Au coeur de Roc-Rétif

[Aux portes de Roc-Rétif]
L'arrivée n'ayant pas été présumée, elle avait ému toute la famille qui vivait ici, c'est-à-dire le frère de Marta, la mère de notre récit, les enfants de ce dernier, qui étaient au nombre de cinq, une tante ainsi que l'épouse du frère. Les retrouvailles furent accompagnées de moult épanchements. Les paysans étaient souvent heuruex de se rencontrer de nouveau après quelques années d'absence, nota Clane, qui restait en retrait le temps des effusions. Puis on le présenta.

“Voilà Messire Clane de Malmaison, c'eut l'homme qui a sauvoyé Mattan, Eulalie et Gilna. Ys nous avoit mené céans, au péril de sa vie.”
On félicita le chevalier et on lui fit fête durant quelques instants, puis le frère demanda à Marta en quoi Messer Clane les avait sauvé. La mère prit un instant, puis expliqua d'une voix monocorde que leur chaumière avait brûlé, et qu'il faudrait des mois avant de pouvoir rebâtir leur maison. Un ange passa. On plaignit grandement la malheureuse famille, mais personne ne pleura ni ne geignit. “C'est la volonté des dieux”, déclara, placide, le frère de Marta, qui à présent fixer ses pieds avec insistance.
Les nordiques semblaient avoir un caractère fait pour bien encaisser les tragédies, ce qui a été renforcé par leur fatalisme naturel.

Sur ce, on prépara des lits de fortune pour la famille puis on mangea une soupe un peu clairette. Ensuite, on alla se coucher.
“Messire, prenez donc not' chambre, c'serait pas juste que vous dormions mal pour cause qu'on vous traite mal ! Prenez, messire, prenez !”, lui proposa le frère de Marta, dont le nom était Orik. Clane, qui se savait d'un rang plus haut que les vavasseurs qui l'accueillaient, n'eut pas le coeur à refuser, et alla s'endormir dans le lit douillet de ses hôtes sans autre forme de procès, d'un sommeil lourd et serein, le sommeil d'un homme qui a l'impression d'avoir fait ce qu'il avait à faire.

[L'occupation nous garde de l'oisiveté]

[Le commerce nous garde de la guerre]

Clane arriva tout juste pour le déjeuner. Les deux maris, qui étaient à la mine, mangeaient dans les quartiers de la Corporation, entre mineurs. C'était l'un des rares métiers qui empêchaient les hommes de manger en famille. Ainsi Clane, comme toujours, était le seul homme fait de la tablée, entourées par des mères, des pucelles et des garçons. Il régalait, encore et toujours, la petite famille de l'un de ses hauts faits d'armes. Oh si, vous savez, le genre de fait d'armes vieux de dix ans et amplifié un peu plus chaque semaine où on raconte l'histoire.

“Le baron mort-vivant me fixait de son regard diabolique. Par les dieux, il y luisait des enfers dans ce regard ! Ainsi, posant ses prunelles rougeoyante de haine et de mépris, il saisit un innocent villageois et posa sur son coup son épée noire. Abandonne, Clane de Malmaison !, me cria-t-il. Jamais !, lui répondis-je. Un combat s'ensuivit. Nous lançâmes nos chevaux à toute vitesse l'un sur l'autre, et le choc fut si fort que nos deux lances se brisèrent sur l'écu de l'autre. En un éclair, nous eûmes défouraillé, parant et lançant les bottes que nos ancêtres se transmettaient depuis des siècles. Mais le baron avait la force inépuisable de l'au-delà, et, au bout d'une heure ou deux de ce balais endiablé, je fatiguai.
Alors qu'il m'assenait un coup qui aurait mis fin à mon existence, les dieux me firent disparaître un instant. J'étais comme un fantôme, le temps de quelques secondes. Profitant de la grâce divine, je contournai le chevalier et le saisit au col. Ce dernier, surpris, lâcha son épée. Nous étions de nouveau à armes égales, prêts à nous lancer dans une lutte à mains nues acharnées.
Mais je ne sais ce qui lui arriva, il prit peur lorsque je criai fièrement “Malmaison”, le cri de guerre de ma famille. Tentant de prendre la fuite, je lui saisis le bras que je lui tordis sans ménagement, le plaquant ainsi à terre. Le démon sanglotait à présent, la terreur transpirait de ses yeux phosphoriques.
Ahah ! Coquin, tu révèles ta vraie nature, lui dis-je, fier d'une si belle prise.
Par pitié, sire Clane, je n'importunerai plus jamais ta famille. Prends mon bouclier, prends mes armes et mes couleurs, comme tu as déjà pris mon honneur. Plus jamais les démons ne t'importuneront, car tu seras vêtu comme eux, mais les combattras.
Généreux dans la victoire, j'acceptai son offre, et plus jamais nous ne revîmes l'infâme baron.”

L'assemblée applaudissait, un peu crédule et surtout amusée par l'anecdote que les Malmaison se racontaient de père en fils. C'était la légende qui entourait les armes de Malmaison, que l'on disaient démoniaques. On continua à manger tandis que les enfants posaient des questions à Clane, puis ce dernier se retira ; la plus gentille fut "Qu'est devenue la villageoise que le baron avait pris en otage, messire Clane ?", et Clane de répondre d'un air enjoué : "Ahah, mais elle est morte après qu'il lui a tranché la gorge, ma petite.". Une fois dans celle-ci, il sortit de son sac nouvellement acquis les ingrédients servant à la décoction de la poix inflammable. Cloîtré pendant plusieurs heures, il maniait avec nervosité les différents matériaux, malaxant, broyant, mélangeant sans arrêt. Une fois les fioles vidées, remplies, vidées et remplies, il sortit enfin, doté à présent de cinq fioles pleines de poix.

[Retirer :
5 fioles d'huile de feu
5 petits cuirs
10 os à moëlle
5 petits sacs de charbon en poudre

Ajouter :
5 fioles de poix inflammable
Merci d'avance !]
[LL : Jte met ça]

Il passa le restant de la journée avec la petite famille, puis dormit une dernière fois chez eux. Il s'était décidé à partir vers Hautesylve, où sévissaient les hordes d'Agramand. Il y aurait sûrement, se disait-il, de l'or et de la gloire à aller faucher. Aussi passa-t-il une bonne nuit dans un lit confortable puis, après avoir pris un petit déjeuner puis partit pour le marché, où il acheta quelques morceaux de bois ainsi que des fils. Il revint à la maison, puis prépara quatre collets. Ceci fait, il prépara son barda et partit pour de bon, souhaitant une bonne vie à la famille et promettant de revenir squatter un jour ou l'autre.

Par un heureux hasard, il tomba sur Malrys.
“Hé baltringue”, le salua sobrement ce dernier.
“Hé, Malrys. Le bonjour. Où pars-tu ?”, demanda Clane, qui se demandait ce que transportait l'ancien soldat de Rétif.
“Je pars pour Hautesylve. Les affaires y sont bonnes, en ce moment. C'est la guerre, et toute guerre demande des mercenaires.”
“Oui. Tu as raison. Je pars moi aussi là bas, afin de combattre de toutes mes forces les créatures maléfiques de la tanière sortie de leur royaume des ombres afin de rétablir la justice et l'équité, éperonant fièrement ma monture vers les batailles sanglantes de...”
“Ouais ouais, c'est ça, bonjour chez toi.”, l'interrompit Malrys qui fit une halte devant un bordel.
“Eh bien, nous nous reverrons à Hautesylve, alors. Aux dieux et au revoir.”
“Ouais, allez, plucepluce.”, le salua une nouvelle fois Malrys.

Et sur ces entrefaits, Clane partit à cheval vers de nouveaux horizons. D'abord, bien entendu, il dut passer la foule qui affluait dans la ville. Les ruelles étaient petites et bondées. Bien que certains paysans étaient repartis, d'autres arrivaient, vendant, eux, leur récolte à des habituels et n'ayant pas à marchander pendant des jours. Il arriva enfin aux portes de Roc-Rétif, soulagé de ne pas avoir écrasé de bambin. Une fois sortit, il descendit prudemment la côte qui reliait le monde à la cité du nord, puis galopa gaiement vers Hautesylve.

[Dans les plaines de Norgod]
[Retirer :
28 po. (= 8 petits morceaux de bois 2 bout de fil à douze liens)
Ajouter :
4 collets.
Merci !]
[LL : Je te fais ça. La prochaine fois, rajoute 10% du prix total. C'est la marge des marchands ^^.]