Le camp rétif

n°28

De sa blessure à la lèvre, se déversait un sang au goût acre dans sa bouche. Sans cesse, ses yeux couraient sur les faces ravagées de ses adversaires, à la recherche d’une victime et dans l’esquive perpétuelle d’un éventuel agresseur. La mobilité, telle était son credo. Contrairement aux chevaliers lourdement armés de la cour du Roi, le jeune Dalw avait toujours eu à composer avec les moyens du bord, qui tenaient le plus souvent du Radeau de la Méduse que de la robuste galère de guerre. Aussi, s’accommodait-il parfaitement de son bon bouclier de bois, qui lui servait tantôt à parer un coup, tantôt à briser une épaule. Ses techniques de combat étaient peu orthodoxes, mais avaient le mérite d’être efficaces. Pour un bandit de grand chemin, le meilleur moyen de vaincre un brave sire restait bien souvent d’éviter de jouer trop haut et d’utiliser des techniques de luttes dites « indignes » qui pénétraient la chair des barons comme du beurre.

« Achevez les ! » hurla la voix du commandant rétifien. Les zombies n’étaient pas de farouches adversaires, ils composaient le gros des troupes ennemies, représentaient un danger surtout de par leur nombre et leur capacité à bloquer les hommes tandis que les créatures les plus contre natures émergeaient des gouffres abyssaux et faisaient usage de leur puissance. Néanmoins, isolés et en infériorité numérique face aux Fer-nés, ils faisaient pâle figure. Les fils du Nord avaient l’expérience, le nombre, le matériel et le terrain en leur faveur. La saveur d’une victoire ainsi acquise était certes réduite, le mérite moins grand, mais l’on pouvait ensuite se gargariser d’être de savants stratèges, ce qui rehaussait le tout.

Ne restait plus que cinq malheureux zombies, qui se défendaient comme si la défaite ne se faisait pas évidence, ainsi qu’une goule que le feu avait à moitié dévorée. Elle se démenait, donnant de larges coups de sa lame piquetée de rouille. Les hommes hésitaient à l’approcher. Elle paraissait bout de souffle mais le premier à engager les hostilités risquait d’y laisser un membre. « ABATTEZ LA ! » éructa Dalw à l’adresse des arbalétriers situés sur la façade sud. Trois cordes entamèrent une ode à la Mort en relâchant les mortels projectiles qui vinrent se ficher dans le monstre. La goule posa un genou au sol, comme si elle prenait soudainement conscience de son état de décrépitude, puis s’effondra tandis qu’un guerrier lui perçait le cœur de sa lame.

Les derniers sbires d’Agramand parurent trembler. Déjà les Fer-nés se positionnaient afin de les encercler totalement. Puis les deux derniers arbalétriers relâchèrent deux nouveaux carreaux…

[une goule en moins, 3 arbalétriers ont tiré, reste 2 qui viennent de le faire.]

Les arbalétriers n'avaient sans doute pas pensé nécessaire de se consulter et, emportés par les tirs de leurs trois frères d'armes, ne s'étaient pas faits attendre pour lâcher à leur tour une salve d'acie ; les deux traits atteignirent la même bête. Le premier transperça sa tête de part en part avant d'évacuer la cervelle en projetant des morceaux de chairs éclatés tandis que le second vint replacer la gorge déjé décharnée de la chose par un trou béant. La tête ainsi mutilés du cadavre abandonné par la magie qui l'animait se détacha du reste du corps, le cou ayant été réduit à un simulacre de lien entre les rotules et la mâchoire de la goule évincée.

Mais personne ne s'en rendit compte, car déjà on s'activait à parer les lances médiocres des lambeaux de la patrouille et faire mordre la poussière à ces insultes envers la nature. Les soldats furent farouches quoique d'une méthode rappelant qu'ils n'étaient pas de simple éphèbes nouvellement affectés. Des gardes, confortablement installés derrière leur bouclier, faisaient diversion et prenai les coups des quelques survivants tandis que leurs compagnons, sans crier gare, trancher lances et bras. Le spectacle dura un moment comme ça. On aurait pu croire que la charge aurait été sauvage et meurtrière pour les deux camps, mais il n'en fut rien. Les Rétifs, agglutinés autour de l'îlot perdu, semblaient prendre leur temps, s'appliquer avec prudence et méticulosité. On pouvait aussi penser que cette lutte lente permettait aux Nordiques d'observer les créatures, qu'ils n'avaient vu que dans les flammes de l'action. Une contemplation interdite avait pris les hommes, qui, tout en se rappelant à chaque nouveau coup porté à l'ennemi à quel point ces créatures étaient faiblardes, les considéraient en se remémorant les dégâts qu'elles avaient pu infligé à Roc-Rétif et les rumeurs qui avaient circulé sur elle.

Après encore quelques instants où la soldatesque s'amusa secrètement d la position des morts-vivants pris au piège, elle acheva sans ambages sa mission, tranchant de coups rapides et froids les chaires putrides, comme s'ils rendaient service à un mourant demandant qu'on en finisse. A la bataille suivit quelques secondes d'un silence sépulcral, puis les hommes se jetèrent de nouveaux des regards, un sourire triomphal aux lèvres. On acheva les derniers cadavres semblant encore chercher à combattre, malgré leur état risible, on se frappa amicalement l'épaule les uns les autres tout en promettant qu'on donnerait tout ce qu'on possédait pour une outre de vin et un peu d'eau pour nettoyer tabards et bottes de ce sang maudit et puant qui avait élu domicile pendant le combat.
Certains allèrent jeter un coup d'oeil aux gars tombés, secouant parfois la tête d'un air incrédule et sévère. Les retrouvailles entre tous ces combattants n'en était que plus fort.
Clane quant à lui réuni ses proches, échangeant quelques mots de la bataille avec Malrys et parlant à son neveu d'un revers qui lui semblait encore gauche ; il faudrait s'entraîner. Bien entendu, le coup d'épée avait été parfait, mais Clane n'allait pas commencer à flatter Dalw. Il ne fallait pas le gâter avec des flatteries de femme. L'orgueil, c'est comme ça.

n°29

« Ce soir, les corbeaux se repaîtront des chairs ennemies ! N’est pas encore venue l’heure pour eux de goûter aux Fer-nés ! » Hurla Dalw en levant haut son arme, dès la fin des hostilités. Un cri de victoire unanime lui répondit. Ce n’était pas tant qu’il avait la passion de ces discours, mais plutôt qu’il savait l’effet qu’ils avaient sur les hommes. Après cela, il serait considéré comme un « meneur », tout du moins spirituel. Tout ce qui pouvait lui rapporter de l’influence, et ce à moindre frais, était bon à prendre. Puis il échangea quelques mots avec son oncle tandis que certains emportaient les corps de leurs camarades, afin qu’ils ne grossissent par les rangs d’Agramand. Après cela, on rejoignit paisiblement le camp de base de la résistance humaine, louvoyant entre les demeures de la cité, tout en se laissant aller à la vanterie.

Les Malmaison n’étaient pas en reste, les quelques mises en difficulté qu’ils avaient connues étaient vite remplacées par des faits glorieux. Ils n’avaient de cesse de se gargariser de leur stratégie qui avait si bien fonctionné, tout cela en n’oubliant pas de citer de temps à autre le capitaine, de manière à ce que, mené par son ego, il prenne les trois hommes en amitié. Une fois la porte passée, on fit mander les guérisseurs qui ne tardèrent pas à faire disparaître les plaies et les morts furent bénis de manière à ce que jamais on ne les voie se relever pour s’en prendre à leurs anciens compagnons. Puis, bon prince, le commandant des Nordiques offrit quelques tonnelets de bière tandis que l’on faisait rôtir un sanglier dodu comme on les désirait. Déjà, les papilles s’émoustillaient de l’odeur que dégageait la graisse tandis qu’elle rôtissait sur les braises ardentes. Les chopes se vidaient et, peu à peu, Dalw ressenti le besoin hautement naturel d’en faire de même avec sa vessie.

Aussi, s’éloigna-t-il quelque peu des tentes et autres formes d’habitations pour trouver l’inspiration, inspiration coupée par la voix avinée de son oncle qui grommela « On n’attend plus les siens ? Neveu indigne, la prochaine tournée sera la tienne ! ». Puis, d’un air entendu, les deux hommes entreprirent de combler un petit fossé d’acide urique. Là, tout pris à la poésie du moment, ils eurent l’opportunité de voir ce que peu avait l’occasion d’admirer : des lutins. Une lente procession remontait en direction de la mairie, transportant ce qui ressemblait fort à un corps, tout enchevêtré dans des lianes et racines.

« Oncle Clane…c’est la boisson ou cette tête… » le vieux chevalier soupira puis répliqua « A croire que tous mes nièces et neveux aient décidé d’aller à la rencontre des ennuis. » Réajustant leurs chausses, ils rejoignirent rapidement le petit groupe, Malrys, qui s’était également trouvé un buisson touffu non loin, sur leurs talons.

« Hoola braves euh…gens ! » entamèrent les Malmaison. « Place, nous apportons l’agente d’Agramand ! Nous demandons audience auprès d’Ydraya ! » rétorqua un petit homme du tac au tac.

La troupe de lutins semblait sortir du fantasme de quelque barde tentant tant bien que mal de rendre sa geste aussi sanglantes que respectables vis-à-vis des quotas que tout barde épique se devait de respecter. Après le massacre d'une patrouille d'Agramand, le choc violent entre fils du Nord et fils de la Mort, le fer épousant le fer, la chair et le sang adverse, le combat entre le bien et le mal, apparaissait cette amusante interlude de lutins joyeux se dirigeant vers la cité d'Idraya. Lutins joyeux était un grand mot, car ils ne semblaient pas ouverts au dialogue, prêts à engloutir sous les facéties une bande d'humains assez malheureux pour être pris dans leur embuscade de bonbons et de mystifications prêtant au fou-rire le plus franc. Non, ils tenaient plus de petits hommes venus livrer un individu qui les avait terrifié, au vu de leurs traits figés dans la colère et l'inquiétude. Elle n'était pas belle à voir, la gentille délégation.

Tout ce tintamarre pour une de ces nièces... Elle était pourtant si jolie. Il se rappelait d'elle. Il avait sûrement du la porter sur ses genoux, à moins que c'en soit une autre. Il en avait vu tellement, des enfants, défiler. Mais celle-ci, il en était presque sûr, elle était des Malmaison. Malgré son visage mutin et innocent, aux traits doux et réguliers, dans son regard noir sourdait la rage que portaient tous les parents du vieux chevalier. La tignace d'un rouge de feu se mariait bien avec ses yeux de brais et ces expressions dures comme du charbon.

“Holà, holà, heu... seigneurs... gnomes ?”, engagea, dubitatif, Clane, ce qui ne plus pas à l'ambassadeur, qui s'affligea d'une grimace peu flatteuse. “Nous menons cette créature à Idraya, pour qu'elle le juge elle-même pour ses actes.”, et, n'attendant pas qu'on lui pose a question. “Elle va être jugée pour le meurtre de l'un des nôtres ainsi que pour l'abattage de bois sacrés !”
Les deux individus discutèrent un moment, et à force de gestes, de patience et de discours (sans oublier les Rétifs qui s'agglutinaient pour voir d'où venait l'origine du tapage, l'air mauvais). Les mensonges comme les flatteries aidant, Clane proposa ingénument une partie de dés. Selon la partie, il paierait un prix pour la fille en promettant de ne pas se montrer aussi doux qu'Idraya avec cette sauvageonne. Le lutin hésita un moment, partagé entre différents sentiments. Bah ! Il aura sa vengeance et on lui donnait de l'or pour ça, cela lui paraissait honnête. Les deux hommes se serrèrent la main en se jetant des regards carnassiers.

Clane, sûr de lui, se tourna vers le joueur le plus expérimenté qu'il n'avait jamais vu. Malrys accepta après quelques grognements, heureux de pouvoir voir comment jouaient ces “nains d'la forêt”, dixit le triste sire qui s'approchait déjà de la souche qui avait été désignée comme table de jeu. Son adversaire était un lutin encore plus petit que l'ambassadeur, mais il avait l'air plus joyeux que le restedu groupe, et ses yeux pétillaient d'une étrange façon. Les deux joueurs se toisèrent un instant puis le lutin parla.
“Le survivant amasse l'initiative.”, dit-il d'une voix docte.
“Hein quoi ?... Nan il n'est pas...”, jeta un Malrys décontenancé par cette règle normalement valable qu'en cas de nouvelle partie entre des joueurs identiques.
“Le soupirant vaut dignité de moribond par les règle de Keryan.”, continua sans discontinuer le lutin.
“Mais putain de...”Malrys se tourna vers Clane. “Je ne connais pas le Kjall en règle de Keryan...”
“Vous avez engagé la partie, c'est fini maintenant !”
Un tumulte commença, mais le lutin resta de marbre. Après quelques vives discussions, Clane accepta tout de même la proposition.
“Nous jouerons donc le Kjall par les règle de Keryan sur la loi d'Aguys en cuivre. Vous verrez, à part quelques exceptions, c'est un Kjall classique par les règles de Roc-Rétif sur la loi d'Eidde en argent.”
“...”
Et le jeu commença. En quelques instants les exceptions se révélèrent être des failles énormes où s'engouffra l'or de Clane, Dalw et Malrys. Après plusieurs alagarades et insultes, la troupe se calma, perdit pour trois cent pièces d'or et prit la nièce. Les lutins, satisfaits du petit trésor, s'en allèrent d'un pas joyeux – cette fois-ci – en direction de leur forêt.
“Que les Autres les emportent, ces fils de chienne.”, cracha Malrys. Il avait perdu pour cinquante pièces d'or, tout ce qu'il avait su prendre aux Rétifiens.

n°30

Que deux Rois emportent la Chope et relancent du Minerais des Monts paraissait déjà improbable, mais que cela implique la remise des Brigands pour le prix d’Epée rendait ces nouvelles règles totalement absconses pour Dalw. Ce dernier avait eu beau proposer tout son art en conseils divers, comme rétorquer la Fougue à la Passe Multiple, il n’était parvenu qu’à perdre cent vingt pièces, pour ainsi dire tout l’or qu’il avait réussi à emporter avec lui. Le jeune chevalier se retrouvait donc, contrairement à ses espérances, fauché comme les blés. Ne lui restait plus que deux piécettes, une pour chaque œil en pleurs. Puis, il parut se souvenir de comment et pourquoi la partie avait été engagée.

Il grogna « et ma chère cousine œuvre donc pour cette bonne vieille bique d’Agramand. Tu t’es transformée en lapereau de trois jours pour espérer une récompense de sa part ? »

A vrai dire, le lapereau tenait plus de la louve affamée, ou alors il s’agissait d’un lapin issu du laboratoire d’un mage de guerre particulièrement tordu décidé à se lancer dans les projets les plus improbables. Être Malmaison n’impliquait pas de longues leçons de danses afin de briller lors des bals, c’était avant tout une affaire d’honneur et de survie. La jeune Jenna avait été logée à la même enseigne que ses frères, si bien qu’elle avait fini par les supplanter dans bien des domaines, comme le maniement de l’épée ou la recherche des ennuis. Devant ce spectacle, Dalw devinait aisément qu’elle avait tenu à rappeler ses compétences dans ces domaines.

« Bougre de crétin, tu croyais peut-être que j’allais leur dire que j’étais venue me servir dans leurs Bosquets sacrés d’amis des plantes vertes ? Autant leur retirer toute envie de se chercher des ennuis.» Répondit celle que, malgré son air de jouvencelle, l’on voyait mal porter le surnom de « ma petite fleur de printemps » sitôt qu’elle ouvrait la bouche. Le chevalier se gratta le crâne. « N’empêche que tu nous as coûté la peau des gonades, et tu sais que j’ai oublié mon altruisme quelque part dans le Nord… »

Sans paraître lui prêter attention, la dénommée Jenna achevait de se débarrasser des liens qui l’entravaient. Les lutins lui avaient laissé ses biens, à savoir un bouclier de bois ainsi qu’une robuste épée toute tachée de sang, vraisemblablement elle avait négocié à sa manière avant d’utiliser les menaces. Puis, d’un air distrait, elle répondit « Ne fais pas ta donzelle effarouchée, j’aurais fait de même pour toi ! » L’espace d’un instant, Dalw se revit, balançant dans une cage, hurlant à l’aide, tandis que sa cousine quittait rapidement les lieux sur un coursier qui, un instant auparavant, appartenait à son cher parent. « Ho très bien je vois, bon considère que j’ai une petite dette envers vous, je t’aiderai à te tirer de quelques situations délicates puisque tu ne sembles pas à même de te débrouiller par toi-même. » Le jeune homme soupira, des fois mieux valait savoir accepter une demi récompense. Même si intérieurement il bouillait de se venger de cette teigne de Jenna.

« Ooooncle Clane ! » lança-t-elle sur un ton enjoué et un grand sourire qui, dans tout esprit de Malmaison, signifiaient « donc, cette dette de plusieurs centaines de pièces d’or, on l’oublie ? »


[A UN MDJ : merci de m'ajouter une troupe nommée : Jenna de Malmaison. Garde level 2. Retirer 120 pièces d'or à Dalw et 130 à Clane. Merci d'avance]

A: Fait

“Chère nièce...”, grommela sans l'entendre Clane, qui était repris par cette infâme migraine qui s'amusait à bourdonner dans sa cervelle. Les infusions de maître Llacius ne semblaient plus faire effet, et déjà il se retrouvait dans la confusion qu'il connut quelques heures plus tôt. Le démon fracassait sa tête, et la jeune fille se jeta dans ses bras. C'est un Clane dérouté qui l'accueillit en répondant “Ouais, ouais, ouais” à toutes les questions et suppliques enrobées dans les flatteries qu'elle déversait sur son gentil oncle.

“Comment allez-vous, mon oncle ?”
“Ouais.”
“Moi aussi ça va bien. Je viens juste de passer à deux doigts de la mort, mais sinon ça va. Oh et merci, hein.”
“Ouais.”
“Qui c'est, le basané ?”
“Ouais.”

La jeune Malmaison, abandonnant sa proie, se tournant vers Malrys, qui marmottait toujorus malédictions et insultes dans sa langue natale, un dialecte inintelligible, guttural et chantant à la fois, elle s'approcha d'une démarche féline, un sourire mi-enjoleur mi-entendu sur le visage. Malrys se retourna, la considéra un moment et, comme surpris, sourit de toutes ses dents, qui semblaient on ne peut plus blanches grâce à sa peau sombre. Ils semblèrent discuter un moment, la jeune fille le fixant d'une façon cajoleuse. Clane, s'il l'avait vu caresser une mèche des cheveux (pourtant courts !) du mercenaire, n'aurait en aucun cas été surpris. Les deux tourtereaux continuèrent leur manège un instant, sous le regad interdit d'un oncle qui trouvait qu'on montrait un peu trop d'affection à un sauveteur qui leur avait coûté plus de trois cent pièces d'or. Dieux ! Voilà qu'ils s'enchangaient des messes basses à l'oreille. Voilà qu'elle riait, la garce !

Clane faillit intervenir lorsqu'il aperçut, à mi-chemin, un étrange spectacle. La jeune Malmaison sembla abaisser ses doigts fins jusqu'au bas ventre de Malrys, frôlant presque la hanche de son vis-à-vis, qui semblait passer un bon moment. Elle baissa ensuite le regard et susurra autre chose avant de s'éloigner d'un pas preste en jetant une dernière oeillade gouailleuse déshabillant le mercenaire qui déjà semblait rougir de honte et de colère.
“Je pourrais remplir une grotte avec elle, enfoirée de ton père !”, s'écria Malrys, qui avait, semble-t-il, été blessé en plein dans sa fierté. Et il en fallait pourtant une sacrée dose pour se faire s'indigner Malrys. Clane le rejoignit et l'interrogea, mais ce dernier se contenta de grogner et d'aller rejoindre le reste de la compagnie.