de mourir un jour, Messire Asfen, et je ne regrette pas cette décision. Cette perspective rend mes heures plus précieuses. Mais le temps n’a pas la même emprise sur moi que sur toi. L’attente s’avère bien plus longue. Que dirais-tu si je t’avouais que j’attends la mort depuis mille ans ?

Fendor ouvrit de grands yeux étonnés, certain que l’Elfe divaguait.

- Et, compte tenu de ta cécité, Seigneur, comment as-tu fait pour me remarquer sur ce navire ?

Galithralas ricana doucement, amusé.

- Parce que tu crois que je ne vois pas, n’est-ce pas ? Rien n’est simple en ce monde, Messire Asfen. Je crois au contraire voir mieux, et plus loin que tu ne verras jamais. Voir ! A quoi servent les images que l’on collectionne au fond de nos âmes, alors qu’elles ne sont que le reflet fugitif d’une chose qui n’est déjà plus ? J’ai cessé de collectionner les images, Messire Asfen. Il y a bien longtemps. Mes yeux morts scrutent d’autres univers que ceux que tu fouleras du pied. Je vois ce qui a été, ce qui est, et parfois, lorsque les Soleils de la Sagesse éclairent la route, ce qui sera. Et dans cette quête de la Vision Intérieure, à certaines occasions, des auras m’assaillent, me submergent, et me contraignent à me pencher sur leur sort. C’est ainsi que je t’ai aperçu, Messire Asfen, et ce que j’ai vu me laisse croire que tu cherches des réponses à certaines des questions qui t’empêchent de dormir.

Aspar Fendor ne put s’empêcher de se passer une main sur le visage, et se mit à lisser les tresses de sa barbe noire. Il hésitait entre éclater de rire et tourner le dos à cette créature étonnante, et se jeter à ses genoux pour partager ses doutes. Il prit le parti de tourner l’aventure en dérision.

- Alors, Seigneur, que peux-tu me dire que je ne sache déjà ?

Galithralas se raidit, et pinça ses lèvres.

- Je peux déjà te dire, Messire le Sceptique, que ce sobriquet ridicule dont tu t’affubles n’a rien à voir avec la noblesse de ton nom véritable. Le pire qu’il pourrait t’advenir à cette heure serait d’affronter le destin de Messire Asfen plutôt que celui de…
L’Elfe tendit son bras, et posa son long doigt mince entre les yeux du Demi Nain… plutôt que celui d’Aspar Fendor ! Fendor à la Barbe Rouge !

Aspar manqua de tomber à la renverse et recula en levant les mains devant son visage, comme pour se protéger du regard de Galithralas. L’Elfe éclata de rire, un rire pur, élégant, sans sarcasme.

- Ton aura est puissante, Fendor le Rouge. Je l’ai perçue tout de suite en posant le pied sur ce maudit navire. Elle surpasse toutes les autres, y compris celle de Meriado que je compte parmi les plus belles. Comme une note de musique plus haute que les autres. Ou une tessiture plus cristalline. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité te parler. N’as-tu pas de question à me poser ?

Fendor était bouleversé. Il secouait la tête, inquiet et toujours dubitatif.

- Tu me diras mon avenir, Seigneur ?

L’Elfe sourit, mais répondit d’un air grave.

- Je ne suis pas un Diseur de Bonne Aventure, Messire Fendor. Tout ton Destin n’est pas encore tracé, et bien présomptueux est celui qui prétendrait te livrer le secret de tes jours à venir. Plusieurs routes sillonnent ton futur. Plusieurs choix. Plusieurs non choix. Des pulsions contenues, ou des impulsions trop fortes pour être combattues. Il te suffit de savoir que tu seras un jour quelqu’un d’autre qu’Aspar le Vagabond…

- Alors que peux-tu pour moi ?

- Par exemple… Te dire que ton Sang veut verser ton Sang. Que cette soif de meurtre est liée au destin de ta Mère, et aux bonnes fortunes de ton Père. Que tu dois tourner le dos au passé qui t’habite, parce qu’il est une nostalgie mortelle. Et que ton salut réside dans ta fantaisie…

L’Elfe sembla réfléchir encore un peu.

- Ah ! Et qu’il faut te préparer à commettre le pire des crimes qui soit…

Fendor chancela.

- Seigneur ? C’est beaucoup trop, ou beaucoup trop peu ! Eclaire moi davantage.

- Je suis désolé, Aspar Fendor. Je ne vois rien de plus. Et je n’ai rien de plus à te dire sur ce sujet. Je voulais t’approcher pour savoir si je devais… Ce n’est rien. Laissons cela.

- Puis-je te demander un conseil, Seigneur ?

L’Elfe sourit.

- Tu commences par me repousser et maintenant, tu ne me lâches plus ! Bien sûr, Messire Fendor ! Dis, et je te répondrai si je le puis !

- Je cherche le Nain qui portait ceci… Fendor tendit son carquois en peau de chèvre à l’Elfe qui s’en saisit et le lui rendit aussitôt… Je m’en vais en Norgod, à Port-Pergas, pour trouver les amis de ce Nain. Crois-tu que je fasse fausse route ?

- Il n’y a pas de fausse route, Messire Fendor, mais seulement des détours, et des méandres plus ou moins sinueux, qui tous mènent au destin qui se construit à chaque seconde… Tu as raison d’aller à Port-Pergas, mais passe le fleuve et prend vers le sud. La quête que tu t’ais donnée t’ouvrira une Porte, et t’en fermeras d’autres à jamais. Mais, elle est juste. N’oublie pas, Messire Fendor, que le monde que tu traverses aujourd’hui n’est pas le monde de demain. Des esprits supérieurs oeuvrent et écrivent les pages d’une histoire nouvelle, de Gloire et d’Honneur. Ton univers est en expansion. Trouver les amis de ce Nain te donnera la clé pour entrer dans la ronde de ceux qui construisent demain…

L’Elfe leva la main, et sur un dernier sourire, relevant la capuche de son manteau noir, il tourna le dos à Fendor : l’entretien venait de toucher à sa fin. Meriado surgit dans l’instant, et d’un signe poli, il pria le Demi Nain de laisser son Maître.

Alors qu’il allait prendre congé du Gnome, Aspar Fendor ne put retenir une dernière question.


- Messire Meriado, Galithralas m’a avoué qu’il souhaitait m’approcher pour savoir s’il devait faire quelque chose. Il n’a pas précisé quoi. Sais tu la raison de son intérêt pour moi ?

Meriado hocha la tête.

- Lorsque le Seigneur Galithralas perçoit une aura puissante, il aime savoir quelle sera son orientation.

- Son orientation ?

- Oui ! Est-elle tournée vers l’Ombre ou la Lumière…

- Et lorsqu’elle est tournée vers l’Ombre, Messire Meriado, que se passe-t-il ?

Meriado sembla hésiter, baissant la tête pour réfléchir. Lorsqu’il la releva, sa mine respirait la gravité et le détachement.

- Lorsqu’une aura est tournée vers l’Ombre, irrémédiablement, Galithralas supprime son propriétaire.

Fendor sursauta. Mais sa curiosité lui faisait mal.

- Pourtant, il m’a dit que je commettrai le pire crime qui soit ! Et il m’a laissé partir !

Meriado réfléchit encore, en hochant la tête. Puis, posant sa main griffue sur celle du Demi Nain, il répondit, franc et sobre :

- Alors, il te faut croire que ce crime abominable te sera dicté par la justice, et qu’il ne souillera pas ton âme…
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Aspar Fendor
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MessageSujet: Re: [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"]   [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"] EmptyMar 3 Juin - 1:37

Aspar Fendor
Post N° 11

Promiscuité…

Qu’y a-t-il de pire que nourrir les bois d’un navire qui accuse le roulis par mer calme avec de l’huile aux relents de charogne ? Pendant une journée entière, Aspar Fendor badigeonna bastingages, balustres et balustrades, étalant la mixture avec une brosse aux poils longs et souples. Après avoir offert aux vagues les haricots blancs et le lard fumé au goût de sciure du déjeuner, il avait rendu tripes et boyaux. Et maintenant, il avait passé le cap des jets de bile chaude pour ne plus ressentir que cette envie irrépressible de vomir, sans ne jamais plus y parvenir. Sous son poil noir comme la suie, Fendor promenait sur le pont de « Fils d’Esope » une mine blafarde qui arrachait des rires gras à Cinq Doigts, toujours prêt à s’émouvoir du malheur de son prochain.

A la fin de l’après midi, alors que le ciel commençait à sérieusement se charger, Fendor avait raccroché la casserole à son anneau sur le baril, et refermer soigneusement le couvercle avec un dernier haut le cœur qui lui avait arraché des larmes. Titubant, il avait progressé avec difficulté en direction de la trappe qui donnait accès au « hamac ». Le Nabot ne rêvait que d’une chose et une seule : s’allonger sur les planches, même à la dure, et tenter de dormir, ne serait-ce qu’une heure pour oublier ce calvaire qu’il avait vécu. Mais une trique s’était interposée entre lui et son havre. Le vieil albinos, surgi de nulle part, le fixait de ses petits yeux sadiques, mijotant ses instructions avec une apparente jubilation.


- Ce n’est que le début, Matelot ! Avait-il tonné, soucieux que tous l’entendent. Maintenant, il te faut briquer les balcons du château au savon noir.

D’un geste impérieux, il désigna quelques seaux, des brosses dures et des pains de savons entassés dans une vieille marmite.

- Voilà tes armes, Guerrier ! Fais en bon usage ! Et par Kéoh, n’abuse pas de l’eau douce ! Si tu venais à gâcher ne serait-ce qu’une goutte, prépare toi à être rationné jusqu’à Port-Pergas. 10 pièces d’or ne paient pas la survie de mon équipage ! Allez, traîne misère, au boulot, et … Haut les cœurs !

Il ponctua sa sortie par un méchant coup de scion sur les hanches de Fendor qui en eut le souffle coupé. Les matelots s’esclaffèrent, rubiconds : il valait mieux rire du malheur des autres si l’on ne voulait pas voir pleuvoir les sarcasmes et les brimades de Cinq Doigts. D’autant que si ses hommes ne partageaient pas sa bonne humeur, en riant de ses saillies, l’humeur du vieux bouc versatile tournait à l’orage. Et les heures de fureur du Second comptaient triple !

Fendor s’empressa d’obéir, malgré la haine qui l’empourprait. Et il frotta, frotta, et frotta encore le planchez du château jusqu’à ce que le bosco sonne la cloche du dîner. Le mal de mer lui était passé. Loin des relents d’huile, son estomac demeurait accroché en bonne place. Et le Demi Nain ne maîtrisait plus les borborygmes qui chantaient son appétit revenu. Gral, le bosco, comptait parmi les bonhommes les plus avenants de tout l’équipage du « Fils d’Esope », malgré une trogne édentée, une couperose, et un crâne d’où le poil tombait par plaques sèches. Heureusement, pour le salut de tous, il portait la plupart du temps, un bonnet de laine, d’un vert passé, qui préservait la soupe de ses pelades intempestives. Gral avait cuit du porc séché, trempé dans la piquette, et le servait à grandes louches dans les écuelles de fer, accompagné de fèves, sèches, mais bourratives. Il souriait à chacun, et ponctuait son service par des tapes dans le dos, des pincements amicaux de fesses, des coups de coudes, et autres signes de camaraderies ostentatoires que tous paraissaient goûter autant que sa cuisine. Car, malgré le caractère frustre et la simplicité des repas, la cuisine de Gral se laissait manger, sinon avec plaisir du moins avec appétit. Quand vint le tour de Fendor, le bosco lui servit double ration, - le Nabot comptait parmi les passagers tout de même ! -, et lui balançant un clin d’œil complice, lui avait proposé de lui donner un coup de main le lendemain.

- Hein Petit ? Pas mal que tu me donnes un coup de main à améliorer l’ordinaire ! Hein Petit ? Dès le levée du jour, une bonne partie de pêche ! Hein Petit ? Passe au d’ssus des bancs poissonneux, et hop, du frichti pour la clientèle du château ! Hein Petit ? Et si j’ai mon compte, le rabe pour toi ! Pas mal ? Hein Petit ?

N’aurait été ses pustules rosâtres qui lui mangeaient le visage, Fendor aurait embrassé Gral. Le bosco lui sauvait la mise. Adieu les coups de trique de Cinq Doigts, et vive la pêche à la ligne ! Acquiescant d’un coup de tête et d’un sourire, le Nabot avait rejoint la place qu’il affectionnait par-dessus tout : les cordages sous la casquette des balcons, là où il avait passé la dernière nuit enroulé dans une couverture mitée prêtée par le Capitaine. Il avala son repas goulûment, l’arrosant du mauvais vin qu’on servait à bord, mais qui valait mieux encore que l’eau qui croupissait dans des tonneaux, pleine de gros vers blancs. Et comme il avait le ventre vide, il sacrifia la moitié d’un de ses pains, trempant ses tartines dans la sauce épaisse. Repus, un peu vasouillard, - il avait l’habitude de la bière, et le vin, aigre, lui montait vite à la tête -, Fendor conclut son écot par un rôt sonore, - accueilli par Gral comme un hommage à son art -, et décida de ne pas perdre son temps dans une vaine promenade sur le pont. Il s’enroula dans la couverture, et, épuisé, s’effondra…

Une bruine légère lui mouilla le visage, assez pour le tirer des bras de Neis. Il ouvrit un seul œil. Le vent venait de tourner, et le château ne lui offrait plus sa confortable sauvegarde. Les gouttes, de plus en plus grosses, de plus en plus rapprochées, laissèrent leur place à une giboulée violente. L’eau du ciel était glaciale. Le vent souffla dans les voiles, et la mer grossit sans crier gare.


- Un mauvais grain ! Cria Cinq Doigts, pendant que Ibaoron se précipitait dans le château pour ne pas tremper sa crinière. Abattez moi la moitié de la toile si vous ne voulez pas que « Fils d’Esope » joue les flotteurs ! A la manœuvre ! Magnez vous, tas de traîne savate !

Les matelots de quart se précipitèrent dans les vergues, dociles et disciplinés.

Enroulé dans sa couverture, et brinqueballant son bardas, Fendor quitta son royaume pour se mettre à l’abri dans le ventre du navire. Il eut du mal à atteindre sa destination, tant le temps changeait, et que la mer enflait. Meriado avait raison le bougre : la tempête arrivait au grand galop ! Le Nabot leva la trappe et descendit en se cramponnant aux barreaux de fer l’échelle qui descendait au hamac.

Dix hommes dormaient là. Et deux jouaient aux osselets malgré le roulis. Le premier, un gros tas cuisant dans sa graisse, leva son groin en direction de Fendor l’air maussade. Le second, un lascar à la peau laiteuse couvert de tâches de sons, dégageant une odeur forte de vinasse et de vieille sueur, cracha en direction de Fendor. L’air agressif.

- Dégage ton cul de là, moitié d’homme ! Il n’y a plus de place pour ton cuir ici !

Fendor trouva sage de passer outre : souvent, les chiens qui aboient ne mordent pas. Mais le rouquin ne lâcha pas prise. Assis en tailleur, il se déplia lentement, et chancela vers le Demi Nain, la mine contrariée de l’homme qui vient de souffrir d’une provocation.

- Dégage je te dis ! Va crever dehors ! Ou va-t-en donc mendier asile chez l’autre crevette dans sa boîte en fer blanc, et son échalas de Maître !

Il jeta vers son compagnon un air satisfait, et le gros, excité par la hardiesse du rouquin, se leva à son tour, s’y prenant à deux fois pour arracher ses monstrueuses fesses du planchez.

- Allez ! Fous moi le camp, vermine de Garadgar ! Vire, te dis-je !

Le calme de Fendor le rendait hirsute. Au point qu’il en vint à tirer un couteau de sa ceinture de flanelle. Le gros hésita, puis sourit, appréciant le grabuge. Déjà les dormeurs levaient une tête curieuse pour ne rien rater de l’altercation naissante.

- Laisse moi en paix, Messire. Je ne te cherche point querelle, et c’est ici mon gîte autant que le tien.

Fendor affichait un calme total. Mais, sans qu’il puisse lutter, les souvenirs de son premier naufrage, à l’état de passoire, resurgissaient, comme déglutis par sa mémoire, et l’appréhension lui serra la gorge.

- Tu crois ? Ricana le Rouquin.

Et d’un pas menaçant, il marcha sur Fendor.


[Requête MDJs : Fendor parviendra-t-il à défaire le Rouquin dans une bagarre loyale ? Le Gros va-t-il prendre parti ? Quel sort réserveront-ils à Fendor si Fendor perd son combat ? ]
merci

[LL : Le gros se pointera que si son pote est dans la mouise face à Fendor. A deux contre un (si tu prend l'avantage sur le roux donc ^^), tu as très peu de chance de t'en sortir mais le RP peu tourner en ta faveur (attention tout de même à ne pas abuser ^^). Après, à un contre un, disons que le roux et le gros sont des lvl 1 encore un peu ivre, donc légèrement plus fort que toi. Mais tout peu arriver ^^.]
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Aspar Fendor
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MessageSujet: Re: [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"]   [Aspar Fendor sur le "Fils d'Esope"] EmptyMer 4 Juin - 2:14

Aspar Fendor
Post N° 12

TempêteS…

Le Rouquin se jeta en avant, pantin désarticulé par les excès répétés d’alcool frelaté, coutelas tendu, et Fendor compris que le bonhomme n’hésiterait pas à le saigner comme un vulgaire porc. Saisissant son sac neuf par les bretelles, il le brandit comme une masse d’arme, et de toutes ses forces, le projeta dans le ventre de son agresseur.

Sous la violence du choc, le Rouquin, déséquilibré par le roulis de « Fils d’Esope », fut projeté en arrière, et chût, se ramollissant le coccyx sur le planchez brut du Hamac. Quant à Fendor, il en lâcha son sac, et tomba à la renverse.


Le Rouquin fut le plus prompt des deux à se relever : il avait le pied marin, et le gros temps qui agitait le navire ne le perturbait pas plus que cela. Mais, intrigué par la rapidité du Nabot, et surpris par la force dont son adversaire avait fait preuve, il inclina à plus de prudence. Les genoux fléchis, affermissant ses appuis, il jouait du coutelas, faisant passer l’arme d’une main à l’autre. Les Dormeurs s’étaient tous réveillés, et ils formaient un cercle autour des combattants, limitant sérieusement leur champ d’action.

Fendor dégagea son arc, et d’une main sûre, sans quitter des yeux le Rouquin ricanant, il partit à la recherche d’une flèche dans son carquois. Il en avait la certitude : son habileté à l’arc lui conférait un avantage certain dont il allait user. Il clouerait le Rouquin contre la coque du navire avant que l’autre ait pu comprendre ce qui lui arrivait. D’ailleurs, il lut la panique sur le visage défait de son ennemi. Il avait compris. Il était déjà trop tard pour pousser une nouvelle offensive. Le Nain allait le tuer !

Mais une bonne âme se porta au secours du Rouquin. L’un des Dormeurs, le serviteur falot d’un minotier de Port-Pergas, empoigna les flèches de Fendor et les escamota derrière son dos, un sourire satisfait barrant sa sale gueule. Les spectateurs apprécièrent l’initiative : ils applaudirent. Certains se plaignaient déjà que le Nain en eut fini si prestement avec le surineur ! Fendor n’eut pas même le loisir de lui jeter un mauvais regard que le Rouquin chargeait derechef.

Un arc, aussi médiocre soit-il, présente l’avantage d’être long et flexible. Le Demi Nain cingla le visage de l’autre, lui faisant éclater la peau du coin de la bouche jusqu’à la tempe. Le Rouquin porta la main à sa joue, et trempa ses doigts dans son sang. Ses yeux brûlaient d’une fureur nouvelle.

Il passa à l’offensive, zébrant l’air de coups de dague que Fendor eut grand peine à esquiver. Le dernier lui déchira la manche de sa tunique, et entama profondément sa chair, sans toutefois provoquer un carnage. Le Nabot tenait l’Homme en respect de toute la longueur de son fouet. Mais déjà, il sentait que le combat serait délicat, et ne tournerait pas forcément à son avantage : l’autre savait jouer du couteau, et surtout, il ne voulait plus perdre la face.


- Je vais te saigner, ordure de Nain ! Cria-t-il en essuyant d’un revers de sa main libre le sang qui dégoûtait de sa face. Je vais te clouer sur le Grand Mât, et t’écorcher comme un vison ! Et cette nuit, je dormirai recouvert de ta peau.

- Ne vend pas ma peau avant de m’avoir occis, Pue la Mort ! Cracha Fendor, rouge de colère.

Le Rouquin chargea une nouvelle fois, mais Fendor choisit d’affronter son adversaire plutôt que de l’esquiver. Il roula en avant, plongeant entre les jambes de l’Homme. Le saisissant aux jarrets, il l’emporta avec lui dans une chute qui aurait put être mortelle, si tous les deux avaient plongé dans le vide, à fond de cale du haut du Hamac.

Le navire se cabra, au point que tous les Dormeurs durent se cramponner pour ne pas être emportés par la violence du roulis, certains devant même s’accroupir pour conserver un semblant d’équilibre.

Dehors, le vent hurlait, et tous pouvaient entendre Cinq Doigts rugissant ses ordres pour préserver le navire contre la force de la houle. La mer se creusait dangereusement, au point qu’il semblait parfois, que le navire allait s’enfoncer tout droit dans les profondeurs. Mais, lorsque le « Fils d’Esope » avait surmonté le creux, il devait gravir les vagues, toujours plus colossales.

Des cris de peur se mêlèrent aux encouragements des Dormeurs, excités par le combat.


Le Rouquin et Fendor roulaient sur le hamac, chacun rouant l’autre de coups de poings. Le Nabot parvint à se dégager d’un solide coup de tête qui fit éclater le nez et une arcade de son adversaire. Mais l’autre, plus fort, prit le dessus, et, chevauchant Fendor, pesa de tout son poids pour lui enfoncer sa lame dans la gorge. Bras tendus, le Nabot essuyait l’attaque tant bien que mal. Il fixait la pointe du coutelas, qui pouce après pouce, avançait vers son visage.

- Je vais te crever ! Eructait le Rouquin, mouillant la figure de Fendor de sa salive et de son sang.

Fendor recommanda son âme à Nethfer. Ses forces l’abandonnaient.

Lorsque soudain, le Rouquin se crispa, et leva deux yeux vides vers le ciel avant de tomber tête en avant, écrasant Fendor de tout son poids mort. Un cri de stupeur s’éleva du rassemblement des Dormeurs. Le Nabot ne voyait rien que les planches du pont au dessus de sa tête. L’odeur de sueur aigre et de vinasse du Rouquin saturait ses narines. Son avant bras ouvert le lançait atrocement.

Quand enfin il put se dégager, profitant du tangage pour faire rouler le corps de l’autre sur le côté, il vit une lame scintillante fichée jusqu’à la garde entre les épaules de son agresseur. Une lame elfique frappée d’un acacia.

Meriado se tenait au milieu des Dormeurs, le bras encore tendu en direction du Rouquin. Fendor le regarda, interloqué : le Gnome venait de lui sauver la vie.


- Assassin ! Pourriture d’Assassin !

L’Obèse venait de comprendre que son compère avait rendu l’âme. Et, décontenancé, il s’avançait menaçant dans le dos du Gnome. Meriado le laissa approcher de deux pas.

- Attention Homme ! Réfléchis bien aux conséquences de tes actes ! Je ne te le dirai pas deux fois !

Le Gnome ne s’était pas retourné. Il parlait à l’homme dans son dos, la mine grave et l’œil sec.

L'autre ne tint pas compte de l’avertissement. Il dégaina une dague de sa manche, et lame dressée, il bondit vers Meriado. Il fit un pas de plus, et tomba, face contre terre, comme une pastèque dans une flaque. Une lame semblable à celle qui avait tué le Rouquin lui traversant la gorge.


- Quelqu’un d’autre ? Interrogea le Gnome, contrarié.

Les Dormeurs faisaient silence, et malgré le sang des deux hommes qui souillait le hamac, s’apprêtaient à se réfugier sous leur couverture. Alors le « Fils d’Esope » se cabra une fois encore, dans un craquement sinistre, et tous crurent que la fin du voyage était annoncée.

- Suis moi, Aspar Fendor ! Chuchota le Gnome. Allons guérir cette blessure.

Il aida Fendor à se relever, ramassa son bardas, son arc, récupéra ses flèches d’un geste impérieux, et insensible aux mouvements du navire qui devenaient erratiques, imprévisibles et mortels, il entraîna le Demi Nain sur le pont.

L’Apocalypse venait à leur rencontre. Une tornade s’annonçait au loin, précédée par un cortège de bourrasques assassines. « Fils d’Esope » luttait vaillamment mais le combat semblait inégal. Même Cinq Doigts avait renoncé : il s’attachait au mât avec un cordage, résigné à disparaître avec le navire. Ibaoron se cramponnait à la rambarde du château, affolé et incrédule.

C’est alors que Galithralas apparût…

L’Elfe avançait sur le sommet du château, capuche baissée malgré la pluie violente qui cinglait le pont, appuyé sur un simple bâton. Fendor fut saisi par la majesté de son port, et la sûreté de sa démarche. Il marchait aussi aisément que s’il eut été sur le pont d’un navire glissant sur une mer d’huile. L’Elfe Gris se planta à un pouce du vide, surplombant le pont, et d’une main preste, il dégrafa son manteau de nuit qui s’envola, tel un aigle d’encre, dans la fureur de la tempête. Il portait une robe longue, au col montant et droit, serrée à la taille par une simple cordelette qui pendait jusqu’à la pointe de ses bottes. Une robe immaculée qui se détachait sur fond de ciel noir. Une robe blanche frappée d’un acacia aux feuilles brodées de fil d’argent. Galithralas leva les deux bras vers le ciel, et pendant un instant, Fendor crût qu’il défiait les Dieux de son regard vide, tant son visage paraissait dur et inflexible.

Et l’Elfe parla d’une voix forte. Aussi grave et profonde qu’elle lui avait semblé androgyne lors de leur rencontre. Une voix d’une telle puissance qu’elle couvrait les hurlements du vent, les craquements du navire et la complainte des vagues déchaînées. Aspar Fendor ne comprenait pas le sens des paroles qu’il jetait vers la nuée.

Mais lorsque l’Elfe se tut, le vent cessa, et la mer s’endormit sereine, tandis que le ciel se parait d’un voile étoilée.

Et Galithralas se retira dans sa cabine.

Cinq Doigts jeta un regard inquiet en direction de son Capitaine, qui pleurait de joie.

Fendor regarda Meriado : rien dans sa mine ne trahissait la moindre stupéfaction.


- Galithralas n’a pas du te le dire… Se contenta-t-il de répondre aux interrogations muettes du Nabot. Galithralas est un Mage. Un Mage des Origines. Ne cherche pas à comprendre. Un jour, si Galithralas veut, tu sauras.

Le Nabot en avait oublié sa blessure, et les deux morts gisant dans leur sang sur le planchez du hamac. Meriado le ramena à la réalité.

- Maintenant, viens… Je vais guérir cette estafilade…

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