[Glorac] Veni, Vedi, s'Vétit.

[HRP : action précédente dans "Tristerive", cf "L'auberge du repos éternel".]

Post N°6
<Glorac>

Apres avoir tourné en rond dans le bourg pendant une bonne heure, Glorac remarqua une maison avec des rideaux qu'il trouva... particuliers : bariolés de couleurs diverses, variées et douteuses, des pompoms, des grelots, des broderies viellotes cotoyant des impressions tribales. Bref, hideux en somme.
Il avait aussi remarqué un certain émoi chez les villageois. Des gardes avaient porté deux corps inanimés à l'hotel de police. Le barde ne s'en formalisait pas, des brigands sans doute ou un accident. Puis, les uniformes avaient le don de le maintenir à distance.

Il frappa à la porte de la chaumière aux rideaux... originaux.
- 'Voulez quoi ? Si c'est pour les impots foutez l'camp, si y c'est passé qu'elque chose, c'est pas moi et si c'est aucune des deux solutions précédentes, foutez moi l'camp ! grinça une voix qui avait du, il y a des siècles, être féminine.
- C'est bien vous la couturière ?
La porte s'ouvrit en tentant d'imiter la voix de sa propriétaire.
- C'est bien vous Lyen ? demanda Glorac, prenant pour la peine un visage d'ange.
- Wep gamin. Et si tu veux quelques pièces, tu t'es planté d'porte.
- Mais qu'est ce que vous avez, tous, à me prendre pour un mendiant ? Je viens acheter des vêtements.
- Entre.
La maison était dans un état déplorable. Pas qu'elle fut délabrée ou mal rangée hein, juste qu'elle était décorée avec tant de mauvais gout qu'elle paraissait irréelle. On finissait par ce dire qu'elle aurait eu meilleure allure si elle avait été en ruine.
- Poète ?... demanda la vielle, commençant à déballer de grands chapeaux violets avec des plumes gigantesques, des chemises en soie de couleurs vives tintant et croulant de grelots.
- Eeeeeeeuh... Trouvère. Troubadour. Enfin, barde quoi, avec de la vraie poésie...
- Je vois...
Lyen laissa tomber ce qu'elle venait de déballer et prit la direction d'un escalier, conduisant apparament à une cave.

Glorac la suivit, c'était effectivement une cave. Décorée cette fois avec énormément de gout, simplement, sobrement : un tableau poètique par ci, un bouquet par là, une tapisserie pastel. On se serait cru ailleur que dans la maison aux rideaux... étranges. Et partout dans la pièce, bien rangés sur des cintres, des vêtements pratiques, sobres dans leur couleur et leur coupe. Tout un pan de mur était couvert d'instruments de musique, et pas un seul chapeau, avec ou sans plume, dans cette pièce. Le barde n'en croyait pas ses yeux.
- Alors, jeunnot, t'faut quoi ?
- Eeeeeeeeuh... dit Glorac avec beaucoup de conviction.
- Mmmh je vois, j'vais t'aider.
La vieille le jaugea du regard, puis commença à déballer quelques affaires. Le troubadour les essayait dans une petite pièce adjacente, jamais vraiment convaincu. Au bout d'une heure d'essais, il trouva enfin son bonheur : Une chemise pourpre, un pantalon de cuir noir et des bottes lacées de cuir noir aussi.
- J'suis assez à l'aise là dedans pour mes acrobaties et ces vêtements... sont beaux, dit-il émerveillé.
- Contente qu'ils te plaisent. Et parce qu'enfin, apres des années à vivre ici et à voir défiler ces paons avec un dictionnaire à la place du coeur, et aussi riches que sans gout, j'toffre ceci.
Elle lui attacha, comme ceinture, une écharppe jaune orangée et lui mit dans les mains un pipeau en roseau.

Preuve de l'émoi du barde, ce dernier demanda :
- Je vous doit combien ?
- Cent soixante quinze pièces d'or. A ce prix c'est donné.
Bougonnant, pour la forme, Glorac lui tendit les pièces. Puis il glissa sa flute à sa nouvelle ceinture, lui fit le baise main et s'en fut à son auberge.

[HRP : action suivante dans "Tristerive", cf les "L'auberge du repos éternel".]