[Saega] Remède, la mort

Mort Acte II Scène 1
Saega

Action Précédente : Les routes de Djel'Fa - [Saega] En route vers Hek'Adir

Une nouvelle fois Saega se retrouva dans le Royaume des Morts. A nouveau, il allait devoir retrouver son étincelle de vie. Le paysage paraissait avoir changé depuis la dernière fois, à moins que ce soit sa perception qui ait évolué. Une belle prairie parsemée par de l’herbe verte ondulant au gré d’un léger vent était noyée sous les rayons protecteurs du soleil. L’explorateur foulait le sol avec grâce et légèreté, semblant débarrassé de tout poids superflu. Cependant, il n’y avait pas d’endroit ombreux pour se protéger des rayons ardents de l’astre solaire. Saega allait nulle part, marchait sans but, sous la chaleur. Fatalement, le jeune homme perdit connaissance. Le soleil avait gagné.

L’explorateur se réveilla dans un endroit froid et humide. Il ouvrit les yeux et la première qu’il ne vit pas fut la lumière. Il était soit aveugle, soit dans un lieu privé de lumière. Préférant avoir affaire à la deuxième solution, Saega se releva en se tenant à la paroi. La sensation était poisseuse et désagréable. Il devait s’agit probablement de mousse ou d’un quelconque champignon. Le jeune homme n’y connaissait rien et préférait ne pas savoir.

Il se déplaça en se guidant avec le bras tendu vers la paroi. Il n’avait aucune idée de l’endroit vers lequel ces pas le dirigeaient, mais il avançait inlassablement. Il sentait seulement que le terrain descendait et l’emmenait vers les entrailles de la terre, ou tout du moins un peu plus profondément. Alors que tout allait bien, il se cogna assez violemment contre la pierre. Le passage bifurquait sur la droite, et il n’avait pas eu le temps de s’en rendre compte plus tôt.

Il se remettait de son mal de crâne tout en progressant lorsque quelque chose agressant ces yeux. De la lumière avait fait son apparition. Elle était sous la forme d’une flamme tremblotante au bout d’une torche. La dite torche tenue par un vieil homme. Une fois sa vision habituée au changement de luminosité, il regarda le nouvel arrivant.

Celui-ci était torse nu et arboré de magnifiques tatouages. Ils étaient semblables à ceux de l’explorateur sauf qu’ils étaient beaucoup plus complexes. Saega avait l’impression de l’avoir déjà rencontré au moins une fois. Mais sa mémoire lui faisait défaut concernant le lieu de cette soi-disant rencontre. Il avait beau se trifouiller les méninges, il était incapable de trouver ne serait-ce qu’un indice.

Le vieil homme dirigea la torche vers Saega dès qu’il le vit. Surpris par la présence de ce dernier, il détailla l’intrus. Il écarquilla les yeux en reconnaissant le jeune homme. Comment se faisait-il qu’il se trouve là ? Pourquoi était-il à nouveau là ? Il se posa d’autres questions encore.

« Salut Saega, déjà de retour parmi nous ? » Railla le vieil homme. « On te manquait et tu es passé nous rendre visite ? Tu t’ennuyais tant que ça avec les vivants ? Tu aurais dû écrire pour nous dire que tu passais, on aurait préparé quelque chose pour te souhaiter la bienvenue. » Il éclata de rire. Puis, il se rendit compte de la présence d’une présence justement. « Tiens, salut Hysturyl, ça va toi aussi ? Tu t’es trouvé un nouveau compagnon de jeu à ce que je vois. Je ne te manque pas trop ? »
« Ca va très bien. » Répondit une lueur rouge pâle. « Et toi, toujours aussi mort ? Tu n’as pas envie de revenir chez les vivants ? »

Saega se retourna pour voir Hysturyl et au lieu de l’éclat verdâtre habituel, il en trouva un rouge. Le jeune homme se comprenait plus rien du tout. Et qui était la personne qui semblait si bien le connaître ?

Mort Acte II Scène 2
Saega

« Bah alors, tu ne me reconnais toujours pas Saega ? Ou devrais-je dire Sylphus Alris Ertmine Gyrion Arthus. » Réitéra l’inconnu.
« C… Co-Comment savez vous ça ? Je n’ai jamais donné ce nom à qui que ce soit. »
« C’est naturel pour moi de le savoir. Qui serais-je si je ne m’informais pas sur mes descendants ? J’ai eu largement le temps de m’en informer pendant le demi-millénaire que j’ai passé ici. »

Saega comprit finalement de qui il s’agissait.

« Walter, c’est vous ? Mais je croyais que vous étiez mort ! »
« Mais, je le suis, sinon pourquoi serais-je là devant toi ? »
« Mais, je croyais pourtant vous avoir tué lors de notre première rencontre. »
« Il ne fallait pas t’inquiéter pour ça. On ne tue pas un mort comme moi aussi facilement. »

Saega était plongé dans l’incompréhension totale. Il était mort, mais le mort qu’il croyait avoir tué, n’était pas mort. Enfin si justement, il était toujours mort, il n’avait pas disparu. Pourtant on lui avait que si on mourait dans le Royaume des Morts, cette mort était définitive, et qu’il n’y avait aucun moyen de faire marche arrière. Alors comment Walter pouvait être encore ici ?

« Tu devrais arrêter de te poser autant de questions Sylphus, ça ne sert à rien de te compliquer la vie avec des choses aussi futiles. »

Walter s’approcha de la sphère de lumière rouge. Il tendit son bras et semblait la caresser. Au contact de l’humain, la lumière s’amplifia légèrement.

« Alors Hysturyl, il est à ta convenance ton nouveau compagnon de jeu ? Tu ne t’ennuies pas trop avec ? »
« Non, pas du tout. Il te ressemble un peu, je trouve. Il a un don pour se mettre dans des situations inextricables. C’est ce qui me plait chez lui. »

Saega commençait à en avoir marre que l’on parle de lui comme ça. Il décida d’avancer pour les distancer. Il se retrouva bien vite hors de portée de la torche. A nouveau il errait seul dans les ténèbres. Mais ce fut pour peu de temps.

« C’est bien Sylphus, tu as fait le bon choix. Il fallait que l’on sorte d’ici. »
« Arrêtez de m’appeler Sylphus, je suis Saega. » S’énerva-t-il.
« Tu préfères Sylphus Alris Ertmine Gyrion Arthus ? » Demanda Walter en souriant.

Le jeune homme passablement en colère décida d’ignorer la remarque. Il poursuivit son chemin accélérant encore. La pente s’accentuait, mais il n’y prenait pas garde. Le vieil homme ainsi que la lumière rouge le suivaient. Ils atteignirent finalement un embranchement qui partait dans deux directions différentes en plus de celle dont ils venaient.

« Tiens, on est déjà rendu là ? Alors Saega, tu as le choix comme tu peux le voir entre deux voies. L’une te conduit à la mort, l’autre non. »
« Mais, je suis déjà mort, je n’ai rien à craindre de la première voie. »
« Qui t’a dit qu’il fallait te méfier du premier chemin ? »

Saega soupira puis choisit le passage de gauche. Celui-ci s’enfonçait dans les entrailles de la terre, ou tout du moins descendait. Alors qu’il marchait, la lumière combinée d’Hysturyl et de la torche portée par Walter, éclairait les parois. Les observant et ne faisant pas attention où il mettait les pieds, Saega finit par trébucher. Il s’écorcha les mains en essayant de se retenir.

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase, ainsi que le tonneau et tout le reste. Saega n’en pouvait plus, il s’énerva complètement. A tel point que le sang qui gouttait de ces éraflures bouillait. Le liquide rougeâtre ne tarda pas à prendre feu sous l’effet des sentiments violents du jeune homme. Ce fut bref, mais une grande flamme jaillit des mains de Saega avant de disparaître en laissant une marque de brûlure dans la paume des mains du jeune homme.

« Bon, j’ai comme l’impression que tu as pris le passage qui ne mène pas à la mort. »

Mort Acte II Scène 3
Saega

Saega avait été surpris par l’apparition des flammes. Mais, cela lui rappela l’épisode lors qu’il avait essayé de tuer Jdargrim. Là-bas aussi, des flammes avaient surgi de son sang sous l’effet de la colère. Le jeune homme se demandait si la façon dont le feu apparaissait avait une importance. Pour finalement se dire que oui, si ça pouvait lui éviter de se brûler à l’avenir.

Sans tenir compte de Walter et d’Hysturyl qui avait troqué son habit de lumière vert comme un cramoisi, il s’assit au milieu du passage sur la roche humide.

* Bon alors, qu’est ce que je sais à propos de ce truc bizarre. Ca apparaît quand je suis en colère et quand je suis blessé. Mais est ce que c’est tout ? *

Saega cherchait un souvenir qui pourrait le mettre en rogne. A force de chercher, il en trouva un. Il repensait à ces fichus mercenaires qui ne juraient que par le massacre. Ah ça, ça l’énervait vraiment. Il cria contre ces fantômes du passé. Le son se répercuta contre les parois pour aller se perdre au loin. Le jeune homme regarda ces mains, et le reste de son corps. Aucune trace de flamme.

* Bon, ça ne marche pas. Zut, alors. Ah oui, j’avais oublié le sang. *

Il leva le poing et l’abaissa contre le sol. Mais anticipant la douleur qui viendrait inévitablement, le choc fut faible. A peine de quoi faire rougir la peau de sa main. Il recommença une nouvelle fois en fermant les yeux. Un petit éclat de pierre égratigna son pouce, et une goutte de sang perla. Cette fois encore, aucune flamme (de l’enfer ou ordinaire) ne surgit.

* Mais pourquoi ça marche pas ? J’y comprends plus rien. Je parie qu’Anhiya, elle, saurait comment ça fonctionne. *

Le fait d’avoir pensé au nom d’Anhiya fit surgir dans son esprit une image à laquelle il ne s’attendait absolument pas. Il ne se soupçonnait pas capable de telles pensées. Il s’était représenté la jeune femme sortant du bain. La vision lui fit monter le rouge au visage. Et sans crier gare, la goutte écarlate qui reposait par terre prit feu surprenant le jeune homme.

* Oh putain ! C’est quoi ce bordel ! J’y comprends plus rien. J’en ai marre. *

Saega se mit debout brusquement, et reprit la marche qu’il n’aurait pas dû stopper.

« Ca va Saega ? Qu’est ce que tu faisais ? »
« Je réfléchissais. » Répondit rageusement l’explorateur.
« Ca explique bien des choses. Mais je crois sans pouvoir me tromper que tu n’es pas fait pour ça. »
« J’avais remarqué, merci de me le rappeler. »

Après cet interlude ludique pour les spectateurs, frustrant pour Saega, ils continuèrent sur le chemin ne menant pas à la mort. Au fur et à mesure de leur avancée, la descente était de plus en plus prononcée. La vitesse de progression s’accélérait du fait de la pente. Le tunnel les amena à une salle cubique, aux murs totalement lisses.

La salle à l’aspect carré disposait d’un piédestal surmonté d’un brasier à chaque coin. Au milieu de chaque côté, une entrée (ou une sortie). Au centre de la pièce se tenait une sorte d’énorme cristal bleuté. Le sol était carrelé par des dalles carrées. Saega en compta vingt pour une longueur et autant pour une largeur. Il s’avança et y pénétra avant que Walter ait le temps de l’en empêcher.

Dès l’instant où le pied de l’explorateur se posa sur une dalle. Les flammes des brasiers prirent de l’ampleur. Une forme humanoïde fit son apparition et sortit de chaque réceptacle. Les quatre êtres de feu se dirigeaient vers Saega. Sa réaction première fut de vouloir rebrousser chemin, mais un mur invisible semblait lui bloquer la voie. Il n’avait plus le choix, il allait devoir faire disparaître ces créatures ou du moins trouver un moyen de sortir sans mourir.

Mort Acte II Scène 4
Saega

Saega voyait bien que les créatures de feu se rapprochaient inexorablement de lui. Il ne voyait pas comment se battre à mains nues contre des êtres capables de le brûler au moindre contact. De plus, il ne voyait pas comment il pourrait sortir de ce lieu, indemne ou non. Il remarqua que bizarrement les plus éloignés, contournaient le cristal pour venir à sa rencontre. Et évidemment Walter et Hysturyl ne semblait pas enclin à l’aider.

Ayant peut être trouvé un moyen de s’en sortir, il courut vers le cristal. A son contact, il se mit à frissonner. Il était vraiment froid, et il semblait projeter cette froideur autour de lui. Saega aurait bien escaladé le cristal, mais la surface était complètement lisse. Mais, au moins il n’avait rien à craindre des hommes de feu. Il risquait au pire pour le moment seulement de mourir congelé.

Bien évidemment, l’explorateur n’avait pas pensé au fait que les gardiens puissent lancer des boules de feu. La première passa loin de lui et alla s’écrasa contre un mur, laissant une marque de suie. La deuxième le frôla, il ressentit brièvement la chaleur qui s’en dégageait. Il parvint à esquiver la troisième qui cette fois le visait bien. En entrant en contact avec le cristal, la boule de feu crépita et disparu dans un petit nuage de fumée et de vapeur d’eau. A l’endroit de l’impact, un petit creux s’était formé. Alors qu’il observait ce creux, il ne vit pas la quatrième attaque arriver. Le projectile enflammé le toucha à l’épaule et le jeta à terre.

« Bon Saega, tu fais quoi ? Tu as besoin d’aide ou tu t’en sors tout seul ? » Cria Walter de l’extérieur de la pièce.
« Non, ça va très bien. Je proposais justement à nos amis de participer à notre barbecue. »

L’un des gardiens s’approcha de Saega et lui prit le bras. Par réflexe, le jeune homme cria, mais pourtant il ne ressentit aucune douleur. Cela voudrait-il dire que seules les boules de feu brûlaient ? Il n’eut pas le temps de réfléchir plus à cela qu’on le traînait sur le sol. Il avait beau se débattre, rien ni fit, on l’emmenait de force. Il put même voir que ni Walter, ni Hysturyl ne semblait prêt à l’aider. Mais, bizarrement, cette fois la créature s’approcha du cristal sans se soucier du froid qui en émanait.

C’est avec stupeur que le jeune homme vit la pierre fondre sur le passage du gardien. A la base du cristal, il y avait même un trou de la taille d’un homme. On le lança dedans. Le gardien s’éloigna et l’ouverture se reboucha. L’intrus viré, ils retournèrent tous à leur brasero pour se reposer.

Saega tombait dans ce puits obscur. Pourtant, il avait l’impression de monter. Mais, comment était-ce possible de tomber vers le haut ? Il se serait bien posé d’autres questions si elles lui étaient venues à l’esprit et s’il en avait le temps. Il venait d’atterrir brutalement sur de l’herbe. La terre était suffisamment souple pour amortir la chute. Il regarda autour de lui, ce n’était que désolation partout. De la pierre, des arbres morts, à perte de vue. Sauf autour du trou, qui n’était plus là, il y avait un peu d’herbe.

L’explorateur se relava et marcha vers un endroit inconnu. Mais, il préférait marcher vers nulle part plutôt que de rester immobile. En un pas, il avait quitté la douceur de l’herbe pour arriver sur la dureté de la pierre. Il crut voir au loin une montagne, aussi en fit-il sa destination. Maintenant, il avait un but, aller là-bas à n’importe quel prix. Cependant, il se demandait où pouvaient bien être Walter et le fulvéo.

Il trainait sa pauvre carcasse depuis un temps indéterminé vers son but, lorsqu’il entendit un bruit derrière lui. Il se retourna lentement, pour apercevoir un homme qu’il ne connaissait pas du tout. Il détailla du regard et le trouva anodin, commun. Il ressemblait à une personne que l’on pouvait croiser tous les jours sans s’en rendre compte.

« Bienvenue Sylphus. Je suis désolé de te la souhaiter si tardivement, mais tu n’étais pas si facile que ça à trouver. Bien, je suppose que tu veux retrouver ton étincelle de vie. C’est ce qu’ils veulent tous. »

[Un MDJ peut-il me donner mon épreuve ?]

Mort Acte II Scène 5
Saega

Avant de disparaître, l’homme lui avait dit d’apprendre à se servir de la magie. Et bien, il était mal barré, il n’y connaissait rien. Mais, avant qu’il ne puisse comprendre quoi que ce soit, il se retrouva dans une immense salle. Face à lui, il y avait deux personnes, une femme à l’allure majestueuse et une enfant qui devait être sa fille. La fillette lui rappelait quelqu’un mais il n’arrivait pas à déterminer qui.

"Sylphus ? Que puis-je pour toi ?"
« Je n’en ai aucune idée. Ah si, est ce que vous pouvez me dire ce que je fais là ? »
« Non ! » Le ton était sans appel. « Ce n’est pas mon rôle. »
« Alors, quel est votre rôle ? »
« Ce n’est pas à moi de te le dire, il te faut trouver par toi-même. »
« Euh… vous pouvez m’apprendre à me servir de la magie alors ? »
« Pourquoi ferais-je une telle chose ? Pourquoi devrais-je apprendre la magie à une personne qui n’y connaît rien et qui semble n’avoir aucune affinité avec ? »
« Ah bah, je sais pas moi. On m’a dit d’apprendre la magie et je me suis retrouvé là. Alors je pensais que vous auriez pu m’aider. »
« J’aurais pu t’aider si seulement tu savais les bases. Malheureusement pour toi, je ne m’occupe que des formations avancées. Si tu veux apprendre les bases, il te faut aller dans la prochaine salle. Tu pourras donc revenir uniquement lorsque tes professeurs te jugeront prêt. »

Penaud, il quitta la pièce en jetant un coup d’œil vers la petite fille. Lorsqu’elle remarqua les yeux posés sur elle, la fillette se cacha derrière la robe de sa mère. Seule sa petite frimousse dépassait regardant avec un air curieux l’étranger qui s’éloignait.

L’explorateur arriva donc dans une salle exiguë occupée par de nombreux petits bureaux avec une chaise et envahit par la poussière, à tel point qu’il éternua créant un petit nuage. Le bruit alerta l’unique occupant de la pièce. Il s’agissait d’une jeune femme de l’âge d’Anhiya qui lui ressemblait fortement. C’était en fait Idraya, mais il y a plusieurs années. Saega n’osa pas faire remarquer la ressemblance avec la personne qui l’avait fait venir ici.

« Oui ? Pour quelle raison vient-on me déranger en plein rangement ? »
* En plein rangement ! Mais, on a l’impression que personne n’a mis les pieds ici depuis des siècles ! *
« Ah, je viens car on m’a dit que vous pourriez peut être m’enseigner les bases de la magie. »
« Mais, c’est le cas très cher. Veuillez donc vous asseoir, pendant que j’essuie le tableau. »

Il prit une chaise au hasard, épousseta à la va-vite la poussière dessus et s’assit sagement. Pendant ce temps la jeune Idraya avait débarrassé le tableau des toiles d’araignées et de ces occupantes. Elle chercha dans son bureau une craie et en sortit une qu’elle montra d’un air triomphant.

« Bien, le cours peut donc commencer. Aujourd’hui, nous allons voir… » Elle écrivit sur le tableau. « … les bases de la magie, ou comment faire comprendre le concept qu’est la magie à un abruti fini. »

Saega allait répliquer que ce n’était pas un abruti, mais percevait au fond de lui que ce serait mal venu de le faire. Il sentait que quelque chose de pire que d’être traité d’idiot pourrait lui arriver dans ce cas.

Idraya junior commença son cours. Elle illustrait chaque propos et chaque exemple par un crissement sur le tableau long et douloureux. Cela sembla durer une éternité pour Saega. Il en avait les nerfs en pelote et menaçait de craquer si jamais elle recommençait à écrire sur le tableau. Il poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle posa enfin le bout de craie sur son bureau.

« Bien, maintenant, contrôle écrit. Je vais voir si vous avez bien retenus la leçon d’aujourd’hui. Celui qui aura la plus mauvaise note aura le privilège et l’immense honneur de pouvoir aller rendre visite à notre fou qui loge dans la tour de la folie. » Elle passa entre les tables et s’arrêta au niveau de Saega pour lui donner une feuille. « Vous avez dix minutes pour répondre à toutes ces questions. »

L’explorateur regarda la feuille tandis que le professeur retournait à son bureau. Elle sortit un sablier et le retourna, le sable qui se trouvait dans le compartiment du bas commença à monter. Il pâlit en voyant la quantité astronomique de question sur le bout de papier. La feuille était recouverte des deux côtés par une écriture minuscule. Il lui faudrait déjà plus de dix minutes rien que pour lire toutes les questions.

« Excusez-moi… » Il leva prudemment la main. « …Vous êtes sure que l’on a que dix minutes pour tout remplir ? »
« C’est vrai, vous avez raison. Maintenant, il ne reste plus que neuf minutes et trente-sept secondes. »

Saega paniqua et se replongea dans la lecture de sa feuille.

[MDJs, pouvez vous me dire quelles sont les questions qui se trouvent sur la feuille que Saega tente désespérément de lire ?]


elv': Je reserve les questions

Mort Acte II Scène 6
Saega

Saega se focalisa sur sa feuille. Il avait beau la regarder, il s’apercevait aucune écriture. Il lui fallut réfléchir un peu et la retourner pour enfin voir ce qu’il cherchait tant. Il poussa un cri d’horreur lorsqu’il remarqua que le texte s’effaçait lentement mais inexorablement.

« Euh… pardon de vous déranger, mais c’est normal si les questions disparaissent ? » demanda-t-il prudemment.
« Tu ferais mieux de répondre aux questions encore présentes au lieu d’en poser d’inutiles. » Lui répondit-on sèchement.

Il se replongea dans ces fichus questions. Il aurait bien commencé par le début, mais celle qui disparaissait étaient les dernières. Il arriva à déchiffrer le début de la cinquième : "Le monde est tr…"

*Le monde est tr… quoi ? Très beau ? Très dangereux ? Mais pourquoi il a fallu que je meure, c’était moins compliqué quand j’étais vivant. Ahhhhh, mais ça continue à disparaître. J’ai pas de temps à perdre. *

Il lut la quatrième question : "Comment est apparut la magie ?" Evidemment, il n’en savait rien. Il ne s’était jamais intéressé à la magie. Il aurait continué ainsi longtemps si on le l’avait pas forcé à la comprendre. Même le cours qu’il avait suivi ne l’aidait pas à répondre à cette question. Il décida d’en faire l’impasse, et de toute façon, elle avait disparu.

La troisième question : "Quel usage comptez-vous faire de cette magie ?" Saega pesta intérieurement, il n’avait aucune envie de s’en servir. Il devait juste apprendre à s’en servir, pas nécessairement l’utiliser. Il passa une fois de plus la question ne sachant que répondre et n’ayant aucune envie d’y répondre.

C’était le tour de la deuxième question, elle n’était pas encore entamée : "Supposons que vous maitrisiez un jour un potentiel illimité, ce qui n'arrivera pas, surtout pas à vous, que ferez-vous avez ceci ?" Il se demanda pourquoi on lui posait cette question. Pourquoi voulait-on savoir ce qu’il voudrait faire avec des pouvoirs qu’il n’aurait jamais. Il commençait à trouver les questions de plus en plus irritantes et surtout inutiles. Elles n’avaient quasiment aucun rapport avec la magie ou tout du moins avec ce qu’il venait d’apprendre. Mais, bon, il n’avait plus le temps, la question disparaissait rapidement. Il passa donc à la dernière, ou première.

"Toutes les espèces sont potentiellement sensibles à la magie. Bien que vos cerveaux de gigolo n’y soient pas adaptés, pouvez vous me citer le nom d'un des grand dieux magicien de ces terres." Enfin, le jeune homme poussa un soupir de soulagement. Il avait la réponse, la femme la lui avait donnée pendant le cours. Les lettres de l’ultime question se désagrégeaient lentement. Il avait tout juste le temps d’inscrire la réponse. Le temps de trouver de quoi écrire et le tour était joué. C’est justement au moment où il voulut prendre ce qui servait à écrire qu’il remarqua qu’il n’y avait rien de prévu pour cela.

« Euh… Excusez-moi, mais il n’y a rien pour… »
« Hop ! C’est fini ! Rendez-moi vos copies, sur-le-champ ! »

Saega regarda d’un air pitoyable la feuille vierge qui trônait au milieu de son bureau. Il la saisit fébrilement et la tendit à la jeune Idraya lorsqu’elle passa dans les rangs. Il évita soigneusement de croiser son regard. Il fixait son bureau tandis qu’elle regagnait le sien. Il ne lui fallut pas longtemps pour corriger la copie de l'unique élève.

« Tu aurais pu faire au moins l’effort de répondre à la première question Sylphus. On a vu ça tout à l’heure. » dit-elle sur un ton de reproche.
« Mais, c’est pas ma f… »
« Je ne veux rien savoir. Je connais ton niveau maintenant. Il est plus que pitoyable. Même un enfant de cinq ans aurait pu répondre à plus de questions que toi. Je n’ai donc plus le choix, il va falloir intensifier les cours. Tu ne partiras pas d’ici tant que tu n’auras pas les connaissances que j’aurais jugées utiles que tu saches. »

Saega soupira, il commençait à être fatigué. Il lui tardait d’aller se coucher. Mais, il avait l’impression qu’il ne rejoindrait pas un lit de si tôt. Il allait devoir prendre son mal en patience. Il pourrait toujours essayer de piquer un somme pendant une leçon en espérant qu’elle ne s’en rende pas compte.

« Bon, alors, la leçon d’aujourd’hui sera… » Elle prit une craie et écrivit sur le tableau : Comment faire entrer dans la tête d’un débile profond des notions basiques sur la magie. « J’espère pour toi que tu seras attentif. » Lança-t-elle avec un regard entendu.

Mort Acte II Scène 7
Saega

Et c’était parti pour une nouvelle leçon. Saega sentait qu’il allait souffrir pendant le temps qu’elle durerait. Surtout après avoir lu le titre du cours. De plus, il avait l’impression qu’Idraya junior avait lue dans ces pensées lorsqu’il avait songé à dormir un peu.

« Bien, de prime abord, il faut que tu sache que la magie est… magique évidemment. Donc, une personne qui ne croit pas en la magie n’a aucune chance de pouvoir la maîtriser. Crois-tu en la magie, Sylphus ? » Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et continua. « La magie nous entoure en permanence. Là, par exemple, si tu le voulais, tu pourrais l’utiliser pour faire léviter ton bureau. Mais bon, même si tu le désirais, tu en serais incapable, tellement ton niveau de compréhension magique est affligeant. Je vais exceptionnellement te montrer la lévitation. »

Elle ferma les yeux, tendit un bras et resta ainsi quelques secondes. Saega s’impatientait ne voyant rien arriver. Il se mit à penser que le professeur ne savait peut être pas faire de magie. Idraya junior fixa son élève d’un air méchant. Puis, elle libéra son sort. Le bureau se mit à prendre de la hauteur. Mais, il n’était pas le seul, la chaise sur laquelle Saega se tenait aussi.

« Voilà, on peut reprendre le cours à présent. Et arrête de gesticuler comme ça dans tous les sens, tu vas finir par tomber. Concentre-toi un peu plus sur la leçon au lieu de penser au fait que tu te trouves à un mètre du sol. »

Le cours reprit et dura plus de deux heures. Saega ne put se focaliser dessus, se pensant qu’à une chose : ne pas tomber. Il trouvait que la chaise penchait dangereusement sur le côté et voulait le faire tomber. Aussi, passa-t-il les deux heures à contrebalancer cet effet pour rester sur son siège. Idraya junior ne prit même pas la peine de faire un test des connaissances de Saega sachant de suite qu’il rendrait une copie blanche.

« Bon, la leçon est finie. On peut passer à la suite. Pour le prochain cours, je vais laisser la place à dame Mirilyana. Elle se fera une joie de t’enseigner ces connaissances, enfin au moins d’essayer. »

La femme quitta la pièce pour aller dans celle d’où était venu Saega. Entretemps, Le bureau et la chaise reprirent leur place habituelle, sur le sol, au grand soulagement du jeune homme. Son premier réflexe fut de se lever pour quitter la pièce avant l’arrivée de ce nouveau professeur afin d’avoir un instant de répit pour enfin se reposer. Il se précipita dans la direction opposée de celle qu’Idraya junior avait empruntée. Il avait aperçut une sortie possible aussi essaya-t-il de s’y engouffrer. Malheureusement pour lui, il n’en eu ni le temps ni l’occasion. Mirilyana venait d’arriver par sa sortie et la bouchait.

« Enchantée, je me nomme Mirilyana. Je suis venu suite à la demande d’Idraya. Il parait que je dois m’occuper d’un élève aux capacités intellectuelles très restreintes et aux facultés d’apprentissage proche du néant. » Elle regarda le garçon qui la fixait d’un air médusé ayant vu sa dernière chance de fuir réduite à zéro. « Je parie qu’il doit s’agir de toi. Je le vois à ton air d’ahuri. Bon, allez va t’asseoir à ta place. Je vais commencer la leçon. »

Saega d’un air abattu rejoignit sa place en traînant les pieds. Il espérait que cette fois le cours se passerait sans qu’il quitte le sol. Il prit place derrière son bureau et Mirilyana devant le tableau noir. La leçon allait malheureusement pouvoir commencer.

Mort Acte II Scène 8
Saega

« Bien, je me présente. Je suis Mirilyana, je suis ici pour t’apprendre comment maîtriser la magie. Ca ne se fera pas en un jour ainsi la première chose que je t’enseignerais sera la patience. Bon, avant que la leçon ne commence, si tu as des questions pose-les. »

Saega se mit à réfléchir aux questions qu’il pourrait poser à la femme. Il avait beau chercher, il n’en trouvait pas, enfin aucune n’ayant de rapport direct avec la magie. De plus, il ne voyait pas en quoi être patient pouvait l’aider à comprendre la magie.

« Le cours va durer longtemps ? Parce que je suis crevé et que j’ai envie de dormir. »

Mirilyana ne répondit pas. Elle se retourna et écrivit au tableau : Les vertus de la patience. Bon, ça voulait dire que le cours avait débuté. Mais, le jeune homme se demandait combien de temps il allait devoir attendre. La femme s’assit sur son bureau les jambes en tailleur. Elle fit apparaître par magie un livre (en fait elle l’avait déjà dans les mains, elle a juste rendu au bouquin sa taille initiale car lire un ouvrage d’un centimètre n’est pas très évident), puis se plongea dans sa lecture.

« Je dois attendre longtemps ? C’est juste pour savoir comment je vais m’organiser. »

Evidemment, aucune réponse ne parvint aux oreilles de Saega. Il commençait à en avoir de ce mutisme, il regrettait presque l’absence d’Idraya junior qui ne faisait que le rabaisser. Au moins, il ne s’ennuyait pas en sa présence. Bon, quitte à ne rien faire, autant le faire bien. Contentieusement, il croisa ces bras sur son bureau, puis cela fait posa délicatement sa tête dessus. Il ne perdit pas son temps et s’endormit de suite.

Pour la première fois depuis que l’œuf dans lequel se trouvait le fulvéo avait éclos, Saega ne se retrouva pas dans son univers onirique. Il faisait ce que les gens normaux font, il rêvait normalement. En fait d’un rêve, il se trouvait dans un espace noir, sans limite. Il était seul, sans rien à faire. Même dans ces rêves, il s’ennuyait. Le jeune homme commençait à comprendre ce que la femme voulait. Elle voulait qu’il meurt d’ennui, comme ça, elle n’aurait pas à s’en occuper. Mais, maintenant qu’il avait compris, Saega n’allait pas se laisser faire.

Il se réveilla et s’étira. Ces muscles étaient endoloris, la position qu’il avait prise n’étant une des plus confortables. Devant lui, Mirilyana ne semblait pas avoir bougé. Bien, elle allait voir ce qu’il en coûtait de le chercher. Il prit d’un geste brusque la copie blanche qu’Idraya lui avait rendue. Il la roula rageusement en boule puis d’un geste ample la lança en cloche vers l’enseignante. Quelle ne fut sa surprise lorsqu’il vit le projectile en papier traverser purement et simplement la femme.

Etonné, il se leva et s’approcha d’un air suspicieux de Mirilyana. Il se planta devant elle et voulu lui piquer son bouquin. Sa main se referma sur de l’air. Maintenant qu’il faisait attention, elle lui semblait bien transparente comme personne. Il parvenait à entrapercevoir le tableau noir à travers son corps. Il était entrain de regarder avec attention cette image tridimensionnelle de Mirilyana, lorsque la vraie fit irruption dans la classe.

« Mais, c’est quoi ça ? » Demanda Saega en pointant la personne sur le bureau et regardant la femme qui s’approchait de lui.
« Ca, comme tu dis, c’est ce qu’on appelle une illusion. C’est une image que mon esprit a créé et que la magie a matérialisée. Si tu veux, je peux te faire un dragon. »
« Un dragon… Mais, j’en veux pas de votre dragon. Je veux savoir pourquoi j’ai dû attendre ici sans rien faire alors que vous… vous… Mais au fait, vous faisiez quoi ? »
« Je t’enseignais la patience. Et tu ne peux pas savoir à quel point c’est ennuyeux. Tu sais combien de temps j’ai dû attendre derrière CETTE porte ? »
« Euh… je sais pas, je… »
« Non, mais pourquoi je dois faire ça moi ! » Se plaignit Mirilyana sans se soucier de la présence de Saega. « Quatre heures, j’ai dû poiroter quatre heures derrière cette fichue porte avant que cet imbécile se remarque quelque chose. Pourquoi Idraya m’a appelée ? Elle sait pourtant que je déteste faire ça ! Pourquoi je dois toujours m’occuper des minables ? Elle sait pertinemment que j’ai autant de patience qu’un petit coureur frénétique blanc-rouge des marais d’Amresia. Raaah, mais aussi pourquoi je suis restée derrière la porte à attendre ? J’aurais vraiment dû utiliser un glyphe d’alarme qui m’aurait prévenue si l’autre débile avait bougé. J’aurais vraiment dû refuser, mais qui peut refuser quelque chose à Idraya. Pas moi en tout cas… »

La complainte de Mirilyana dura encore bien plus longtemps. Temps pendant lequel, elle rabaissa Saega, maudit Idraya ainsi qu’elle-même. Le jeune homme prit son mal en patience, grimaçant à chaque reproche que la femme lui faisait. Elle ne semblait pas faiblir, débitant ces plaintes avec un flot constant. Elle noyait le jeune homme sous ces paroles. Au bout du rouleau, il se décida finalement à partir, se disant qu’elle ne remarquerait pas son départ. Bien évidemment, il avait tort.

« Tu vas où comme ça ? Je ne t’ai pas autorisé à quitter la pièce que je sache. »
« Je pensais que vous étiez trop occupée à vous plaindre pour continuer la leçon. »
« Je suis toute à toi maintenant. Alors, dis-moi, qu’as-tu appris lors de ce cours ? »
« Bah… Euh… Je ne vois pas. Ah, si j’ai appris ce que signifiait l’ennui. »
« Très bien, si tu le prend comme ça. Je vais changer de méthode alors. Tu vois ça ? » Elle ouvrit sa main et planant légèrement au-dessus se trouvait une petite boule sombre semblant absorber la lumière. « Je vais la mettre au milieu de la pièce. Il s’agit d’un dévoreur universel. Il absorbe tout ce qui se trouve à sa portée. Et plus il mange, plus il grossit. Ton épreuve sera de ne pas te faire manger. Bon, allez, bonne chance. »

Elle se dirigea vers la sortie, ouvrit la porte, et quitta la pièce. Avant de refermer la porte, elle prévint Saega que toutes les sorties étaient bloquées. Et pour confirmer ces dires, le jeune homme entendit un cliquetis métallique provenant des deux portes. Il était seul à présent et surtout mal barré. Il se demandait comment il allait pouvoir s’en sortir. Si Hysturyl avait été là, il aurait peut être pu l’aider.

« Tu devrais utiliser les mathématiques pour résoudre ce problème. » Prononça une voix grave et autoritaire.

Mort Acte II Scène 9
Saega

Saega sursauta en entendant la voix. Il avait fortement envie de regarder qui lui avait fait peur, mais il craignait qu’en détournant le regard de la sphère noire, celle-ci en profite pour l’engloutir. Pourtant, par un grand effort de volonté, il parvint à se soustraire de la contemplation du dévoreur universel. Derrière lui (enfin devant lui maintenant) se tenait un géant. Non pas un homme très grand, mais un géant. La créature ayant une taille de cinq mètres et des poings capables de briser un mur sans effort. Il y avait un détail différent par rapport aux géants dont le jeune homme avait déjà entendu parler autour du feu dans son village, celui qui lui faisait face avait prononcé des mots intelligibles. Pourtant, on lui avait toujours dit que les géants avaient une cervelle de cruche à crête kaki (un oiseau très rare car ayant tellement peu d’intelligence qu’il ne sait pas comment survivre) même si ce n’était pas flatteur pour les volatiles.

« Qui êtes-vous ? demanda Saega en levant la tête à tel point que ces cervicales menaçaient de rompre à tout moment. »
« Moi ?… Je suis… (s’en suivit un bruit long et douloureux de raclement consciencieux de pierre). »
« Hein !? Je suis désolé, mais j’ai pas compris la partie après krtch’tkt. »
« Ah, désolé, répondit-il d’une voix lasse mais tout de même forte. Je crois que dans ton langage, mon nom est Pierre qui roule du haut de la montagne en la dévalant à toute berzingue et en entraînant dans son sillage diverses roches avant de finir dans le ravin. Mais, tu peux m’appeler Pierre. »
« Euh bah d’accord, je vais vous appeler Pierre. De toute façon, je ne me rappelle plus du reste de votre nom. Sinon, vous parliez de mathématiques. C’est quoi ? »
« Il s’agit de quelque chose de très compliqué que tu n’as aucune chance de comprendre. Mais, si tu fais des efforts, beaucoup d’efforts, tu pourras peut être apprendre suffisamment pour ne pas te faire engloutir par la boule qui se trouve derrière toi et qui a grossi pendant la discussion. »
* Pourquoi tout le monde me prend pour un débile, j’en ai marre moi. Si ça continue, je vais finir pas me barrer de cet endroit qui me gonfle. *
« Et je dois savoir quoi pour ne pas me faire bouffer par ce truc ? demanda le jeune homme d’un ton plus sec (le genre de ton suffisamment sec pour que Saega s’enflamme au contact de la moindre étincelle) qu’il ne l’aurait voulu. »
« Je pourrais te dire qu’il te faut découvrir cela par toi-même, mais cela serait une mauvaise plaisanterie. Bon, est-ce que tu connais la magie des nombres ? »

Trop tard, la question était déjà posée, bien que le géant sache instinctivement la réponse que l’explorateur allait donner. C’est donc sans surprise qu’il entendit le mot « non » franchir les lèvres de Saega. Pierre commençait à se sentir las, très las. Le temps allait lui paraître long. Il se racla la gorge, et Saega dut se boucher les oreilles pour ne pas devenir sourd pour le reste de sa vie. Un bureau se fendit sous l’effet du raclement de gorge et fut aspiré par la boule noire qui l’avala et grossit.

« Bon ! s’exclama le géant d’une voix faible. On va commencer par les additions, on devrait avoir le temps pour ça. Et arrête de fixer ce dévoreur universel, il ne va pas te bouffer, enfin pas tout de suite. »

Saega se retourna une nouvelle fois pour observer le colosse. Mais, il ne pouvait pas le regarder dans les yeux, il avait trop mal au cou. Seulement le fait de ne pas voir plus haut que le genou d’une personne était assez frustrant. En pensant à la taille gigantesque du géant, il se demandait comment Pierre faisait pour rester debout dans une pièce qui lui avait semblé auparavant d’une taille normale, il devrait normalement avoir la tête qui dépassait du plafond. Pourtant, il avait beau lever la sienne, le géant était debout, droit et ne touchait pas le plafond. Plus, il l’observait plus il avait l’impression que le géant de cinq mètres ne mesurait pas plus de trois mètres (hauteur à laquelle trônait le plafond), mais dans les tréfonds de son esprit, il savait que l’être qui était devant lui faisait vraiment cinq mètres, à moins que ce ne soit six, il n’en était pas vraiment sûr.

« Je t’aurais bien dit d’aller d’asseoir à ta place, mais je n’ai pas particulièrement envie que mon élève (il avait prononcé ce mot avec fierté – ce n’est pas tout les jours que les géants ont des élèves, surtout des aussi petits – mais aussi avec dégoût, ennui et agacement – Saega n’est pas vraiment l’élève idéal non plus) se fasse dévorer par le dévoreur (et oui, il arrive que les géants fassent de l’humour, mais c’est très rare et la plupart du temps, on ne le comprend pas). Il y a une propriété importante à connaître lorsque l’on fait des additions, le résultat ne correspond pas forcément à la somme des nombres composant l’addition. Bon, c’est le cas la plupart du temps, mais pas tout le temps. Bon, à voir ton air ahuri, tu n’as rien compris. Je vais donc te donner des exemples. Un plus un, ça fait… deux. Mais, ça peux aussi faire onze, trois, dix, zéro et bien évidemment… »

Saega écoutait attentivement, mais ne captait rien. Les mots entraient par une oreille et ressortaient par la même, ce qui provoquait un immense embouteillage et quelques carambolages. Dans l’accident, plusieurs mots périrent dans d’atroces souffrances. Le jeune homme s’était arrêté sur le fait que un et un faisait zéro. Il n’était pas doué pour le calcul, mais pourtant cela le chiffonna, lorsque l’on avait une flèche plus une flèche, cela faisait… bah deux flèches, pas zéro, sauf si évidemment il les tirait, mais surtout pas trois, même en les cassant (une flèche cassée en deux, ça fait toujours une flèche – bon, elle est en deux morceaux, mais ça compte pas – voire zéro car elle est inutilisable et alors on ne peut plus vraiment la considérer comme une flèche).

« Ca fait deux ! lança Saega avec conviction, enfin autant qu’un barbare pourrait en avoir s’il se retrouvait encerclé par des dizaines d’orcs et leur criait qu’il allait tous les poutrer. »
« … un. Pierre soupira, il avait affaire à un abruti complet (enfin non car bien que Saega puisse être comparé à du jambon, il n’était pas suffisamment gras pour avoir le beurre, ni assez prévoyant pour avoir du fromage et du pain avec lui). Bon, je crois que je vais devoir recourir à des exemples encore plus simples. Imagine une goutte d’eau, puis encore une autre. Tu as une goutte plus une goutte, ça te fait deux gouttes. Mais, si tu les réunis, ça te donne une goutte, d’où le un plus un égal un. Un autre exemple, prend un homme, puis une femme. Si tu les laisses suffisamment longtemps ensemble dans la même pièce, il peut se passer plein de choses. Premièrement, s’ils ne s’entendent pas, ils vont s’entretuer, donc tu as ton un plus un égal zéro. Bon, il se peut qu’ils s’entendent assez bien, et peuvent après un temps plus ou moins long donner naissance à un enfant. Ca fait que un plus un égal trois. Evidemment, il peut y avoir une sorte d’alchimie en l’homme et la femme et ils peuvent décider de continuer après la naissance du premier enfant, et en avoir beaucoup d’autres, ce qui peut donner un plus un égal à dix ou onze. »
« Euh, c’est quoi le rapport avec la magie ? »
« Le rapport ? Si tu ne le vois pas, pourquoi te le dirais-je ? »
« Hein, mais… je croyais que vous étiez là pour m’aider. »
« Mais, je t’ai aidé en disant que tu pouvais t’échapper en utilisant les mathématiques. Après cela ne dépend que de toi. Même si là tu es bien parti pour te faire engloutir. Enfin rassure-toi la sphère noire n’a pas encore dévoré plus de la moitié de la salle. »

Devant l’air toujours aussi ahuri de l’explorateur, le géant se dit en lui-même qu’il n’avait pas le choix (enfin si on a toujours le choix, même si la plupart du temps il n’y en a qu’un), il avait devoir aider le nabot.

« Mets-toi à l’abri, donc loin de moi et du dévoreur. »

Pierre commença dans un craquement de muscles et un bruit assourdissant d’avalanche à plier ses genoux pour s’installer en tailleur sur le sol. Il se mit à prononcer des paroles étranges, telles que « ... en tenant compte du postulat du sage Rimnus, selon lequel la fraction de vide manquant en expansion dans l’espace dépend de la concentration en… » ou bien « ... la contraction alternative expansive aléatoirement de Clirtrack réunie avec la fonction de la continuité en fonction du jour, de la masse absorbée, et du débit résorbé… ». Devant lui, il traçait dans les airs des symboles à priori occultes et magiques. Les formules de mathématiques magiques serpentaient et tourbillonnaient autour de Pierre.

Saega s’était planqué dans le coin de la pièce le plus éloigné à la fois du mathématicien et de la boule noire qui grandissait de seconde en seconde. Il se trouvait près d’une porte qu’il n’avait encore pas remarquée. Il se demandait s’il pourrait l’emprunter.

Mort Acte II scène 10
Saega

Le géant disparaissait derrière toutes les formules mathématiques qui tourbillonnaient autour de lui. De temps en temps, on pouvait apercevoir une partie de son corps, mais le tourbillon se faisait plus dense au fur et à mesure que Pierre calculait. Ce qu’il calculait, seuls les dieux le savaient, enfin non, même pas, ils s’en contrefichaient. Puis, dans un petit souffle d’aspiration, les formules cessèrent de tourner autour de Pierre et se firent engloutir par le dévoreur.

« Bon, d’après mes calculs et en tenant compte de la vitesse d’expansion suivant la loi de Yksse, le grand-mage fondateur de l’école de la pensée numérique, le dévoreur universel devrait engloutir la pièce dans environ vingt-quatre minutes, trois secondes et dix-neuf centièmes. »

Mais, le géant parlait dans le vide, Saega n’était plus dans la pièce. Il haussa les épaules, le craquement qui s’en suivit fendilla la sphère noire. Il claqua des doigts, enfin il essaya. Vous avez déjà essayé de faire claquer deux morceaux de silex ? Bon bah, vous comprenez maintenant pourquoi le cadre du tableau prit feu en un instant. Les flammes disparurent aussi vite qu’elles étaient apparues, le dévoreur pouvait se révéler utile en cas d’incendie. Pierre inspira profondément, puis souffla en direction de la boule noire. Un mince filin argenté sortit de la bouche du géant et serpenta jusqu’au dévoreur qui le happa. Le fil était tendu, et la sphère grossissait rapidement. Mais, juste avant, de par sa taille, toucher le géant, elle implosa et disparut en silence. Pierre se permit un petit sourire et quitta la pièce.

A présent, revenons à Saega. Ce dernier avait à sa grande surprise réussit à ouvrir la porte. Ni vu, ni connu, il s’était engouffré dans l’espace vide situé derrière et referma la porte au passage. Il fallut un peu de temps avec que ces yeux s’habituent à l’obscurité environnante. Il se trouvait dans un escalier qui semblait monter en colimaçon. Il prit son courage à deux mains, et grimpa les marches une par une (pas par plus d’une car sinon il se serait fatigué trop rapidement). Malgré le fait de monter les marches seulement une par une, il avait le souffle court lorsqu’il atteignit la fin du calvaire vingt minutes plus tard.

La porte devant lui semblait normale, mais pas les bruits qu’il filtrait à travers. Enfin normale, pas vraiment, elle n’avait pas de poignée. Alors qu’il se demandait comment il allait faire pour entrer (même s’il n’était pas vraiment après avoir entendu les bruits qui provenaient de derrière la porte), il s’adossa contre la porte pour reprendre son souffle. Il bascula en arrière lorsque la porte et s’étala de tout son long sur le sol gelé.

Il se releva promptement et se tenant son postérieur endolori. Il se retrouva nez-à-menton avec une personne. La surprise le fit reculer. Il se retrouva contre la porte qui s’était déjà refermée. L’homme qui se tenait devant lui, le regardait attentivement, la tête penchée sur le côté. Mais, le plus étrange, c’était son sourire extatique qu’il arborait joyeusement.

« Bonjour, je suis le fou de la tour de la folie, annonça gaiement le fou. »
« Et moi, je suis Saega de… bah je me rappelle plus. »
« Dis-moi, ça te dirait de jouer à comme qui dirait… un jeu ? demanda mystérieusement le fou. »
« Quelle sorte de jeu ? »
« Justement, le but du jeu, c’est de trouver de quelle sorte de jeu il s’agit. »
« Et je fais comment pour trouver ça ? »
« Comme tu veux, à toi de voir. Tu peux même me torturer si ça te fait plaisir. »
« Mais, j’ai pas envie de vous torturer ! s’exclama Saega. »
« Dans ce cas, je laisse à ta disposition mon compagnon d’infortune, Kwaï. »
« C’est qui Kwaï ? »
« C’est mon araignée au plafond. »

Le fait d’entendre son nom prononcé plusieurs fois réveilla l’arachnide. Elle se laissa descendre nonchalamment le long de son fil. Kwaï s’arrêta à leur hauteur, entre les deux hommes. Elle se tourna pour regarder l’explorateur. Elle était dans une drôle de position, elle avait les sept pattes en l’air, la huitième avait fichu le camp depuis longtemps. Elle aussi souriait béatement. Il y avait aussi un autre détail important, elle mesurait presque un mètre.

« Bonsoir humain. Que puis-je pour toi ? Dois-je te manger, te paralyser, te tuer, m’amuser avec toi comme avec une proie, t’assister dans le jeu de Wnoc, t’aider à quitter cette tour ? A moins que ta préférence n’aille autre part. »
« Euh, c’est qui Wnoc ? »
« Il ne s’agit que de moi, lança joyeusement le fou en sautant en l’air. »
« Bon, bah alors je veux bien de votre aide Kwaï. »
« Chouette, enfin quelqu’un qui veut jouer avec moi, s’exclama Wnoc en tapant dans ces mains. »
« Quoi ?! cria Saega abasourdi. Je pouvais refuser ? »
« Il ne t’a pas forcé d’aucune manière que ce soit, déclara d’un ton monotone Sept-pattes. »
« Bon d’accord, je vais jouer, abandonna le jeune homme. Mais, est ce que je pourrais au moins avoir un indice, s’il vous plait ? »
« Mais bien sûr, c’est pas souvent que quelqu’un vient avec moi, sans te vexer Kwaï. Alors je peux bien faire un effort. »

[Si un MDJ veut bien faire la suite en donnant par exemple l'indice à Saega et en s'amusant avec le fou et l'araignée ^^]

Comme tu peux le voir, il manque une patte à Kwaï. On va devoir la retrouver. Annonça fièrement Wnoc.

L'araignée lâcha alors son fil et tomba sur le sol. Avec l'agilité d'un chat manchot, elle tenta de pivoter pour retomber sur ses pattes. Comme un chat manchot, elle se rata et s'écrasa par terre. Elle se releva et une de ses sept pattes quitta ensuite le sol pour se gratter le sommet du ... on va appeler ça un crâne.

Tu te souvient ce qu'on en a fait Kwaï ? Demanda Wnoc.
Eh bien c'est lors de notre dernier jeu. Je l'ai perdu mais ... Jme souvient plus comment ... Répondit Kwaï.
Ah si. On jouait à qui se bouffera en premier. Jt'ai mangé la patte je crois ... Et comme ça faisait mal, on a arrêté de jouer ... Continua Wnoc avant de rire bêtement.
Oui, c'est ça. Jme souvient maintenant. Acheva l'araignée.

Un silence s'installa ensuite. Le jeu venait d'en prendre un coup. Il fallait trouver autre chose.

Si on jouait à ni oui ni non ? Proposa Kwaï.
Oh oui ! S'exclama Wnoc.
Bwahaha, t'as perdu Wnoc ! Constata l'araignée. Tu veux jouer Saega ? Demanda-t-elle ensuite.

Mort Acte II Scène 11
Saega

« Jouer à quoi ? questionna Saega qui n’avait pas tout suivi. »
« Mais à ni oui ni non, bien évidemment. »
« Eh, t’as perdu Kwaï, rigola Wnoc. »
« Ah ouais, c’est vrai. »

Le fou et l’araignée partirent dans un fou rire laissant le jeune homme interloqué.

« Bon alors le jeu, on le continue ? »
« Oui, oui, répondit le fou. Aaaaaaaaah ah ah, j’ai encore perdu. »
« Tu es vraiement nul Wnoc. »
« Non, c’est toi. Pffffff, je encore dis non, j’ai re-perdu. »

Wnoc et Kwaï ne pouvaient s’arrêter de rigoler. Et l’explorateur qui se demandait ce qu’il allait bien pouvoir faire. S’il restait avec eux, est ce qu’il allait devenir aussi bizarre qu’eux ? Il se dirigea rapidement vers la porte, tourna la poignée, puis se rendit compte qu’à la place de la poignée, il serrait la main de Wnoc.

« Tu veux déjà partir ? demanda tristement le fou sans se départir de son sourire. »
« Bah… euh… je sais pas. J’aimerais bien revivre, mais je dois apprendre la magie et tout le monde dit que je suis nul. »
« Mais, ce n’est que la vérité. Tu as autant d’affinité avec la magie que moi avec la sanité d’esprit. »
« Mais, tu es fou, remarqua Saega. »
« C’est bien ce que je disais, tu as aucune chance d’apprendre la magie. »
« Mais alors, je ne vais pas pouvoir récupérer mon étincelle de vie ? »
« Bah non… »
« Bouahahah, tu as encore perdu Wnoc, pouffa l’araignée. »
« Au ouais, c’est vrai, pfffff. »

Et les revoilà partis pour un nouveau tour. Cette fois, les larmes du fou étaient des larmes de joie. Saega restait immobile ne sachant que faire face à ces deux êtres. Il louchait dans le vide lorsqu’il vit l’une des larmes de Wnoc s’écraser lamentablement au sol. Le liquide scintilla au contact de la poussière recouvrant la pierre, puis disparut dans une explosion lumineuse verte. Une autre larme. Oh la belle bleue ! Encore une autre. Tiens, il est beau le papillon ! A chaque larme touchant le sol, une nouvelle explosion de couleur se formait, chacune d’une couleur et d’une forme différentes. Le jeune homme se pouvait détacher son regard de ce spectacle insolite.

« Bon allez, soyons sérieux un instant, dit le fou en essayant de se retenir de rire, une autre larme perlant le long de sa joue avant de finir en éléphant rose s’envolant en atteignant le sol. »
« D’accord Wnoc, pouffa Kwaï. Enfin, comment tu veux être sérieux avec un nom pareil ? »
« Mais, j’aime bien ce nom moi, sourit le fou. Et tu crois que Kwaï, c’est mieux ? »
« Oui, bien sûr. Et toi, le nouveau, tu en penses quoi de nos noms ? »

Saega avait l’impression que cette question puait le piège à plein nez, que quelque soit la réponse, il se ferrait avoir. Il se dit l’espace qu’un instant qu’il n’aurait pas dû sauver Anhiya, mais la honte fit son apparition et la mauvaise pensée prit ces jambes à son cou horrifiée avant de mettre fin à sa vie en se jetant dans la mer des idées. N’ayant pas vraiment le choix (enfin si, il pourrait essayer de s’enfuir, mais il n’y avait aucune sortie), il décida de répondre.

« Je les trouve très bien, mentit Saega avec difficulté, le visage rouge. »
« C’est vrai ? Merci beaucoup. Pour te récompenser de ta franchise, je vais te faire un cadeau. Viens, près de la fenêtre, je dois te montrer quelque chose. »

Le jeune homme n’avait pas vu qu’il y avait une fenêtre, et pourtant il avait regardé partout cherchant un moyen de sortir. Il suivit donc Wnoc, près de l’ouverture et regarda dehors. Il eut le malheur de diriger son regard vers le bas. Il se mit à panique, mais parvint à se ressaisir. Le fou montra à Saega l’horizon, puis pendant que le jeune homme regarda au loin, il sentit que ces pieds quittaient le sol. Puis, il ressentit l’air lui fouetter le visage violemment, il tombait.

L’explorateur ne toucha pas le sol, enfin pas comme il s’y attendait, c'est-à-dire violemment. Il atterrit doucement aussi légèrement qu’une plume, en fait exactement qu’une plume. Son corps se mouvait en suivant le mouvement d’un balancier invisible qui descendait progressivement. Le sol qu’il touchait avec son postérieur était chaud sans être brûlant et rugueux.

Le temps qu’il se remette sur ces deux jambes, l’homme qu’il ne connaissait pas mais qu’il avait rencontré plus tôt et qui lui avait demandé d’apprendre à se servir de la magie se tenait devant lui et le fixait d’un air déçu.

« Tu me déçois Sylphus, tu ne veux donc pas récupérer ton étincelle de vie ? »
« Si, mais j’ai eu beau essayer, je comprends toujours rien à la magie. Vous pouvez me donner une autre chance ? »
« Peut être bien… »

Une lueur d’espoir passa dans les yeux de Saega.

[MDJs, pouvez-vous me faire la réponse de l'inconnu. Me donne-t-il une nouvelle quête ? (Ca m'arrangerait bien ^^) Si oui, quelle est-elle ? Vous pouvez aussi donner une pénalité à Saega pour ne pas avoir réussi à faire sa quête.]

« Peut être bien … mais peut-être pas. » Dit-il avant de disparaitre.

Autour de Saega, tout commença à tourner. Rapidement, rien ne fut visible pour l'explorateur, tout allait trop vite. Puis la vitesse de rotation faiblit. Il put commencer à distinguer quelques éléments. Rapidement, il se rendit compte qu'il se trouvait dans la même pièce que lors de sa première énigme. La voix de l'ange s'éleva alors à nouveau dans les airs malgré qu'il ne soit plus présent dans la pièce.

« Mais avant de te donner une nouvelle chance, prouve moi que tu as un cœur. »

Contrairement à la première fois, Idraya n'était pas présente. La petite fille rousse l'était par contre. Elle était seule et pleurait. Quand elle vit Saega, elle s'en alla se cacher derrière une table, effrayée.

Mort Acte II Scène 12
Saega

« Mais avant de te donner une nouvelle chance, prouve moi que tu as un cœur. »

Saega se trouvait dans une salle qu’il connaissait un peu lorsqu’il entendit ces paroles. C’était la pièce dans laquelle l’ange l’avait déjà envoyé pour discuter avec Idraya. Seulement, à présent la mage n’était pas là. Il y avait uniquement sa fille, Anhiya, qui se cachait. L’enfant semblait avoir peur du jeune homme. Evidemment, Saega se demandait pourquoi Anhiya, bien qu’il ne sache pas qu’il s’agissait d’elle, était effrayée par lui.

Il s’approcha de la table derrière laquelle la fillette cherchait à se cacher. Mais, dès qu’il se trouva trop près, elle poussa un petit cri, et s’enfuit. Elle trouva refuge derrière une massive colonne en marche blanc crème. Saega pouvait apercevoir la frimousse apeurée de la petite fille. Il se devait encore à quoi était due la mine effrayée d’Anhiya. Il se retourna pour voir s’il n’y avait pas quelqu’un ou quelque chose qui pouvait faire peur. Mais, il était seul. Il dut se rendre à l’évidence que c’était lui que l’enfant craignait.

« N’aie pas peur de moi, chuchota Saega le plus faiblement possible pour ne pas effrayer l’autre occupante des lieux. »

Malheureusement pour lui, l’acoustique de la pièce était très spéciale. Plus on parlait faiblement, plus les paroles étaient transmises fortement. C’est donc logiquement qu’Anhiya eut l’impression de se faire gueuler dessus. Elle se replia sur elle-même. Elle cherchait un moyen d’échapper à ce monstre qui voulait la manger (oui, les enfants ont beaucoup d’imagination). Et finalement, n’en trouva qu’un seul.

Le jeune homme d’abord étonné par le volume de ces paroles se ressaisit et se dirigea vers la colonne. A son grand étonnement, Anhiya ne s’était pas encore enfuit. Il trouvait cela ça louche, mais ne l’empêcha pas de se rapprocher encore. Alors qu’il atteignit la cachette, la fillette surgit devant lui et le fixa avec un air de défi. Il tendit la main pour lui demander de venir. Ce qu’il ne comprit pas, c’est pourquoi il eut soudainement très mal à la main. Il la ramena à la hauteur de son visage et put y voir des petites marques de dents assez profondes. La blessure formait un demi-cercle presque parfait, deux des traces de dents étaient un peu plus éloignées que les autres. Cela signifiait que la fillette avait dû perdre une dent récemment, mais ça n’avait aucun rapport avec le fait qu’elle ait mordu Saega.

Anhiya avait profité de l’ouverture pour continuer sa fuite. Elle avait quitté la salle avec facilité profitant du fait que l’explorateur devait soigner sa blessure. N’ayant aucun matériel de soin, il se contenta de lécher sa plaie pour au moins enlever le sang en trop et après de s’essuyer avec sa veste. C’est ainsi que l’explorateur explora la grande pièce de fond en comble pendant plusieurs heures sans rien trouver. Enfin si, il trouva quelques choses diverses et variées mais sans intérêt pour lui, telles le bâton de Lyn, Admalia, la hache de la brume, ou bien Illumina, l’épée de la lumière. Ces objets, il les avait jetés là où il les avait trouvés ne lui étant d’aucun secours pour trouver la petite fille.

Tout à coup, il eut un indice, sonore pour être plus précis. Il entendit, un petit cri, enfin un hurlement de terreur. Ni une, ni deux pas plus que trois, quatre ou cinq, il sprinta vers la source présumée de l’appel. Ce qu’il vit le laissa de marbre, enfin il n’était pas aussi blanc, il était juste immobile. Anhiya, elle, était blanche. Elle fixait une araignée qui faisait sa taille. Une énorme bestiole à qui il manquait une patte.

A sa grande surprise, la petite fille devait avoir plus peur de sept-pattes que de lui, car Saega la vit courir vers lui et se cacher derrière ces jambes, jetant tout de même un coup d’œil furtif de temps en temps. Elle l’agrippait si fortement que le sang peinait à irriguer ces membres inférieurs.

« Coucou Kwai, qu’est ce que tu fais là ? »
« Rien de spécial, je me ballade. C’est si rare de pouvoir sortir de la tour, j’en profite un peu. »
« Ah, d’accord. Et Wnoc, il fait quoi lui ? Il se promène lui aussi ? »
« Non, il ne s’ennuie pas assez, il est resté là-haut. Je crois qu’il cherche ma huitième patte, rigola l’araignée. »
« Sinon, tu sais comment prouver que l’on un cœur ? changea de sujet Saega. »

Mort Acte II Scène 13
Saega

« Comment prouver que tu as un cœur ? Hé ! Hé ! Hé ! J’ai bien quelques idées, mais… »
« Vas-y dis-les ! C’est pas que j’ai en marre d’être ici, mais bon, je voudrais bien revivre un peu, même beaucoup. »
« Humf, fallait me laisser finir. J’aurais pu te le dire si t’avais pas été aussi impatient, bouda l’araignée. »
« Allez, s’il te plait, dis-le moi, supplia Saega. »
« Non, j’ai plus envie. Et puis, si tu pars qui jouera avec moi ? »

L’explorateur n’avait pas pensé à ça. Qu’allait devenir les gens qui mourraient ici ? Il n’y avait jamais vraiment réfléchi. Il n’avait jamais vraiment réfléchi à beaucoup de choses non plus.

« Bah, euh… il y a Wnoc, non ? »
« Ah ouais, c’est vrai, je l’avais oublié. »

Kwaï se mit à rigoler bêtement, tandis que Saega se mit à expirer de soulagement même s’il ne savait pourquoi précisément.

« Bon, d’accord, je veux bien te dire comment faire. »
« C’est vrai ? Vrai de chez vrai ? »
« Comment, je dois prendre cette réaction ? »
« Hein ? Quoi ? »
« Non, rien oublie, tu veux. »
« Oublier quoi ? »
« Aaaaaaaaaaah, au secours !!!! »

Même pour Kwaï qui était folle à lier et avait une araignée au plafond, suivre une conversation sans perdre la boule était au-delà de sa folie. Elle avait l’impression de sombrer dans la névrose totale. Le seul moyen de s’en sortir sans complètement perdre les pédales, c’était de répondre à Saega sans lui laisser le temps de réagir.

« Tu-peux-soit-te-percer-le-cœur-pour-vérifier-que-t’en-as-un-soit-je-peux-t’aider, débita d’un seul trait sans s’arrêter sept-pattes. »

Et, avant que le jeune homme ait pu comprendre et réagir, l’arachnide apporta l’aide qu’elle proposait. Elle fila vers Anhiya et la piqua à la base du cou avant de s’enfuir. Non sans avoir rajouté quelque chose avant de disparaître.

« Je-lui-ai-injecté-du-poison-mais-ça-la-tuera-pas-enfin-pas-tout-de-suite-alors-dépêche-toi-de-trouver-l’antidote. »

Il fallut à peine cinq secondes à l’explorateur pour comprendre l’urgence de la situation. Il ne savait pas combien de temps, il faudrait au poison pour tuer la petite fille, aussi n’en avait-il pas à perdre. Il n’avait aucune idée par où commencer. La fillette qui était toujours derrière lui agrippée à ses jambes pleurait et s’étreignait le cou. Comme il pouvait regretter d’avoir été séparé d’Hysturyl, le fulvéo aurait pu l’aider.

En pensant à son compagnon, il pensa à un moyen de soigner l’enfant. Il n’avait aucune idée de la façon de procéder, mais il ne risquait rien à essayer. La dernière fois, il n’y avait laissé que la vie et comme il n’en avait plus, il était tranquille de ce côté-là. Il devait à présent tenter de se rappeler de la façon dont il avait sauvé Anhiya lorsque Jovaris l’avait mortellement blessée. Cette fois là, le fulvéo était présent, plus maintenant. Cependant, il pouvait encore entendre ces paroles résonnées dans sa tête, même si Hysturyl n’avait pas prononcé un mot.

Il allongea la fillette sur le dos aussi délicatement que possible. Mais, il se rendit compte que mettre les mains sur sa blessure ne serait pas aisé. Il changea la position d’Anhiya et la fit s’asseoir et cala son dos contre ces jambes. Il essaya de se remémorer les gestes qu’il avait déjà effectué. Il posa ces mains sur la nuque glaciale de la fillette. Il se concentra le plus possible pour essayer de la guérir, de purger son corps du poison qu’il contenait, mais aucun résultat. Puis, il se mit à penser au fulvéo, à imaginer ce qu’il ferait s’il était, à imaginer qu’il se trouvait ici. Le simple fait de penser à Hysturyl sembla réchauffer la petite fille. Saega pouvait à présent voir un fil lumineux le relier au cou d’Anhiya. Il commença à extirper la toxine. Ces mains se refroidirent très rapidement, suivi par le reste de son organisme.

« Arrête immédiatement, hurla-t-on. »

L’ange fit irruption à ce moment là, moins de trois secondes après que Saega ait commencé à transférer le venin. Mais trop tard lui sembla-t-il. Le jeune homme en avait trop fait, il serait marqué à jamais. Ce dernier arborerait désormais une chevelure dépigmentée, blanche, conséquence de son exposition au cadeau de sept-pattes.

« Toi, tu es vraiment un cas. J’en ai vu des morts, mais tu es l’un des pires, soupira l’ange. Je ne pensais pas que tu irais jusque là pour me prouver que tu avais un cœur. J’aurais pu me contenter du fait que tu me fasses écouter ces battements. Mais bon, ce qui est fait est fait, on ne peut pas retourner en arrière. »
« Euh, alors ça veut dire que j’ai prouvé que j’avais un cœur ? demanda Immaculée-chevelure alias l’explorateur Saega. »

[MDJs, pouvez-vous répondre à la dernière question de Saega ? Si la réponse est affirmative donnez lui une autre quête pour qu'il tente de récupérer son étincelle de vie. Sinon, bah donnez-lui quand même une autre épreuve ^^]

Mort Acte II Scène 14
Saega

Le jeune homme était soulagé d’avoir réussi l’épreuve. Il allait enfin pouvoir quitter ce royaume et rejoindre celui qu’il n’aurait dû quitter. Malheureusement pour lui, l’ange avait d’autres plans. Encore un nouveau test se présentait à lui. Il devait trouver une nouvelle flamme en lui. Mais, il n’avait pas compris le passage sur le fait de la déclarer. Il avait réussi à déterminer qu’il devait déclarer la flamme, mais ça ne l’avançait pas.

Il se retrouva seul avec Anhiya, il la reconnaissait à présent. Il avait été surpris lorsque la fillette qu’il venait de guérir avait grandi à une vitesse phénoménale et se révélait être la même Anhiya que celle pour laquelle il avait sacrifié sa vie. Saega se balançait d’un pied sur l’autre ne sachant que faire. Il n’arrivait pas à lancer la discussion avec Anhiya, pourquoi il n’en avait pas la moindre idée.

« Que fais-tu là ? »

La rousse avait pris l’initiative. Elle avait été la première à prononcer une parole depuis la disparition de l’ange. Mais, la question de la jeune femme en soulevait d’autre chez Saega. Par exemple, comment pouvait-elle ne pas savoir ce qu’il faisait ici alors qu’elle y était pour quelque chose ? Il croyait avoir entendu, il ne se rappelait ni où ni quand, que ce que l’on voyait n’était pas forcément la réalité ici. Ce qui voulait dire que ce n’était pas la vraie Anhiya, mais quelqu’un (ou quelque chose) ayant la même apparence et la même personnalité. C’était donc elle, mais sans être totalement elle. Après, ça devenait trop complexe et trop tordu pour le jeune homme qui arrêta là le cours de ces pensées.

« Je suis mort, répondit-il simplement. J’essaie de revivre. »
« Pourquoi donc ? »
« Hein ? Pourquoi je suis mort, ou pourquoi je veux revivre ? »
« Aucun des deux, pourquoi as-tu risqué ta vie pour me soigner ? »
« Je ne sais pas vraiment. Peut être parce que je ne peux pas laisser quelqu’un que j’apprécie souffrir inutilement. »
« Hum, je vois. Mais, ne penses-tu pas que cette conduite est égoïste ? Que se passerait-il si tu mourrais ? … »
« Mais, je suis mort, interrompit Saega »
« Toujours aussi prompt à couper la parole aux gens, n’est-ce pas ? Et, non ne réponds pas, il s’agissait uniquement d’une question rhétorique n’attendant aucune réponse. Non, je voulais dire, est ce que tu crois que les gens pour lesquels tu es prêt à te sacrifier ne souffrent pas si tu meurs à cause d’eux ? Et là, tu peux répondre. »
« Comment ça ? Si j’arrive à les soigner, pourquoi auraient-ils encore mal ? »
« Je ne parlais pas d’une douleur physique, mais psychique, râla Anhiya. Sais-tu ce que tes compagnons peuvent ressentir au profond de leur âme si quelqu’un se sacrifie pour eux ? »

Saega n’avait pas compris le mot psychique, mais les paroles de la jeune femme le firent quand même réfléchir un peu. Il essaya de se rappeler la mort d’un être cher, de ce qu’il avait ressentit à ce moment-là. Sans savoir pourquoi, la tristesse l’avait envahi. Il comprenait un peu mieux à présent. Il devait coûte que coûte ressusciter, pour que ces amis ne souffrent pas trop de sa mort.

* Si seulement Hysturyl était là, il pourrait m’aider. *

« Je suis là Saega. Je suis toujours présent lorsque tu as besoin de mon aide. Tiens, salut Anhiya, lança la lueur verte à l’attention de la jeune femme. »
« Tu étais où avant ? »
« Pas très loin, répondit-il mystérieusement. »
« Bonsoir Hysturyl, ton séjour dans ce lieu se déroule à merveille ? »
« Mais, bien sûr ma chère. »
« Dis, Hysturyl, tu peux m’aider. »
« Dans ce cas, je vais vous laisser tous les deux. Vous devez avoir moult choses à vous conter. »
« Au revoir Anhiya. Et, pour l’aide, je t’apporterais celle que je peux Saega. Que dois-tu faire maintenant ? »
« J’ai compris que je devais trouver une nouvelle flamme en moi et la déclarer. »
« Bien, ça pourrait expliquer par mal de choses alors. Saega, je dois faire quelques préparations, alors assis-toi et reste immobile. »

La boule de lumière verte s’étendit jusqu’à emplir tout l’espace. En même temps, sa luminosité diminuait, jusqu’à seulement donné l’impression que l’air de la pièce était légèrement vert. Le jeune homme bougeait le moins possible, mais ces membres étaient ankylosés. Les préparatifs complets prirent plus d’une heure. Pendant ce temps, la fatigue accumulée par Saega se rappela à son bon souvenir et il sombra dans un sommeil profond.

Mort Acte II Scène 15
Saega

Saega se réveilla en pleine forme et à peine une fraction de seconde après s’être endormi lui sembla-t-il. Seulement, il ne reconnaissait absolument pas l’endroit où il était. Il s’agissait d’un lieu où seules des ombres l’habitaient. Pourtant, il y voyait comme en plein jour.

Mais, pour qu’il y ait des ombres, il fallait absolument une source. Et cette source devait être de la lumière ou quelque chose qui en produisait. Le jeune homme n’ayant aucune idée de ce qu’il faisait ici resta sans réaction assis à même le sol lui-même fait d’ombres.

*Tu ferais mieux de bouger d’ici.*

Une voix sortie de nulle part résonna fortement dans l’esprit de l’explorateur et dans le lieu sans limite. Saega se retourna pour tenter de voir qui pouvait bien s’adresser à lui, mais à part les ombres, il n’y avait personne excepté lui.

*C’est juste un conseil, mais si tu tiens à vivre, tu devrais le suivre.*

Encore cette voix profonde comme un puits sans fond. Elle entrait en résonnance avec tous les os du corps du jeune homme. La sensation n’était pas douloureuse, seulement étrange surtout lorsque l’on a l’habitude que les sons passent d’abord par les oreilles. Il se leva à contrecœur. Il scruta une nouvelle fois les environs avec plus d’attention, en vain. Pourtant, il lui semblait avoir aperçu quelque chose au loin, mais…

*Tu attends le Déluge ? Si c’est le cas, il ne devrait pas tarder.*

Juste au moment où il pensait avoir vu un truc, la voix était intervenue. Elle était drôle la voix, mais vers où devait-il diriger ces pas ? Franchement, tout se ressemblait dans cet endroit.

*Va où tu le désires, mais seulement il faut que tu te bouges, c’est tout, sinon…*

Saega était dubitatif (même s’il n’en connaissait pas le sens) et se demandait pourquoi il devait bouger d’ici. Il n’avait aucune raison de le faire. Surtout qu’il n’avait aucune idée d’où aller. Il ne désirait aucunement se mouvoir.

*Trop tard…*

Le sol se déforma, enfin les ombres qui le constituait se déliait et se déplaçait. Un espace béant se forma sous les pieds du jeune homme. Il resta interdit en suspens au dessus du vide avant de réaliser ce qui lui arrivait. Il tomba.

*Je t’avais prévenu pourtant, et ça ne fait que commencer.*

Il n’eut pas le temps de ressentir quoi que ce soit lors de la chute tellement elle était brève. Au contraire, l’atterrissage, lui fut pleinement ressenti par l’arrière-train de Saega. La douleur fulgura à travers chaque parcelle de son corps. Il avait l’impression qu’un éclair avait décidé de visiter son corps.

Se remettant de la douleur lentement, il se rendit compte que le décor avait sensiblement changé. Il y avait toujours des ombres à perte de vue, mais à présent il semblait y avoir des limites à cet espace. Il leva les yeux et vit que le trou par lequel il avait dû passer n’était plus là.

*Bon courage pour la suite.*

Alors que l’explorateur réfléchissait au sens de ces mots, son regard capta un infime mouvement parmi les ombres. Non loin de lui, il avait l’impression que des particules de ténèbres se rassemblaient. Il se mit debout et loucha pour vérifier la pertinence du phénomène. Pas de doute, il y avait bien quelque chose de louche. Il s’approcha pour vérifier.

« A ta place Saega, j’éviterais de faire ça tout de suite. »

L’avertissement fut suivi, surtout car la personne interpellée reconnu la voix. Il s’agissait d’Hysturyl. Le jeune homme recula, se retourna et chercha la lueur pâlotte émeraude annonciatrice de la présence du fulvéo.

« Ca ne sert à rien Saega, tu ne peux pas me voir ici. »
« Mais, pourquoi ? Pourtant tu es là, non ? »
« Oui, je suis présent, mais pas physiquement, uniquement mentalement. Sinon, je vois que tu l’as enfin trouvée. »
« Hein ?! J’ai trouvé quoi ? »
« Tu me demandes quoi ? Mais, tu ne le vois pas ? Ah, bah apparemment non. Bon, attend un peu et éloigne-toi. »
« Je m’éloigne où ? »
« Non, ne bouge pas, et attends. Tu comprendras ce que tu dois attendre lorsque tu le verras. »

Saega allait demander comment il allait reconnaître ce qu’il devait voir et attendre, mais une litanie s’éleva dans les airs et emplit la salle ténébreuse.

« Puisse les puissances de l’esprit montrer sous son vrai jour le fantasme issu de l’imaginaire.
Puisse les forces élémentaires se réunir et révéler aux yeux de tous leur véritable forme.
Puisse les ombres issues de l’ignorance, de l’incompréhension, de l’ineptie se regrouper au centre de ce maelström.
Puisse ce tourbillon d’énergie négative se matérialiser devant son possédé.
Ô toi la flamme de l’esprit de Sylphus Alris Ertmine Gyrion Arthus, déclare ta présence en prenant la forme qui te revient.
Je te somme de te révéler à l’instant devant nous. »

Hysturyl répéta cette formule à de nombreuses reprises. A chaque syllabe, mot, phrase, prononcé le nuage de particules s’épaississait. Sa forme devenait de plus en plus précise. Et surtout, une lueur grandissait au sein de cet amas. Finalement, après une dizaine de minutes qui semblait avoir duré dix fois plus longtemps, le fulvéo arrêta son incantation.

Devant Saega se tenait un élémentaire de feu mesurant deux fois sa taille. Le voir ainsi libéra l’esprit du jeune homme de l'emprise néfaste de ce qui constituait l'élémentaire. Il comprit immédiatement qu’il s’agissait de la flamme qui était en lui. Il sut instinctivement une autre chose, il allait devoir la faire sortir de son corps. Et, pour cela, il n’y avait qu’un moyen, la détruire.

Mort Acte II Scène 16
Saega

Le jeune homme faisait face à un humanoïde enflammé. Comme s’il avait compris ce qui se déroulait à l’intérieur de lui, le lieu se métamorphosa. Les ombres se meuvent rapidement à travers l’espace, tourbillonnant autour des deux adversaires s’observant attentivement. En un instant l’humain et l’élémentaire se retrouvèrent sur le sable d’une arène. Les gradins se peuplèrent progressivement d’ombres à l’aspect bipède pour assister au spectacle.

« Non, Saega, arrête ! Tu ne dois pas le tuer, lança la voix étonnamment affaiblie du fulvéo craignant que la dissipation des flammes n’ait un effet néfaste sur le garçon. »
« Pour quelle raison ferais-je cela ? demanda-t-il sans détourner son regard. »

Hysturyl venait de le sentir, il était déjà trop tard. Sa présence dans ce lieu n’était plus la bienvenue, et sa puissance actuelle ne lui permettait plus de rester ici. Il se sentit rejeté inexorablement. Il n’avait plus guère le choix que d’attendre à l’extérieur et de veiller sur le corps de Saega pendant qu’il dormait. Mais, qu’il gagne ou non son combat, son esprit serait à jamais changé, tourneboulé. Pour le meilleur, et certainement le pire.

Dans l’arène, l’explorateur sentait affluer en lui des sentiments qu’il connaissait mais qu’il n’avait pas éprouvé pour autant. Le plus intense d’être eux était la rage. Pas la rage de dent, ni celle que les chiens peuvent avoir, ni celle qui provient d’un sentiment de colère, il s’agissait de la rage du combat. Il sentait son sang bouillir à l’intérieur de son corps, et ce n’était pas dû à la proximité avec le brasier ambulant.

Dans un hurlement bestial, il bondit vers l’élémentaire avec la ferme intention de le vaincre à mains nues. Il le traversa de part en part tel un lion sautant à travers un cerceau enflammé. Mais, seulement en plus du fait que son adversaire n’avait subit aucun dommage, lui récolta une coloration de la peau. A présent, il pouvait se targuer d’avoir un hâle quasi-naturel. Si tant est que des parcelles de peau recouvertes de suie noire, peuvent être prises pour du bronzage évidemment.

La créature de feu ne montrait encore aucun signe d’agressivité. Elle donnait l’impression d’avoir un air hagard, perdu. Pour un peu, on aurait pu croire qu’il s’agissait de Saega avant qu’il ne s’endorme, en deux fois plus grand bien sûr et igné. Il ne faut pas forcément croire tout ce que l’on voit, il ne suffit pas seulement de le croire surtout lorsqu’il s’agit de la réalité.

Pour une raison précise connue de personne excepté de celle qui avait créé l’élémentaire, l’invocation se retrouvait posséder les qualités et principalement les défauts de l’explorateur. En réalité, lors de son arrivée dans le royaume de Nethfer, on avait introduit à son insu un organisme ayant pour but d’amoindrir les capacités mentales du jeune homme.

Mais, plusieurs événements avaient enrayé le processus. Tout d’abord, la fois où sa colère avait enflammé son sang, ceci donna une forme au parasite. Ensuite, l’apprentissage raté de la magie qui avait montré l’efficacité du sortilège, eut pour effet de nourrir l’élémentaire. Lors de son festin, il ne se contenta pas seulement d’absorber, mais il modifia aussi une partie de sa nourriture. Finalement, la tentative d’exorcisation d’Hysturyl fit apparaître l’entité flamboyante. L’apparition forcée libéra une partie de la nourriture ingurgitée par l’humanoïde. Et la nourriture n’était autre que les sentiments du gamin ainsi que d’autres choses telles ces facultés cognitives et autres capacités du même rang.

Ne se décourageant pas et profitant de l’immobilité de son opposant, il se baissa et balaya les jambes de son adversaire. Evidemment, le coup traversa les flammes. Le bas du pantalon prit feu. Saega se roula sur le sol pour éteindre le début d’incendie. Du coup, il comprit que le sable pourrait être un puissant allié.

Enfin après tant de passivité, la créature élémentaire se lança dans la bataille. Elle se dirigea rapidement sur son attaquant et se contenta simplement de l’envelopper de ces flammes. Saega esquiva quelques assauts restant sur la défensive, mais ne put éviter de récolter des brûlures heureusement légères.

Pendant le combat se déroulant dans l’esprit du jeune homme. Le fulvéo observait un étrange phénomène. Sur le corps du garçon endormi, des lacérations ardentes se formèrent aux endroits exacts où il se faisait toucher. Hysturyl condensa une partie de sa lueur verte et entreprit d’éteindre les brûlures et de calmer la douleur à venir.

L’affrontement continuait de plus belle. L’humain était désavantagé, mais il avait avec lui la rage de vaincre, et surtout l’ivresse du combat qui prenait possession de lui. N’ayant pas d’arc mais de toute façon arme inutile, il cristallisa une partie de son énergie sous la forme d’une flèche de pure énergie. Là où le matériel ne lui faisait rien, le spirituel le pourrait normalement.

Le projectile ne resterait pas une éternité. Aussi s’en servant comme d’une dague, Saega fonça sur son ennemi. Les mouvements de ce dernier étant assez basiques, il se retrouva à portée de frappe aisément. La pointe s’abattit sur le bras du géant du feu avant de disparaître. Un cri de douleur s’éleva tandis que ce qui devait être du sang (ou de la lave) gouttait sur le sable. Dans un grésillement, le tout se refroidit au contact du sol.

Enervé, le blessé lança une boule de feu qui percuta le jeune homme à la jambe et le fit chuter en arrière.

*Bon, bon, réfléchissons utilement et surtout très rapidement. Il ne semble pas aimer le sable, c’est déjà un bon point. Je dois juste trouver un moyen de l’utiliser. Aaaaah, j’adore trop me battre, c’est si agréable d’affronter une personne aussi puissante. Dommage que je doive abréger le combat sur je veux survivre, ou vivre, à moins que ce ne soit pour revivre. Rah, je m’en fiche, j’adore cette sensation. Concentre-toi, bordel ! Bon, s’il m’a touché avec sa boule de feu, ça signifie que les flammes qui ne sont pas en contact avec son corps ont une consistance. Soit, il a la capacité de se rendre matériel à volonté, soit il y a une partie de son corps qui maintient la cohésion de toutes ces flammes, à moins que…*

Il roula sur le côté pour éviter le coup de pied destiné à son visage. Pendant son esquive, il eut le temps de voir que ce qui passait pour être la plante des pieds de l’humanoïde était toute noire et que la coloration semblait progresser sur le reste du pied. Une gerbe de sable s’éleva et Saega en profita pour donner un coup de pied dedans. Les minuscules cristaux se collèrent sur la jambe de l’élémentaire. La surface touchée se refroidit rapidement et noircit. Profitant de la surprise, le jeune homme se releva en reculant.

Une boule enflammée passa tout près de son visage et sa joue se colora en noir. En faisant attention, il remarqua que l’autre combattant était un tantinet plus petit qu’au début du combat. Les sphères enflammées qu’il envoyait devaient être une partie de son corps. Mais, Saega n’avait aucune envie de faire durer l’affrontement jusqu’à ce que son adversaire rétrécisse à une taille convenable.

Saega fonçait vers l’autre combattant réfléchissant à une manière de le vaincre tout en le harcelant de coups n’ayant pas d’autre effet que de brûler sa peau. La chair était à présent à nue, le sang voyant une porte de sortie ne se privait pas.

Du côté du fulvéo, ce n’était pas rose non plus, mais plutôt rouge. Le corps inanimé montrait de nouvelles blessures. Hysturyl se demandait si l’endormi serait encore vivant lorsqu’il se réveillerait.

Dans l’arène, l’adrénaline l’empêchait de ressentir la douleur. Et un plan enfin au point, il le mit à exécution. Ces poings ensanglantés ferraient un bon support. Il les plongea dans le sable, les cristaux s’agglomérèrent avec le sang. Il donna un gauche dans une jambe. Enfin, il eut une réponse, le coup avait porté. La zone touchée se noircissait.

La riposte ne se fit pas attendre, un coup de poing géant s’abattit mais sa cible était déjà hors de portée. Saega en profita pour frappe le bras à nu. Une nouvelle tâche apparut.

Le duel continua plus de dix minutes sans qu’aucun des deux combattants ne prenne un avantage décisif. L’élémentaire perdait masse, et semblait avoir contracté une sorte de varicelle. Tandis que l’humain arborait d’autres brûlures que l’adrénaline ne suffisait plus à calmer.

Sentant ses forces l’abandonner, l’être de feu tenta le tout pour le tout. L’explorateur put le voir se contracter pour soudainement s’étendre rapidement jusqu’à exploser dans une gerbe enflammée. Des braises s’envolèrent dans les airs. D’abord fasciné par ce spectacle, Saega en comprit rapidement le danger. Il n’y avait pas d’échappatoire, la pluie s’abattrait sur toute la surface de l’arène. Seule chance de survie, le sable. Utilisant lui aussi ces dernières parcelles d’énergie, il gratta le sol. Il s’allongea essayant de faire le plus de sable sur lui. Il ferma les yeux attendant la chute inévitable.

Hysturyl put assister à un nouvel évènement inhabituel. Le sang du dormeur s’enflamma brusquement, et des flammes jaillirent de ces blessures. La lumière recula pour se mettre à l’abri. C’est cet instant que choisit Saega pour reprendre conscience.

Le changement de décor étant flagrant pour le jeune homme, mais il ne s’en souciait pas. D’une part, il se remémorait avec joie le combat qu’il n’avait pas perdu (ce n’est pas pour autant qu’il avait gagné). D’autre part, la nature reprenait ces droits et la douleur longtemps refoulée revint à la charge.

L’ange apparut à ce moment-là. Il regarda d’un air désapprobateur le brûlé. Il secoua la tête de dépit, dirigea son regard inquisiteur vers le fulvéo, puis revint vers Saega. D’un haussement d’épaule, une aura blanche l’enveloppa. Puis, elle entoura le jeune homme qui vit avec stupéfaction ces blessures se refermer et se résorber.

« Tsss, toujours aussi suicidaire. C’est pas comme ça tu arriveras à quitter cet endroit. Enfin, c’est surtout de cette manière que tu risques d’y revenir si toutefois tu arrives à le quitter. »
« Et alors, ça ne vous regarde pas comment je fais les choses.  »
« Evidemment, ce n’est pas la manière que l’on juge mais le résultat.  »
« Alors, j’ai réussi ou non ?  »

[MDJs, pouvez-vous me donner la réponse de l’ange. Quelque soit la réponse, pouvez vous donner une autre mission à Saega ? Et, cette mission, sera-t-elle la dernière, celle qui consistera à récupérer mon étincelle de vie ?
Au fait, je devais déclarer ma flamme. Mais, déclarer peut aussi signifier révéler ^^
Merci d’avance.]

Mort Acte II Scène 17
Saega

En entendant les paroles, Hysturyl se volatilisa. La lueur verte s'affaiblit puis disparu lentement en observant le jeune homme avec un air étrange. Il ne le sentait pas vraiment, il n'avait pas l'impression que Saega arriverait à revenir à la vie si facilement que ça finalement. Il sentait que l'ange était du genre difficile à satisfaire. Dès qu'il a une idée en tête, si on l'interprète de travers il n'hésite pas à te le faire savoir.

"Tu voulais me dire quelque chose tout à l'heure non ?"
- Ah bon, s'étonna l'explorateur, je ne savais pas. Je voulais te dire quoi tout à l'heure ?
- Justement, je ne le sais pas, c'est pour cette raison que je te le demande.

Le jeune homme réfléchit aux paroles conjuguées d'Anhiya et de l'ange, qui soit dit en passant n'était plus présent. La jeune femme s'attendait à ce qu'il lui dise quelque chose et l'absent voulait qu'il lui déclare sa flamme. Il n'avait aucune expérience de ce côté là, mais il savait ce que cela signifiait ; malheureusement.

Il n'avait encore jamais réfléchit plus en avant aux sentiments qu'il pourrait éventuellement éprouver envers la fille d'Idraya. Rien que de repenser à la grand-mage, il frissonna. Il n'en avait pas vraiment eu le temps avec tout ce qui était arrivé et surtout au rythme où tout cela s'était déroulé. Avant d'avoir eu le temps de dire ouf ou autre chose, il s'était à nouveau sur les terres de Nethfer. Mais bon, à présent, il l'avait le temps qui lui avait fait défaut, et ce n'était pas pour le rassurer.

Il devait maintenant réfléchir au fait de devoir si oui ou non il allait déclarer sa flamme à Anhiya. Sa survie, ou plutôt sa résurrection en dépendait. Pourtant, il ne pouvait pas se permettre de mentir à son amie. Il ne lui restait plus qu'à déterminer le degré d'amitié qu'il portait à la jeune femme.

Depuis le début, il avait été impressionné par la rousse. Grâce à elle, il avait pu s'enfuir, même si la méthode n'avait pas été orthodoxe, il lui en était reconnaissant. Elle avait une sorte de charisme qui faisait que les gens étaient impressionnés par sa prestance. Et même lui l'était. C'est aussi la première fois pour lui qu'il se trouvait en compagnie d'une personne de la gente féminine aussi longtemps. Il en avait bien sûr vu et rencontré à de multiples reprises, mais ces rencontres étaient brèves et il s'agissait surtout des femmes et filles du village dans lequel il habitait.

Il passa presque une demie-heure muré dans le silence, à la consternation d'Anhiya. Le jeune homme passa ce temps à réfléchir à ses sentiments envers la rousse. Seulement, la jeune femme n'étant pas un modèle de patience avait quitté la pièce après moins de cinq minutes de mutisme de Saega.

Après toutes ces réflexions, il avait finalement pris sa décision. Il était encore troublé, mais il n'avait pas le choix. A présent, il ne lui restait plus qu'à retrouver Anhiya. Bizarrement, il n'avait pas l'impression que la tâche serait compliquée.

Evidemment, il vit la jeune femme dès l'instant où il sortit de la salle. Elle n'était pas entrain de l'attendre, mais il se trouva que ces pas l'avaient mené dans la pièce où elle se reposait. Elle était assise dans un fauteuil à l'aspect confortable lisant un livre ancien traitant de magie.

Timidement, Saega s'approcha de la rousse. Il n'était plus qu'à un pas d'elle lorsqu'elle releva le nez de son bouquin.

- Oui ? Qu'y a-t-il ? Tiens Saega, tu as retrouvé ce que tu voulais me dire ?
- Bah oui. Je voulais seulement te dire que j'avais été ravi de te rencontrer. C'est tout. Je vais te laisser maintenant.
- Tu es sûr que tu ne tenais pas à me dire autre chose ?
- Oui. Je ne sais pas à quel point les deux mondes sont reliés, rajouta-t-il à mi-voix seulement pour lui. On m'a demandé de faire quelque chose, mais pour cela je devrais mentir.
- Et que devais-tu dire ou faire ?
- Euh... parvint à balbutier Saega tandis que son visage virait au rouge.
- Tu me le diras plus tard si le coeur t'en dis.

Sur ces mots, le teint de Saega reprenant sa couleur d'origine, Anhiya se replongea dans son ouvrage. Il ne lui restait plus qu'à attendre que l'ange ne vienne. Désirant être seul lorsqu'il viendrait, il sortit de la piéce pour se rendre dans la grande salle qu'il avait quitté précédemment. Seulement, il se trouvait pas à l'endroit espéré, il était dans un espace restreint. La décoration était totalement absente, mais elle aurait juré avec les murs en pierre. Enfin, sans avoir besoin de patienter plus longtemps, l'ange apparut.

- Désolé, mais je n'ai pas pu faire ce que vous vouliez que je fasse, dit Saega fataliste.

[MDJs, à vous de voir ce que vous voulez que je fasse. Vous pouvez faire parlez l'ange. Le plus logique, vu que je ne pense pas avoir réussi ma tâche serait que je doive rester ici ^^]

Mort Acte II Scène 18
Saega

Le jeune homme voulut partir mais il ne le put, son corps était comme paralysé. Pourtant, son esprit était toujours éveillé, ses yeux pouvaient encore fureter et il était encore capable de prononcer des sons. Mais, il ne voulait pas crier, il n'en voyaient pas l'intérêt ; de toute façon qui serait venu.

* De quoi il parle lorsqu'il voulait dire que je suis trop coincé pour ça ? Il voulait parler du fait que je n'ai pas pu déclaré ma flamme à Anhiya ? Probable, mais c'est stupide. Cela n'a rien à voir avec ça, c'est juste que je ne veux pas mentir, surtout à une personne que j'apprécie. Malheureusement, ça ne me dit pas comment je vais pouvoir me sortir de cette situation. De une, je suis immobilisé et de deux, je ne sais pas comment je vais faire pour récupérer mon étincelle de vie. *

Saega ne comprenait pas l'ange, mais il est vrai qu'il avait déjà échoué deux fois. A deux reprises, il avait été incapable d'accomplir la mission donnée par l'ange. Cela voulait-il dire qu'il ne pourrait plus revenir parmi les vivants ? Cette pensée l'attrista, mais très peu, il avait déjà eu la chance de revivre une fois. Il avait pu aller contre les lois de la nature une fois, ce qui faisait une fois de plus que la majorité des vivants et des morts. La mort fait partie de la vie, et cela il commençait à s'en apercevoir.

Il essaya à nouveau de se mouvoir, mais impossible. Pourtant, il avait eu l'impression que la résistance qui s'opposait à ces mouvements s'était affaiblie.

* Il me veut quoi ce messager, pour m'avoir immobilisé ? Il a dit être content, je ne sais pas si moi je dois l'être. Peut être qu'il s'agit encore d'une épreuve, une de plus. Cela voudrait-il dire que je suis coincé physiquement car je suis coincé psychiquement ? C'est absurde ! Et pourtant, cela doit être le cas. Dans ce cas, qu'est ce qui peut bien me bloquer ? *

L'explorateur explora les méandres de son cerveau afin de trouver la source de ce désagrément qu'il espérait passager. Il était immobile insensible aux crampes et à la fatigue qui l'assaillaient, trop profondément plongé dans ces pensées.

Finalement, il parvint à une conclusion qui ne le satisfaisait absolument pas. Ce qui le restreignait dans ces mouvements et mentalement n'était que son désir de revenir à la vie. Seulement, il ne comprenait pas, pour pouvoir bouger et peut être avoir une possibilité de revenir à la vie, il devait abandonner l'idée justement d'y revenir à la vie. C'était vraiment absurde. Pourtant, une pensée s'insinuait dans son esprit. Une pensée qui lui permettrait de se libérer.

Seulement, une chose le chagrinait avec ce raisonnement, il lui faudrait patienter un long moment avant de revoir ces amis si ces derniers se révélaient chanceux. Enfin, la notion de temps dans le royaume de Nethfer était relative et semblait dépendre des individus. Si lui aussi avait de la chance, peut être qu'il n'aurait pas l'impression d'avoir patienté si longtemps que ça.

Il hésitait encore, il y avait probablement un autre moyen. Mais, il ne le trouvait pas. Et, s'il restait ainsi, il ne pourrait pas de toute façon revenir parmi les vivants. Saega savait que la plupart des sensations telles la faim, la fatigue et la soif n'étaient dues qu'à son imagination, mais cela ne l'empêcherait pas de les ressentir au bout d'un moment s'il ne faisait rien.

Plus il pensait au moyen de se débloquer, plus les chances de toucher une autre alternative réduisaient. Alors, au lieu de chercher un autre moyen, il se mit à réfléchir au fait d'être mort ou de vivre dans le royaume de Nethfer. En quoi le fait d'être vivant était plus intéressant que celui de ne pas l'être.

Après quelques instants de réflexion, il avait enfin fait son choix. En fin de compte, demeurer dans le royaume des morts présentait de nombreux avantages. Tout d'abord, il ne risquait pas de mourir de vieillesse vu qu'il était déjà mort. De plus, il pourrait enfin remplir la tâche que le chef de son village lui avait confié lors qu'il était parti : explorer le monde. Évidemment, un problème se poserait, comment pourrait-il faire parvenir au chef son rapport ?

Comme si le fait d'avoir enfin pris sa décision l'avait libéré d'un poids, il put enfin se mouvoir. Il était enfin libre, mort mais libre. Ainsi continua le périple de Saega sur les terres du seigneur Nethfer.

Action suivante : Le royaume des morts - [Elvilia] Chez les morts...