Départ imminent

<Seness>
Post N°13

Action précédente : Port Pergas, le quartier marchand, Derniers préparatifs

Les quais étaient bondés, semblant à Seness comme une fourmilière grouillant d’activité avec ses travailleurs infatigables, ces marins qui déchargeaient et chargeaient sans cesse les cargaisons des navires à quais, ses soldats, gardes observant d’un air suspicieux la foule bigarrée, vérifiant que rien n’était en mesure de troubler l’ordre public, et ses profiteurs, jeunes, ou moins jeunes, personnes souvent vêtues de haillons qui, discrètement mais pas assez pour échapper aux yeux attentifs du jeune homme, plongeaient leurs mains dans des caisses pour en retirer les moyens de leur subsistance.

Marchant nonchalamment au milieu de cette foule, prenant particulièrement garde à ne pas se faire voler, Seness se remémorait, interdit, ce que lui avait confié le marin. Il lui fallait prendre garde en ce lieu… mais pourquoi donc alors que les gardes semblaient si bien remplir leur office… La réponse lui vint en la personne d’un jeune bourgeois, sans doute, de par sa tenue et son apparence efféminée, peu habitué à ce genre de lieux. Il beuglait des « Au voleur ! » à l’intention des gardes qui, impassibles voire légèrement moqueurs, s’avançaient vers lui.

S’approchant, Seness put mieux comprendre les dangers de cet endroit. Les voyous avaient leurré ce jeune bourgeois par une alléchante offre, et, tenté, ce dernier avait fait l’erreur de les suivre dans les ruelles sordides entourant l’endroit. En un tournemain, c’en était fait de sa bourse et autres objets de valeur qu’il portait, et s’il n’avait pas eu la riche idée de ne pas trop résister, c’en aurait aussi été fini de sa vie. Les voleurs quant à eux ne seraient probablement jamais retrouvés et recommenceraient leurs œuvres, espérant tomber de nouveau sur un benêt de ce genre.

Ce fut sans doute ce qu’ils crurent en voyant Seness puisque peu de temps après cet incident, l’adolescent repéra un gamin s’approchant discrètement de lui, espérant sans doute lui faucher sa bourse. Continuant sa route en feignant de ne rien avoir vu, le jeune homme attendit que la main de l’enfant soit prête à arracher sa bourse pour lui jouer un tour à sa façon. Alors que la main juvénile allait accomplir son œuvre, celle de l’assassin jaillit avec force vitesse pour enserrer le poignet du voleur, qui comprit instantanément qu’il était fait. Alors que le gamin tentait de fuir et que quelques marins regardaient, amusés, ce spectacle pitoyable, Seness prononça ses quelques mots, audibles et destinées uniquement par et pour le gosse des rues :

Tu as de la chance que je sois de bonne humeur et qu’il y ait tant de monde, sinon ma dague aurait trouvé un écrin de chair cette matinée…

Il n’avait bien sur pas dit ça pour rien, ou par pure méchanceté… le but était de faire peur à ce gamin et que lui et ses compères comprennent que s’attaquer à lui dans une ruelle sombre serait une triste idée pour eux… Après avoir inspecté le gamin à la recherche d’un quelconque bien pour compenser le préjudice moral qu’il avait subi, sans succès bien évidemment, Seness se décida à le relâcher, sous les soupirs déçus des marins qui se dispersaient, eux qui espéraient sans doute un bain de sang puis l’intervention des gardes, histoire de pimenter leur morne journée.

Légèrement fatigué par la nuit blanche qu’il venait de passer et les courses qu’il avait fait, Seness se prit à espérer trouver un bateau rapidement dans lequel il pourrait au moins s’assoupir afin de récupérer un peu. Son regard se perdit vers les quelques bateaux ornant le ponton. Il se décida enfin à approcher auprès d’un des bateaux et à adresser la parole à un homme supervisant le déchargement des marchandises, sans doute le capitaine sinon un des officiers du bord :

Excuser moi monsieur, je cherche un bateau pouvant m’emmener sur l’île de Djel’fa, moyennant compensation bien évidemment, pourriez vous me renseigner ?

Désolé petit, mais ce navire va aller tout droit en Amresia, sans faire d’escale… Peut être que celui de Morgas pourra t’emmener là où tu veux, je sais pas, mais ça vaut le coup pour toi de demander, c’est le navire avec la voile verte, tu ne peux pas le rater.

Merci beaucoup…

S’éloignant, Seness partit à la recherche du navire mentionné, le trouvant sans peine. Il mouillait de l’autre côté des quais et le manque d’activité sur son pont convainquit celui ci de ne pas s’inquiéter pour ce qui était de son départ immédiat. Se fondant dans la masse afin de ne pas trop attirer l’attention, il atteint après quelques minutes le navire aux voiles vertes, même si de plus près elles semblaient plus gris-vert que d’une autre couleur. S’addressant à un homme sur le pont, Seness s’écria :

Excusez moi, je cherche à aller sur l’île de Djel’fa, est-ce que votre bateau pourrait m’y conduire ?

Se retournant, le marin cria d’une voix crèche :

Eh, capitaine, il y a un gosse oreilles pointues qui voudrait aller en Djel’fa…

Tiquant légèrement à la mention de ses oreilles dénotant clairement sa nature bâtarde, il entendit néanmoins la réponse du capitaine malgré les grincements de la coque du navire.

Il a de quoi payer ?

Avant même que le marin ne puisse relayer la question, Seness avait tiré sa bourse de sa poche et l’avait montrée en évidence.

On dirait bien que oui…

Fais le monter… et payer... sans traîner, on part sous peu.

Seness emprunta la passerelle qui menait au pont u navire, accueilli par le marin qui lui tendit la main, disant d’un ton neutre :

Ca fait vingt pièces d’or petit… tu peux rester où tu veux sur le pont tant que tu gènes personne…

L’adolescent sortit les pièces de sa besace puis se rangea dans un coin à première vue éloigné de tout élément de navigation, cordage et autre. S’allongeant à même le bois, il s’assoupit et n’entendit pas le navire partir, une vingtaine de minutes plus tard…

Action suivante : Hek'Adir, Port, Arrivée à Hek'Adir, une nouvelle solitude...

[Me retirer 20 po s’il vous please °°]
Erg : Fait