[Salta] Premier mort

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Salta rôde autour de la porte de Sryam, ses yeux gilssent et sautent de visage en visage. Ses cheveux tirés en arrière creusent ses joues et aiguise son regard sauvage. Un rictus crispé dévoile une pointe blanche entre ses lèvres fines. Elle se coule entre les corps et les épaules en torsions de hanches, reptilienne. Des bêtes paissent, harnachées fraîchement, entre les hautes roues des carioles et les sacs de toile tendus et diformes. Les voyageurs s'agitent, s'interpellent autant par gestes que par voix. Elle les voit comme des danseurs hasardeux qui virevoltent, trottinent, se croisent sans régularité, à une cadence effrénée, renouvelée. Ils lui masquent la vue, sans cesse, elle se tord le cou comme une chouette et darde enfin ses prunelles sur une monture. Le nez dans les touffes grasses, les rênes sur l'encolure, paisible.

Pas de réflexion superflue. En trois coups de mollet elle est à son flanc, se hisse sur son dos, rassemble les rènes et talonne frénétiquement. La croupe s'abaisse une seconde, et d'une poussée paniquée le hongre s'élance vers l'avant. Il franchit la porte d'une foulée et s'envole vers la plaine bosselée que longe la route surchargée. Couchée dans la crinière qui lui fouette les joues, Salta fixe les bois droit entre les oreilles plaquées en arrière de sa monture. Des exclamations, et des bousculades dans son dos, couverts par le roulement des sabots qui frappent le sol. Salta tend l'oreille. Un cavalier la suit, un autre cheval galope à sa poursuite.

Salta fait forcer l'allure, mais le cavalier se rapproche. Une pointe d'anxiété vient rehausser le goût enivrant de son excitation. Une voix, hachée, lui parvient vaguement aux oreilles. Elle penche la tête de côté. " 'rrêtez-vous ! "
Elle se détourne et voit la lisière du bois soudainement bien trop proche. D'un geste vif, elle crochette sur la droite pour la longer. Mauvais calcul. Le cavalier la suivait en décalé. Il gagne deux longueurs et hurle des invectives violentes. Pas le choix. Salta fixe de côté les troncs peu espacés. Au premier buisson un peu plus large, elle jette sa monture par dessus et lui relâche les rènes. Tu sais mieux que moi ce que tu as à faire là dedans. Elle resserre les jambes et se fond un peu plus dans chacun de ses mouvements.

Des bonds et des écarts qui manquent de la désarçonner, des branches serrées et épaissent lui raclent la peau du dos, lui griffent le visage. Pressée contre le hongre, Salta se focalise sur les ondulations de ses muscles, pour s'y accoler plus encore et s'éviter la chute. La vitesse a considérablement diminué, et son coeur s'emballe à nouveau. Il est toujours derrière. Elle gronde de fureur, et rassemble à nouveau les rènes, jetant des coups d'oeil de droite et de gauche avec frénésie. Son cheval ralentit, saute un rocher avec maladresse, trébuche à la réception, se redresse en titubant, sans parvenir à se rétablir correctement. Incapable de l'aider, Salta se redresse et le bras puissant d'un chêne la happe au passage, la couchant sur la croupe.

Une main hargneuse retient son amorce de mouvement pour se redresser : tirée en arrière par les cheveux, elle retombe lourdement sur le dos et glisse de côté. Elle se rattrape en catastrophe à la tête du cheval de son poursuivant, sent ses pied quitter les flancs de sa propre bête et retient un étrangelement de panique. Elle se laisse tomber en saissant sa lame. Elle la brandit alors qu'elle roule dans les feuilles et la mousse, puis se redresse en désordre et se jette en avant. L'homme a sauté à bas et se retourne. Il n'a le temps de piper mot que le coutelas lui a ouvert la gorge.

Salta bondit en arrière en hoquetant. Un jet de sang l'a aspergée du nombril aux sourcils, et tandis que le moribond s'effondre en gargouillant, elle régurgite convulsivement tout ce que ses tripes peuvent rendre. Elle tombe à genoux en haletant. Le gloutonnement du sang que la gorge ouverte vomit à chaque pulsation ralentit. Sans lui jeter un regard, les membres tremblants et vidée de toute force physique, Salta saute de côté et se rue à la poursuite des deux bestiaux en fuite. Elle chute, trébuche, se rattrape aux branches et aux troncs. Sa lame toujours entre les doigts, le sang lui dégoulinant sur le coude, s'essuyant le visage du dos de la main, elle pourchasse comme une furie un objectif unique, le seul, qui la détourne de l'image atroce et de sa valse de bruits. Elle aperçoit très vite la croupe du cheval du mort. C'est l'plus rapide. Elle s'en contente, frissonnante, et commence à fouiller la petite besace flanquée sous la selle. Des vêtements propres. Bien. Une gourde. Mieux. Elle retire sa chemise, en saisit un coin propre, l'humidifie, et se frotte le visage. Elle se débarrasse ainsi des traces rougeâtres sur ses mains et son bras, avant d'enfiler la chemise de rechange du mort. Elle se dégage de son large jupon, le jette dans un buisson avec sa propre chemise, saisit les rènes de la bête, et, à vue de nez, repart sur ses pas, en diagonale, pour rejoindre la lisière et rallier Hek'Adir.

Piteuse petite fille. Elle marche avec lenteur, digère par à-coups, grince des dents, retient des larmes et des tremblements. Elle se durcit, au plus elle s'éloigne. Mort, oui. N'y pense plus. Elle crache, puis s'abîme dans la marche silencieuse et morose, la tête vide et le ventre faible.

[Bon donc y semble que c'est normal qu'mon post soit disparu... Seulement pour le moment, pas la foi de le réécrire, alors j'fais un rapide résumé : j'ai payé un repas à l'auberge, mais j'ai sauté par la fenêtre pour éviter de payer la chambre. 'Faudrait me retirer le prix d'la soupasse siouplait !
Ah vi, est-ce que ça dérange si j'compte comme si il existait mon post disparu ? Ou bien j'dois faire comme si l'avait pas existé et prendre son numéro pour le présent-post ? ... 'pas très clair hein, mais j'ai un peu la tête à l'envers, milexcuzz]

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